mardi 28 mai 2013

CPI : il faut plus de dignité pour les peuples d’Afrique (par Pascal Djimoguinan)


Le président en exercice de l’Union Africaine (UA), le premier ministre éthiopien monsieur Hailemariam Desalegn a accusé lundi 27 mai 2013 la Cour pénale internationale de mener une sorte de chasse raciale contre les africains. Les chefs d’Etat présents ont demandé à ce qu’Uhuru Kenyatta ne soit pas jugé par la CPI, mais dans son pays, au Kenya.

La décision des chefs d’Etat à Addis-Abeba lors des assises de l’Union Africaine m’amène à m’interroger.

            Admettons que les critères de la Cour pénale internationale ne soient pas objectifs comme le disent ces chefs d’Etat et qu’ils sont empreints de racisme. Cela soulève alors quelques questions qu’il ne faut nullement éluder :

- Faut-il pour autant qu’un chef d’Etat puisse impunément commettre des exactions contre son propre peuple ?

- Pourquoi après cinquante années d’indépendance, les africains ne font pas confiance en leur justice ? Le pouvoir judiciaire dans nos pays est-il assez libre par rapport au pouvoir exécutif ?

- Quels garantis peuvent désormais avoir les peuples d’Afrique d’être en sécurité si la CPI ne peut plus être l’aiguillon qui taraude les Chefs d’Etat indélicats ?

            Il est quand même étonnant que la demande des chefs d’Etat africains ne soit pas assortie d’une clause qui appelle à la protection des populations et au respect des droits humains.

Si l’on pousse la logique des chefs d’Etat africains jusqu’au bout, nous pourrions dire que les dénonciations de Human Rights Watch, d’Amnesty International, de Reporters sans frontières et de beaucoup d’autres ONG ne sont que des manipulations faites par les pays Occidents. Pouvons-nous adhérer à une pareille assertion ?

            Lorsque nous voyons comment traîne le procès de l’ancien président tchadien Hissène Habré, nous nous demandons à quoi va nous engager le désir de nos chefs d’Etat quant à la poursuite de leurs pairs si jamais des procédures judiciaires sont ouvertes contre eux en Afrique. En plus, c’est bien de tenir à sa dignité et de faire juger les gens en Afrique mais il faut s’engager également à ce que le financement ne vienne pas de l’extérieur.

            Dans la décision de faire juger les Chefs d’Etat de se faire juger en Afrique, dans le propre pays, c’est l’argument de la dignité qui est le plus souvent avancé. Je pense que si, comme africains, nous tenons vraiment à notre dignité, il faut que nos chefs d’Etat commence à comprendre que leurs peuples ont  droit au respect, à la liberté et à la sécurité. Les peuples d’en bas ont aussi droit à la dignité, autant que les chefs d’Etat.

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