L’heure est à la fête !
L’union Africaine fête ses cinquante ans. C’est la majorité pour l’Afrique
moderne. Tous les regards sont tournés vers Addis-Abeba où ont lieu les
festivités. Des invités illustres sont présents. Je voudrais tout simplement
être l’empêcheur de tourner en rond. Si toutes ces lumières n’étaient que pour
cacher les imperfections, si tout ça n’était que saupoudrage… La jeunesse
africaine demande un droit d’inventaire… Pourquoi toute une génération a été
sacrifiée sans qu’aucune voix ne s’élève, sans qu’aucune action d’envergure n’ait
été entreprise ?
Sur le plan économique, pouvons-nous dire que quelque
chose de substantiel ait été fait en cinquante ans ? Nous avons entendu
parler du NEPAD (nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) et
nous attendons. Ce qui est incroyable et c’est ce que nous avons appris pendant
ces célébrations, c’est que 80% du budget de l’UA vient de l’extérieur. Dans
ces conditions, pouvons-nous dire que l’UA dispose de la liberté de ses
mouvements ?
Sur le plan militaire, peut-on parler d’une armée
africaine ? Nous nous rappelons toutes les difficultés pour faire venir au
Mali les militaires africains pour contrer les islamistes ; il a fallu en
tout attendre l’intervention de la France. Il y a aussi plusieurs points de
tensions militaires en Afrique sans que l’UA n’arrive à intervenir d’une
manière décisive.
Pour l’aspect politique, nous voyons différentes
décisions qui sont prises mais avons-nous vraiment avancé sur le plan de l’unité ?
Nous avons eu le passage de l’OUA à l’UA sans que cela soit suivi concrètement
d’un changement. Nous espérons que c’est le temps où les structures se mettent
encore en place et que très vite cela sera suivi d’actes.
Les peuples ne ressentent pas ce qui est fait au service
de l’unité de l’Afrique au niveau de l’organisation. Nous pouvons dire que l’UA
souffre d’un manque de cet élan panafricain qui animait les pères fondateurs.
Il manque un leader charismatique qui puisse susciter la renaissance de l’Afrique.
Nous avons attendu cinquante pour en arriver là. Nous ne
pouvons plus attendre cinquante autres années. Nous avons passé du temps à
parler, il faut maintenant les faits. Les différents projets doivent se mettre
en place. Il faut que l’Union africaine passe du statut d’idée à une réalité. Cette réalité peut se
résumer en quelques réalisations assez simples : la libre circulation des
peuples sur le continent, l’union douanière, une coopération entre les
différentes universités et grandes écoles, le développement des routes et les
moyens de communication sociaux. En 1963, le groupe dit de Monrovia l’a emporté sur le groupe dit de Casablanca.
Laissons maintenant la place à un gouvernement africain. S’il faut rêver, osons le…
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