Parmi les sujets chauds
aujourd’hui qui ne laissent aucun africain indifférent, il y a la dot, ce qu’il
faut payer pour obtenir la main d’une fille. Adulée par certains, elle est tout
simplement vue par d’autres comme une persistance d’une pratique d’un autre
âge. Notre propos n’est pas de prendre position mais de présenter ce qu’elle a
pu être à l’origine dans la tradition des mongos du sud du Tchad.
Nous partirons d’une critique récurrente. La dot est
considérée par beaucoup comme la vente d’une fille. Il est bien vrai que des
abus ont été commis, surtout ces derniers temps dans ce domaine mais est-ce l’esprit
de la dot ?
A l’origine, la dot avait pour but de sceller une
alliance entre deux familles dans la société mongo. Le mariage n’était pas
uniquement une affaire de deux personnes mais avait une signification beaucoup
plus politique. La dot avait aussi pour but de compenser la famille qui se
séparait de sa fille et laissait ainsi un manque sur le plan du travail
domestique (le mariage était toujours exogamique). Elle était d’ordre beaucoup
plus symbolique que de valeur marchande comme aujourd’hui cela tend à le
devenir.
Si la femme épousée allait dans le village de son mari,
elle n’appartient pas à ce village. Elle reste attachée à sa terre. A sa mort,
elle sera sinon ramenée dans son village pour être enterrée, du moins, dans le
pire de cas, être enterrée sur une terre étrangère mais par ses frères et ses
cousins. La famille du mari de la défunte ne l’enterre pas. Par la dot, elle n’a
pas acheté la femme. Elle a tout simplement conclu une alliance. Toute sa vie d’ailleurs,
la femme garde son autonomie et si le ménage ne tient pas, elle regagnera son
village. Ce ne sera pas ses parents qui rembourseront la dot. L’ancien mari ne
pourra récupérer sa dot que si la femme se remarie.
Pour montrer que la femme n’est pas une marchandise, dans
la culture mongo, la dot n’est complètement payée qu’à l’enterrement. Il y a d’ailleurs
tout un rituel pour l’enterrement des femmes.
Tout d’abord, il y a une certaine somme symbolique que
doit payer la famille du mari avant que la femme ne soit mise en terre.
Ensuite, il y a un fait très étonnant pour une société aussi macho que celle
des mongos et que beaucoup ignorent. C’est clair pour tout le monde que c’est
une société patriarcale et qu’officiellement, les enfants nés dans un mariage
relèvent de la puissance paternelle. En réalité, cela est un leurre. Au moment
de l’enterrement d’une femme, tous ses enfants doivent être rachetés nommément.
Tout enfant non racheté appartiendra désormais au clan maternel (il s’agit sans
doute d’une preuve qu’à l’origine la société mongo était matriarcale mais il
faut faire plus d’études pour le confirmer).
Cette pratique est aujourd’hui tout dévoyée, pervertie
mais il n’en était pas ainsi à l’origine. La dot a aujourd’hui perdu son âme et
est devenue un moyen d’enrichissement personnel. Il est étonnant de voir
comment l’époux doit aujourd’hui se saigner pour satisfaire l’appétit des
parents de la fille. Il faudra légiférer dans ce domaine si les abus continuent
pour éviter que la dot ne perde toute sa valeur symbolique.
Merci pour ces eclaircissements.
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