dimanche 12 mai 2013

Etre un africain authentique, est-ce rejeter tout ce qui vient d’ailleurs ? (par Pascal Djimoguinan)


Nous vivons dans un monde dit mondialisé. Le terme de village global ne paraît plus étrange dans le vocable français. Pour les nantis cela semble aller sans problème mais qu’en est-il vraiment pour les exclus de cette fête planétaire ? L’africain peut-il se sentir dans sa peau dans ce monde qui se fait malgré lui ? Doit-il se présenter comme un déraciné dans cette culture globale ?
J’ai grandi dans un univers où la grande peur a été d’être un déraciné. Cet adjectif chargé d’opprobre voudrait dire dans mon univers, vivre décalé de son univers culturel, être un acculturé. Tout Africain vit dans cette grande crainte de devenir étranger à son peuple et d’adopter une manière de vivre étrangère qui ferait de lui un renégat.
Pourquoi la racine a-t-elle autant d’importance dans notre univers mental ?
Le mot racine renvoie d’abord à un arbre, à une plante. C’est ce par quoi un individu végétal tient debout. Etre sans racines, c’est donc être sans stabilité, pouvoir être ballotté, transporté partout.
Un être sans racine serait donc un être sans fermeté qui se laisserait entraîner par-ci et par-là, un être incapable d’avoir un avis fixe. Il vaut donc mieux avoir des racines bien en terre pour affronter les différentes tempêtes de la vie.
Beaucoup de jeunes africains vivent ainsi entre deux mondes et n’osent pas faire le pas. Cependant les faits les rattrapent aussitôt. Le téléphone portable a atteint les villages les plus reculés et internet est à la portée de beaucoup. Peut-on les utiliser sans être des déracinés ?
Il ne s’agit pas de rejeter ses origines. Loin de là, il faut être capable de plonger dans sa culture pour y puiser toute la sagesse qu’elle comporte. Mais, il ne faut plus vivre en vase clos. Accepter que ma culture fait partie de quelque chose qui est plus vaste. Toute contribution de ma part viendra ajouter quelque chose à l’humanité toute entière.
Dans le monde végétal, il y a un moyen qui permet d’améliorer les plantes sans qu’elles ne perdent pour autant leurs racines ; c’est la greffe. Il faut que l’africain puisse réussir cette greffe et ainsi, sans perdre sa spécificité, il apportera quelque chose à la culture du monde.
Il ne faut pas que la mondialisation ne se résume qu’à la dictature des finances. La part que l’Afrique peut y apporter, c’est de dire oui au commerce, mais un commerce équitable ; oui à la rigueur mais en prenant en compte l’aspect social ; il faut un progrès technique mais que cela soit au service de l’homme.
L’Afrique a sa place dans la mondialisation en cours. Que les jeunes n’aient pas peur de faire de l’Afrique de participer à la croissance économique et sociale du monde. Qu’ils n’aient pas peur d’acquérir les moyens les plus modernes du développement. Ils ne doivent pas être les parias de la mondialisation. L’eau qui touche la racine monte jusque dans les cimes grâce à la sève.

1 commentaire:

  1. Joli message que tous les jeunes que nous sommes devront comprendre. Adopter le systeme tout en gardant notre identite comme on le dit dans le jargon savoir d'ou on vient et se faire sa place dans le monde. Etre en marge, de ce qui est en cours nous enfonce dans le retard. Puisse Dieu nous aider a y voir claire et a travailler pour le dveloppement durable de nos societes.

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