jeudi 30 mai 2013

Faut-il adopter la laïcité en Afrique ? (Pascal Djimoguinan)


Souvent, lorsqu’on parle de la laïcité en Afrique, la réaction de beaucoup est que l’africain est un homme religieux et qu’il ne faut pas trop parler de la laïcité. A tort ou à raison, la laïcité est confondue à l’athéisme. Lorsque le danger de l’intégrisme religieux se présente, on ne sait comment se prendre en Afrique. Ne faudrait-il pas revenir à une bonne compréhension de la laïcité. Cela aidera certainement à faire avancer le débat.
            La laïcité va en général avec la sécularisation. Il s’agit du principe de la séparation du l’église et de l’Etat. Ce principe veut qu’il y ait une impartialité de l’Etat  à l’égard des confessions religieuses. Ainsi, dans une perspective laïque toutes les croyances ou les convictions religieuses sont prises comme des opinions privées et n’ont rien à faire avec la marche directe de l’Etat. Il faut tout de suite ajouter ici que cela va de pair avec la liberté de croyance et de pratique à condition que cela ne vienne pas nuire à l’ordre pratique.
            L’intérêt de la laïcité conçue comme nous venons de la voir est qu’il n’y a pas de religieux d’Etat. Il y a un grand progrès dans ce domaine quand nous savons que pendant très longtemps, a prévalu la règle du « cujus regio,ejus religio » (De tel pays, de telle religion). Cela ce principe, la religion du prince devient la religion de l’Etat ; l’Etat adopte officiellement la religion au point où la législation du pays la précise comme telle.
            La laïcité n’est donc pas une interdiction aux religions ; au contraire elle les protège dans la mesure où elles peuvent être des facteurs de paix et peuvent aider les citoyens à servir leurs pays. Ce qui est exigé, c’est que l’Etat ne s’ingère pas dans la marche et le fonctionnement intérieur des confessions religieuses. La pratique religion devient une affaire privée. Chaque personne est libre peut, selon sa conscience, adopter une religion ou pas, sans que cela ne vienne troubler sa quiétude de citoyen.
            La laïcité bien comprise peut être en Afrique un facteur de développement de la paix civile en ce sens qu’il n’y aura de coercition d’aucune sorte selon qu’un citoyen soit de telle ou telle religion ou qu’il soit tout simplement athée ou libre penseur. Voilà pourquoi il est important qu’il soit précisé dans toutes les constitutions que l’Etat est laïc

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