vendredi 31 mars 2017

Souviens-toi (par Pascal Djimoguinan)

Quand tu navigues sur les mers de la vie
Balloté par les vagues de la jeunesse
Le cœur brûlant de fièvre et la tête pleine,
Souviens-toi.

Quand tu avances au gré des vents
Ivre de vie et d’amour
Quand la bouche ouverte, tu aspires l’air à pleins poumons
Souviens-toi.

Des nuages s’annoncent, la tempête se prépare,
Les éléments vont entrer en furie
Et l’immensité de cette mer qui te fascinait te sera hostile
Mais toi, souviens-toi.

Souviens-toi pendant tes moments de lucidité,
Quand le vent ne souffle pas et que tes voiles pendent
Quand tu n’es pas tourné vers d’autres horizons
Souvient-toi que tu es un homme
 

samedi 18 mars 2017

Monseigneur Jean-Claude Bouchard, 40 ans déjà

(Il y a 40 ans, le 1er mai 1977, c’était l’ordination épiscopale de monseigneur Jean-Claude Bouchard comme évêque de Pala. Nous revenons sur la cérémonie grâce à un article de la revue « Chrétiens au Tchad aujourd’hui », n° 15, août-septembre 1977. L’article était de l’abbé Yves Jausions)
            Le 1er mai 1977 était un jour de joie pour tous les chrétiens des communautés du Mayo-Kebbi. En effet, c’était l’ordination épiscopale de Monseigneur Jean-Claude Bouchard, évêque de Pala.
            En juin 1975, Monseigneur DUPONT donnait sa démission. Depuis près de deux ans, le diocèse était administré par le Père Sergent. Après cette longue attente, on comprend la joie de tous les chrétiens du Moyo-Kebbi.
            Monseigneur Jean-Claude BOUCHARD est né le 29 septembre 1940 au Québec (Canada) d’une famille de cultivateur : il est le second d’une famille de sept enfants, il a trois frères et trois sœurs.
            Après être entré chez les Oblats de Marie-Immaculée, il est venu au Tchad à Moulkou, de 1963 à 1965, comme directeur de l’école. Ensuite, il est allé à Rome préparer sa licence de philosophie et de théologie. Ordonné prêtre le 30 août 1969, il revient à Guélendeng où il apprend le massa. Enfin, le 26 février, le Pape Paul VI le choisit comme évêque de Pala.
            En ce 1er mai, les chrétiens sont venus de tout le diocèse, ils se groupent par ethnie près de la cathédrale. Il y a là Mgr Dalmais, archevêque de N’Djamena, Mgr Belzile et Mgr Gaumain de Moundou, Mgr Véniat de Sarh, Mgr Dupont, l’ancien évêque de Pala. Sont venus également Mgr Charpenet, de Yagoua, Mgr de Bernon de Maroua, et Mgr Pasquier de Garoua ; enfin Monseigneur N’DAYEN, archevêque de Bangui, accompagné du Délégué apostolique et des évêques de Bosangoa et de Pointe Noire.
            On commence par présenter le nouvel évêque et on lit la lettre de Paul VI nommant Monseigneur Jean-Claude BOUCHARD, pasteur de toutes les communautés du diocèse. Ensuite les différentes communautés du Mayo-Kebbi sont appelées à donner leur témoignage.
            Après que chaque ethnie se soit présentée commence la liturgie de la Parole. Les différents groupes de langues se dispersent sous les arbres. Pour les francophones, c’est Mgr Gaumain, ancien évêque de Moundou, redevenu le Père Samuel, qui donne l’homélie :
            « Dieu n’est pas partial, puisqu’il est le Sauveur de tous les hommes, comme nous le montre le livre des Actes, où Pierre baptise le centurion Corneille. Après sa résurrection, Jésus donne à Pierre le soin de guider le peuple des croyants. Quant aux Apôtres, ils ne laissent pas Pierre aller seul à la pêche : « Nous y allons avec toi ; Nous avons tous à proclamer l’amour du Père et la fraternité des hommes ».
            Alors c’est la consécration épiscopale. Mgr N’DAYEN encourage son jeune frère : « La tâche sera lourde, mais vous aurez la joie de travailler à la suite de Pierre ». Puis, c’est l’interrogation « Voulez-vous annoncer la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu ? Oui, je le veux ».
            Après avoir invoqué les Saints, Mgr N’DAYEN, le consécrateur principal, impose les mains sur la tête de l’élu, signe traditionnel du don de l’Esprit Saint, source de tout ministère ; il pose encore l’Evangile sur la tête du nouvel évêque en demandant Dieu de lui donner son Esprit. Puis le nouvel évêque reçoit l’anneau, la mitre et la crosse ou bâton du berger et s’asseoit au fauteuil. Tous les évêques et ses amis viennent l’embrasser et le féliciter. Pendant le sacrifice, la foule des chrétiens prie pour le nouvel évêque et chaque groupe ethnique dit sa joie par des chants.
            A la fin de la messe, Mgr Jean-Claude BOUCHARD remercie tous ceux qui sont là. Il s’adresse en particulier aux autorités tchadiennes présentes pour leur dire au nom du personnel missionnaire son profond respect et son grand désir de servir le pays et de collaborer au progrès réel du Tchad. La parole de Dieu rassemble tous les hommes dans la fraternité sans distinction de races ; elle enseigne que tous les hommes sont enfants de Dieu et donne à tout homme, même le plus petit, la possibilité de se développer ; il nous purifie de notre mal.
            Il remercie Mgr DUPONT, qui, après le Père JOUNAUX, Préfet Apostolique, a favorisé dans la liberté le travail des équipes. Il remercie aussi le Père SERGENT qui a assuré l’intérim. Enfin, il remercie le Seigneur. « Mais là, les mots ne peuvent exprimer ce que nous avons dans le cœur.
            Il nous reste à nous, les chrétiens du Tchad, le devoir de prier pour le nouvel évêque. Nous pouvons le faire en nous servant de la belle prière dite au moment de l’ordination :

            « Seigneur notre Dieu, Toi qui es notre Guide et le Pasteur de tous les fidèles, regarde avec bonté ton serviteur Jean-Claude. Accorde-lui de se dévouer par la parole et par l’exemple à ceux dont il a reçu la charge pour entrer dans la vie éternelle avec le troupeau que tu lui as confié ».

vendredi 17 mars 2017

Il y a 43 ans, témoignage de sœur Tinodji (par Sr Cécile Tinodji Nelembay)

            (Il y a 43 ans, le 19 octobre 1974, la sœur Cécile Tinodji Nelembay prononçait ses vœux perpétuels dans la congrégation des sœurs Notre Dame des apôtres dans la cathédrale de Sarh. Elle a pris la parole au cours de la cérémonie. Nous donnons ici l’intégralité de son intervention afin que les jeunes puissent en prendre connaissance. Nous le tirons de la revue « Chrétiens au Tchad aujourdhui », n°5, premier trimestre 1975, pp 3-4. Cela est tiré d’un article de Souk Allag Ouaina.)
            Mes chers frères, sœurs et amis,
            Je vous remercie d’être venus nombreux aujourd’hui pour prier avec moi et partager ma joie. Ce jour pour moi a été vraiment attendu.
            Je voudrais vous dire en quelques mots comment j’ai entendu l’appel du Seigneur et j’y ai répondu, car souvent on se pose la question.
            Au cours d’une réunion de jeunes Cœurs-Vaillants et Ames-Vaillantes, à Bongor, la Sœur nous montrait des photos, des images de tous les pays dans le journal « KISITO ». C’était pour nous montrer qu’on pouvait se mette au service des autres. Sur une photo, il y avait des femmes habillées en blanc qui soignaient les malades. La sœur nous expliquait que ces femmes étaient des religieuses, elles ne se marient pas, elles ne mettent pas d’enfants au monde. Elles ont choisi de servir Dieu en soignant les malades, en enseignant les enfants, en était la sœur de tous.
            Après, je lui ai posé la question : « Est-ce possible que je devienne comme elles, pour soigner mes frères ? » Elle m’a répondu : « Oui, bien sûr ».
            C’est à partir de ce jour que j’ai senti l’appel de Dieu. Dieu s’est servi de ces photos pour m’appeler.
            Depuis ce jour, j’ai cheminé jusqu’ici. Mais pour en arriver là, ça n’a pas été toujours facile. J’ai rencontré des difficultés de toutes sortes.
            D’abord avec mes parents qui n’admettaient pas que je me fasse religieuse, car ils voulaient avoir de moi la dot et les enfants. Mon père étant mort, ma mère attendait de moi une aide matérielle, étant la dernière des filles, elle voulait me garder auprès d’elle.
            Difficultés avec mes frères africains qui, bien souvent, ne comprennent pas toujours notre vie religieuse. Ils disent que le Tchad est grand : donc il faut se marier et avoir beaucoup d’enfants pour le peupler. Ils disent encore que nous perdons notre temps au couvent (maison des sœurs) et ne croient pas à notre chasteté. Nos frères ne comprennent pas la nécessité de notre célibat dans la vie religieuse. D’autres nous demandent des vêtements, de l’argent, des livres, et quand nous leur disons que nous n’en avons pas pour leur donner, ils ne l’admettent pas et disent que nous sommes trop avares. Ils nous traitent comme des fonctionnaires qui gagnent beaucoup d’argent.
            Il y a aussi des difficultés du point de vue communautaire : nos façons à nous, africaines, de voir, d’agir et de faire ne sont pas toujours comprises par nos sœurs européennes, et inversement nous ne comprenons pas leurs manières de faire ; ce qui crée des tensions entre nous.
            Voici quelques difficultés que nous rencontrons et que j’ai moi-même rencontrées. Croyez-moi, cela n’est pas facile, mais malgré tout je ne me suis pas découragée totalement, car je me dis que dans n’importe quelle vie, je trouverai des difficultés sur d’autres plans.
            Dans toutes ces difficultés, je priais toujours la Vierge Marie, et je peux dire qu’elle m’a toujours soutenue jusqu’à présent. Quelques rares amis que j’ai rencontrés m’ont aidé à continuer, aussi bien dans ma communauté qu’au village.

            L’engagement définitif que je fais aujourd’hui ne veut pas dire que ces difficultés sont terminées, mais que j’accepte d’avance de dépasser toutes celles qui sont à venir ; et cela, je ne peux le faire seule, c’est pourquoi je demande l’aide de mes sœurs et frères pour être fidèle.

mardi 14 mars 2017

.africa, nom de domaine, une nouvelle qui passe inaperçue (par Pascal Djimoguinan)

            Le 10 mars 2017, à Addis abeba en Ethiopie (siège de l’UA), Un événement d’une importance majeure a eu lieu alors que beaucoup d’africains n’en savent rien. Lors d’une conférence, madame Nkosazana Dlamini-Zuma, a annoncé le lancement du domaine .africa ; cela signifie que désormais, le continent africain a une identité numérique.
            Ce site ne sera disponible qu’à partir du mois de juillet mais déjà, les africains qui aimeraient l’utiliser peuvent introduire une demande. Madame Zuma pense qu’avec ce nom domaine, les africains, notamment les entrepreneurs pourront être plus visibles sur internet.
            Selon la Banque mondiale, 22% de la population d’Afrique subsaharienne a accès à internet alors que la moyenne mondiale est de 44%. L’objectif de l’UA est d’augmenter ce taux de 10% dans le cadre d’un programme de développement.
            La bonne nouvelle est que grâce à ce domaine, il y aura une diminution des coûts des noms de domaine. Selon Jeune Afrique,   « Plus de la moitié des 2 millions de sites internet africains proviennent d’Afrique du Sud, l’économie numéro un du continent, estime Lucky Masisela, directeur de la société ZA Central Registry, qui sera chargée de gérer le nom de domaine « .africa ». ".africa va venir perturber le marché et permettra de diminuer le coût des noms de domaine », a assuré Masisela, notant qu’un nom de domaine « .africa » ne coûtera que 18 dollars (17 euros), alors que l’enregistrement d’un site sur un domaine national peut coûter jusqu’à 250 dollars dans certains pays Afrique.
            D’un autre côté, les revenus de ce lancement permettront à l’UA de financer la Commission de l’UA qui, jusque-là, dépend des donateurs internationaux qui contribue à l’ordre de 70% à son fonctionnement.
                          Il sera donc possible dans l’avenir d’avoir une adresse avec @yahoo.africa au lieu de @yahoo.fr ou @yahoo.com. C’est donc des lendemains numériques qui chantent qu’il s’agit. Il faut donc que cela soit possible dès le mois de juillet.
            Pour une fois que l’Afrique est visionnaire, il ne faut pas passer cela sous silence et que tous les africains contribuent au succès de cette entreprise louable.


jeudi 2 mars 2017

LU POUR VOUS/RCA : Des intérêts économiques « d’hommes forts » derrière les attaques des bergers peuls ?

La situation à Bocaranga, à 120 Km de Bozoum, dans le nord-ouest de la République centrafricaine, demeure très tendue après l’attaque perpétrée le 2 février par des groupes armés de bergers peuls. « Il m’a été dit qu’hier, la population s’est enfuie parce qu’elle craignait une nouvelle attaque des peuls » déclare à l’Agence Fides le Père Aurelio Gazzera, religieux carme et Curé à Bozoum. « La semaine dernière, S.Em. le Cardinal Dieudonné Nzapalainga, Archevêque de Bangui, est venu en visite ici, à Bozoum, d’où nous l’avons accompagné à Bocaranga pour rencontrer la population locale qui est fortement éprouvée par la tension » indique le missionnaire.
Les Peuls sont des bergers itinérants qui, dans leurs migrations, se sont heurtés, à diverses reprises, avec les populations sédentaires. Le phénomène a cependant pris un tour préoccupant au cours de ces dernières années, et ce non seulement en Centrafrique mais également dans d’autres pays, tels que le Nigeria, où ils sont connus sous le nom de Fulanis « Dans le cas de la Centrafrique – explique le Père Gazzera – on ne sait pas bien d’où proviennent les peuls. Certains sont centrafricains, d’autres proviennent du Tchad, d’autres encore du Niger, du Nigeria et du Cameroun ».
« La zone de Bocaranga, où l’herbe pousse toute l’année, est depuis des décennies une zone d’élevage, une activité économique dans laquelle ont investi des officiers généraux et des hommes politiques, non seulement centrafricains mais surtout tchadiens et camerounais. Il existe par suite de forts intérêts à faire en sorte que cette zone soit habitée surtout par les peuls, plutôt que par les agriculteurs. Nous parlons ici de personnes qui ont effectué des investissements économiques importants, de l’ordre de 10 à 20.000 têtes de cheptel. Il s’agit d’un phénomène que nous avons déjà rencontré à compter de 2013, lorsque nous avons vu arriver des troupeaux immenses provenant du nord, probablement du Tchad et du Cameroun » déclare le missionnaire.

« La question de la transhumance constitue un facteur important dans différentes zones d’Afrique mais est souvent négligée dans l’analyse des tensions provoquées. Dans le cas de Bocaranga, nous craignons que la situation ne demeure difficile encore pendant longtemps » conclut le missionnaire. (L.M.) (Agence Fides 02/03/2017)