Le président en exercice de
l’Union Africaine (UA), le premier ministre éthiopien monsieur Hailemariam
Desalegn a accusé lundi 27 mai 2013 la Cour pénale internationale de mener une
sorte de chasse raciale contre les africains. Les chefs d’Etat présents ont
demandé à ce qu’Uhuru Kenyatta ne soit pas jugé par la CPI, mais dans son pays,
au Kenya.
La
décision des chefs d’Etat à Addis-Abeba lors des assises de l’Union Africaine m’amène
à m’interroger.
Admettons que les critères de la Cour pénale
internationale ne soient pas objectifs comme le disent ces chefs d’Etat et qu’ils
sont empreints de racisme. Cela soulève alors quelques questions qu’il ne faut
nullement éluder :
- Faut-il pour autant qu’un
chef d’Etat puisse impunément commettre des exactions contre son propre peuple ?
- Pourquoi après cinquante
années d’indépendance, les africains ne font pas confiance en leur justice ?
Le pouvoir judiciaire dans nos pays est-il assez libre par rapport au pouvoir exécutif ?
- Quels garantis peuvent
désormais avoir les peuples d’Afrique d’être en sécurité si la CPI ne peut plus
être l’aiguillon qui taraude les Chefs d’Etat indélicats ?
Il est quand même étonnant que la demande des chefs d’Etat
africains ne soit pas assortie d’une clause qui appelle à la protection des
populations et au respect des droits humains.
Si l’on
pousse la logique des chefs d’Etat africains jusqu’au bout, nous pourrions dire
que les dénonciations de Human Rights Watch, d’Amnesty International, de Reporters
sans frontières et de beaucoup d’autres ONG ne sont que des manipulations
faites par les pays Occidents. Pouvons-nous adhérer à une pareille assertion ?
Lorsque nous voyons comment traîne le procès de l’ancien
président tchadien Hissène Habré, nous nous demandons à quoi va nous engager le
désir de nos chefs d’Etat quant à la poursuite de leurs pairs si jamais des
procédures judiciaires sont ouvertes contre eux en Afrique. En plus, c’est bien
de tenir à sa dignité et de faire juger les gens en Afrique mais il faut s’engager
également à ce que le financement ne vienne pas de l’extérieur.
Dans la décision de faire juger les Chefs d’Etat de se
faire juger en Afrique, dans le propre pays, c’est l’argument de la dignité qui
est le plus souvent avancé. Je pense que si, comme africains, nous tenons
vraiment à notre dignité, il faut que nos chefs d’Etat commence à comprendre que
leurs peuples ont droit au respect, à la
liberté et à la sécurité. Les peuples d’en bas ont aussi droit à la dignité,
autant que les chefs d’Etat.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire