dimanche 29 janvier 2023

LU POUR VOUS/RDC : - Qu'est-ce que l'"Église kimbanguiste" ?

 

- Parmi les différentes dénominations présentes en République démocratique du Congo (un pays qui s'apprête à accueillir le Pape François en visite apostolique), il en est une qui est née à l'époque de la colonisation belge. Il s'agit de l'"Église kimbanguiste", dont le nom officiel depuis 1987 est "Église de Jésus Christ sur la Terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu".

Simon Kimbangu est né le 24 septembre 1899 à Nkamba, dans l'actuelle province du - Parmi les différentes dénominations présentes en République démocratique du Congo (un pays qui s'apprête à accueillir le Pape François en visite apostolique), il en est une qui est née à l'époque de la colonisation belge. Il s'agit de l'"Église kimbanguiste", dont le nom officiel depuis 1987 est "Église de Jésus Christ sur la Terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu".

Simon Kimbangu est né le 24 septembre 1899 à Nkamba, dans l'actuelle province du Kongo-Central. Membre de la Baptist Missionary Society, après quelques visions, il s'est proclamé "Envoyé spécial", affirmant avoir reçu de Jésus-Christ la mission et l'autorité de mener à bien un ministère spirituel qui se répandrait de Nkamba dans le monde entier. Simon Kimbangu a commencé sa mission par la guérison d'une jeune femme, Maman Kiantondo, à Ngombe-Kinsuka, le 6 avril 1921. Pour le mouvement religieux qu'il a fondé, le livre saint de référence reste la Bible. Mais pour ce nouveau prédicateur, Adam et Eve étaient noirs. A l'apogée de la colonisation, sa prédication prend les tons d'une campagne pour l'émancipation des Noirs. Ce message, ainsi que certains de ses autres prétendus "miracles", lui attirent un nombre croissant d'adeptes. Cela irrite profondément l'administration coloniale belge, qui considère le mouvement messianique comme un déstabilisateur potentiel du tissu social de la colonie. Contre ce "mouvement", le gouvernement colonial a adopté des mesures répressives extrêmes.
La "mission prophétique" du "pape" Simon Kimbangu n'a duré que cinq mois. Il a été arrêté à Nkamba, jugé et condamné à mort le 3 octobre 1921 par un tribunal militaire ; la peine a été commuée en emprisonnement à vie par le roi Albert Ier de Belgique. Le condamné est déporté à Elisabethville (aujourd'hui Lubumbashi), à 2000 km de son village natal, où il meurt le 12 octobre 1951. Mais le seul effet de ces mesures a été de renforcer le mouvement, qui s'est rapidement étendu. Le 24 décembre 1959, l'Église kimbanguiste est enfin reconnue par la puissance coloniale, sur un pied d'égalité avec les Églises catholique et protestante. A cette époque, le mouvement était dirigé par le fils cadet du pape Simon Kimbangu. Joseph Diangienda Kuntima, chef spirituel et représentant légal.

Dans la structure fortement hiérarchisée du groupe, le chef spirituel, en tant qu'autorité suprême, a sous ses ordres une assemblée générale, un organe chargé de la politique générale de la communauté et un conseil exécutif. L'Orchestre Symphonique Kimbanguiste est célèbre. Il a longtemps été le seul orchestre symphonique d'Afrique centrale.

Aujourd'hui, l'Église dite kimbanguiste compte des groupes d'adhérents dispersés en Afrique, en Europe et en Amérique. Les membres de la communauté affirment se référer au Credo de Nicée. La doctrine suivie par les adhérents reconnaît quatre sacrements : le baptême, l'eucharistie, le mariage et l'ordination. Mais l'hostie distribuée dans les liturgies est représentée par un pain fait de maïs et de bananes. De plus, comme les adeptes ne sont pas autorisés à consommer des boissons alcoolisées, le sang du Christ est "symbolisé" par du miel mélangé à de l'eau. La doctrine kimbanguiste est également résumée dans la trilogie "Bolingo, Mibeko, Misala", qui signifie "Amour, Commandements, Travail". En 1992, Kuntima a affirmé avoir constaté, "après des études approfondies", que la naissance du Christ avait eu lieu le 25 mai.

L'Église kimbanguiste est membre du Conseil Œcuménique des Églises (CEC) depuis 1969 et de la Conférence des Églises de toute l'Afrique (CETA) depuis 1974, mais depuis 2001, le kimbanguisme ne fait plus partie de l'œcuménisme et n'est plus reconnu comme une communauté chrétienne par les autres Églises et communautés ecclésiales suite à l'autoproclamation de la "réincarnation du Seigneur Jésus-Christ" par le fils de Simon Kimbangu, Salomon Dialungana Kiangani

Du point de vue des relations avec la politique, l'Église kimbanguiste s'est toujours contentée d'une certaine reconnaissance par le pouvoir, ayant soutenu le maréchal Mobutu Sese Seko (au pouvoir de 1965 à 1997), puis Kabila père (1997-2001) et fils (2001-2019) et aujourd'hui le président Félix Tshisekedi, élu en 2019.
L'Église kuimbunguiste revendique plus de 35 millions d'adeptes dans le monde. Selon des données jugées fiables par les analystes du renseignement américain, au moins 10 % des 105 millions d'habitants de la République démocratique du Congo sont des Kimbunguistes. (LM) (Agence Fides 28/1/2023)

vendredi 27 janvier 2023

LU POUR VOUS/RDC : Quatre postulants comboniens attaqués par un groupe rebelle au Nord-Kivu

 - L'attaque subie par un groupe de frères postulants comboniens avec leur entraîneur dans la province du Nord-Kivu remonte au dimanche 22 janvier. Les auteurs étaient des rebelles Mai-Mai, heureusement aucun d'entre eux n'a été tué.

"Les rebelles ont attaqué le véhicule qui revenait du camp et qui transportait quatre postulants comboniens ainsi que leur formateur, le frère Jacques Eluma. Ils ont tiré sur le véhicule sans hésitation", a rapporté le supérieur provincial des Comboniens, le père Léonard Ndjadi Ndjate.
"Le seul blessé, poursuit-il, est le frère Héritier Mambaya, 22 ans, originaire de Bumba, qui a été admis à l'hôpital Matanda de la ville de Butembo. Le provincial n'a pas révélé plus de détails sur l'état de santé du jeune homme et a demandé "l'intercession de Saint Daniel Comboni".

"C'est une attaque barbare et criminelle contre des personnes innocentes", a-t-il dénoncé. Nous déplorons l'incapacité des forces de sécurité à protéger la population de l'Est. Nous demandons des prières pour la paix dans cette région et dans toute l'Afrique. Que Dieu accorde à nos garçons un prompt rétablissement".

La situation dans cette partie du Congo reste tendue, avec de nombreux groupes rebelles et des tensions entre le Rwanda et la République du Congo, qui accuse le premier de financer ces groupes. Le Pape François arrivera dans le pays le 31 janvier, mais pour des raisons de sécurité, il ne se rendra pas dans l'est du Congo. (AP) (Agence Fides 26/10/2023)

mercredi 25 janvier 2023

Tchad les noms qui disent la survie (par Pascal Djimoguinan)

 Au Sud du Tchad, les noms donnés aux nourrissons expriment souvent ce qu’il y a de plus profond chez les parents. Les parents se servent des noms pour exprimer leurs préoccupations, leur espoir et quelquefois pour tracer la vie de leurs progénitures. On parle plus souvent des noms théophores, des noms trompe-mort, mais il y a aussi des noms par lesquels les parents expriment leur espoir de survie dans leurs enfants. Nous allons ici en parcourir quelques-uns.

Nous allons exploiter cinq lieux qui permettent aux parents d’exprimer leur espoir de ne pas disparaitre dans l’oubli de la mort. Les enfants sont en quelque sorte les parents qui continuent de survivre. Nous ne suivrons que l’ordre alphabétique de ces lieux sans donner un privilège particulier à aucun.

1 - Kō : Graines, semences.

Gens des Diallobé, souvenez-vous de nos champs quand · approche la. saison des pluies. Nous aimons bien nos· champs, mais que faisons-nous alors ? Nous y mettons le fer et le feu, nous les tuons. De même, souvenez-vous : que faisons-nous ·de nos· réserves de graines quand il a plu ? Nous voudrions bien les manger, mais nous les enfouissons en terre… « La tornade qui annonce le· grand hivernage de notre peuple est arrivée avec 'les étrangers. Gens des Diallobé. Mon avis à moi, Grande Royale, c'est que nos meilleures graines et nos· champs les plus chers, ce sont nos enfants (Cheik Hamidou Kane,, l’Aventure ambigüe, Julliard 1961, p 57-58).

La semence est ce qui permet d’exprimer la survie car elle est plus forte que la mort. Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit (Jean 12,24).

Kōḿ : Ma semence. Ici l’enfant est considéré comme une graine qui va pousser même lorsque le géniteur sera mort. Il pourra alors lui survivre et il ne disparaîtra pas.

Autour de la graine, vont se construire d’autres noms d’enfants qui vont exprimer la survie :

Mīndə̄kōḿ : Je mets ma semence en réserve : Je n’ai plus rien à craindre. L’enfant qui vient de naître est une réserve que je fais qui qui survivra après moi. Je ne disparaîtrai pas à jamais.

Kōna̰yal : La semence ne se perd pas. Désormais, je peux voir l’avenir avec optimisme car je sais que mes jours se prolongeront dans l’enfant qui vient de naître. Ainsi, je n’aurais pas vécu en vain.

2 – Gotə : La trace

La trace exprime généralement un passage. Même quand l’être humain ou l’animal n’est plus là, la trace montre qu’il est passé.

Gotúmtə́ : Qui me remplace. Cet enfant est celui qui va continuer la vie après moi. La vie qui est en moi va continuer en lui.

Na̰y̰igotúmtə́ : Il restera après moi. C’est la même idée de survie qui est exprimée ici. Il y aura quelqu’un pour me remplacer.

Tḛḛ̄gotúmtə́ : il germera après moi. C’est ma descendance. Il prolongera ma vie par son vécu. Je ne disparaîtrai pas.

3 – Tḛḛ̄ : Germer, sortir

L’idée qui est exprimée ici est la germination. Il s’agit d’une sorte de métaphore pour graine, de la semence. Ainsi donc la semence n’est plus considérée comme quelque chose d’extérieur mais il s’agit de moi-même.

Mātībəy : Je m’épanouirai. L’avenir n’est pas fermé pour moi. Par cet enfant, je pourrai affronter l’avenir même si la mort m’atteint aujourd’hui.

Mātḛḛ̄bəy : Je germerai encore, je pousserai encore. C’en est pas fini de moi, je survivrai, je continuerai de vivre en cet enfant.

Il y a un autre nom que nous pourrions rapprocher de ceux de cette catégorie :

Māna̰y̰aĺ : Je ne serai pas délaissé. Je ne serai pas seul car j’aurai toujours un soutien dans l’avenir.

4 – Majɪ : Le bien

Le bien est le but recherché par toute vie bonne. Le bien suprême est donc pour une personne de ne pas disparaître mais de continuer sa vie grâce aux enfants qu’il met au monde. C’est à ce prix que le clan peut continuer. Dans la procréation, nous avons une vie réussie dans la société.

Majɪɓəy : Encore le bien. Cet enfant est la confirmation d’un bien qu’on a déjà eu ; cela peut être une deuxième fille ou bien une fille qui naît après un autre événement heureux. C’est surtout la confirmation que la famille est bénie et qu’elle ne s’éteindra pas.

Majɪɔruḿ :  Le bien m’a choisi, Je suis l’élu du bien. L’enfant qui vient de naître est le bien qui vient visiter les parents, la famille. Ce bien n’est pas éphémère. Le bien a choisi de résider dans le clan et cela d’une manière continuelle.

Majɪunúm : Le bien m’a élevé, le bien m’a honoré. Je suis l’objet de la faveur du bien qui vient habiter chez moi. Cet enfant est pour moi une bénédiction.

Majɪsəḿ : C’est bien avec moi, je suis dans l’opulence. Une action de grâce pour le bien que l’on reconnaît dans sa vie. L’enfant est une bénédiction que l’on reçoit, une bénédiction qui va continuer au-delà de la tombe.

Majɪtə́l : Le bien est revenu. Après avoir connu un revers de fortune, les choses recommence à aller mieux. Cela peut être un deuil, une maladie, une dispute. Cet enfant à l’annonce d’un avenir radieux. La paix peut continuer désormais dans la famille, dans le clan.

Majɪrē : Le bien est arrivé. C’est une autre version du nom précédent.

5 – Ndubə̄ : C’est un lieu qui a été hérité des ancêtres, un héritage, un enfant né après la mort de son papa.

(Généralement les nom avec Majɪ sont des noms féminins).

Ndubə̄ : Héritage. Souvent c’est le nom donné à un enfant qui naît après la mort de son père. Le nom exprime que le père n’est pas mort en vain, il a eu le temps de transmettre la vie qui continue.

Ndubə̄bey : C’est encore l’héritage. Ici, l’idée qui est exprimée est celle de ce qui perdure. Malgré la mort, la vie du défunt perdure en cet enfant. Un enfant légué pour continuer la destinée du géniteur qui est mort.

Ndubə̄lo : La patrie. Ce nom est donné à l’enfant pour exprimer le fait que malgré la mort du père, la terre des ancêtres sera habitée. Il y a quelqu’un, en l’occurrence l’enfant, qui héritera de cette terre et qui l’habitera. Ce ne sera pas un désert.

6 – Rī : Le nom

Dans la tradition, le nom est la personne elle-même ; ainsi, les noms avec rī expriment ce qu’est la personne qui donne le nom.

Rimaslo : Mon nom remplit l’espace. Il est question ici du nom dans son sens de glorification. Il s’agit donc de renom. Par cet enfant, je suis connu partout. En ce sens, je ne disparaîtrai pas.

Rimasbe : Mon nom remplit le village, le pays. C’est la même signification que le nom précédent.

Rīna̰y̰aĺ : Mon nom ne se perdra pas. A ma mort, je ne souffrirai pas de l’oubli. Cet enfant fera perdurer ma mémoire au long des âges.

Rīḿtḛ̰ḛ̄bəy : Mon nom continue. Je ne mourrai pas en vain, je vivrai par cet enfant.

L’une des grandes craintes dans les traditions du groupe sara est celle de l’extinction d’une personne, d’une famille. La fécondité permet de de transcender cette crainte et cela s’exprime dans certains noms donnés aux enfants. C’est un chant d’action de grâce de pouvoir participer à la continuité de la famille et du clan.




lundi 16 janvier 2023

LU POUR VOUS/NIGERIA - Un prêtre brûlé vivant. "Ils étaient venus pour tuer", dit à Fides l'évêque auxiliaire de Minna

 - " Ils sont venus pour tuer. Si leur but était un vol ou un kidnapping, ils auraient agi différemment ", a déclaré à l'Agence Fides Mgr Luka Sylvester Gopep, évêque auxiliaire de Minna, le diocèse où a eu lieu l'agression au cours de laquelle le Père Isaac Achi a été tué.

L'agression s'est produite à 3 heures du matin, le dimanche 15 janvier, lorsqu'un groupe armé a tenté de pénétrer dans la résidence paroissiale du père Isaac Achi, de l'église Saint-Pierre-et-Paul, à Kaffin Koro, dans le diocèse de Minna, dans l'État du Niger, au centre-nord du Nigeria. "Les voyous auraient tenté de s'introduire dans la maison, échouant, ils ont mis le feu à la maison, brûlant le prêtre vivant. Avant même de mettre le feu à la maison, les bandits ont tiré sans discernement. C'est le signe d'une volonté de tuer", dit l'évêque Gopep. Selon l'évêque auxiliaire de Minna, "l'agression a été commise par une bande de bergers peuls. Mais nous nous demandons qui les a envoyés pour attaquer la "maison paroissiale".
Dans la fusillade, un autre prêtre a été blessé alors qu'il s'enfuyait de la maison paroissiale. "Le père Collins Omeh a été touché à l'épaule", a déclaré Mgr Gopep. "Il est maintenant à l'hôpital et les médecins nous ont rassurés : aucun organe vital ou os important n'a été touché".

Dans une autre région du Nigeria, un autre prêtre a été enlevé le samedi 14 janvier. Le père Michael Olubunimi Olofinlade, pasteur de l'église St George, Omu Ekiti, dans la zone de gouvernement local d'Oye de l'État d'Ekiti, Fédération du Sud-Ouest. "Le père Olofinlade était en mission pastorale en dehors de la paroisse. Son enlèvement s'est produit alors qu'il rentrait à la paroisse vers 18 heures", indique un communiqué du diocèse d'Ekiti. L'endroit où le prêtre a été enlevé se situe entre Itaji-Ekiti et Ijelu-Ekiti, dans la zone de gouvernement local d'Oye, à environ 4 km de la paroisse". (LM) (Agence Fides 16/1/2023)



samedi 7 janvier 2023

Mon papa, mon alter ego méconnu (par Pascal Djimoguinan)

 Qu’il me soit permis de faire un devoir de mémoire.

Mon père si ignoré, un grand commis de l’Etat…

De son Etat civil Djimoguinan Mongdjim Evariste, il a vu les jours dans l’an de grâce 1939 à Békondjo 1 par Doba, dans le Logone Oriental. Il perdra tous ses frères aînés et cela le marquera très profondément tout sa vie dans la formation de sa personnalité. Il sera toute sa vie le grand frère qui accueillera à bras ouverts tous ses autres frères et sœurs, ses cousins et cousines, toutes les personnes qu’il lui sera permis de rencontrer.

Il sera parmi les grand privilégiés de cette époque car il sera inscrit à l’école catholique saint François Xavier de Sarh (Moyen Chari) où il pourra faire ses études. Par la suite, il fera partie des premiers instituteurs formés par les prêtres pour enseigner dans les écoles catholiques.

Il optera ensuite, aux indépendances, pour la Sureté Nationale. Il passera le concours de la police du jeune Etat en train de se construire.

Le Tchad ne lésinera pas sur les moyens pour la formation de ses premiers policiers. Il sera envoyé en France, puis aux Etats-Unis pour être formé.

D’abord à Moundou, puis à N’Djamena, il sera le policier fidèle et courageux au service de la patrie.

Le premier président de la République, François Tombalbaye aura besoin d’une force à mi-chemin entre les CRS (Compagnie républicaine de sécurité en France) et une force présidentielle. Il créera donc la CTS (Compagnie tchadienne de sécurité). Pour cela, mon père sera envoyé sous le drapeau à Moussoro. Pendant quelques mois, il subira une formation militaire puis il reviendra à N’Djamena où il sera l’adjoint de commandant en chef de la CTS, le nommé Saleh Biani. Il sera à ce poste jusqu’au coup d’Etat militaire du 13 avril 1975. Il sera celui qui subira l’humiliation de la reddition du Camp de N’Djamena quand il apprendra à la radio la mort du président qui se trouvait sur un autre site.

De cette période, le contact était par intermittence, au grès des quartiers consignés, des permanences et des stand-by.

Après le coup d’Etat, mon papa a été d’abord été pris dans les tourbillons de la police et a dû passer deux années aux arrêts comme prisonnier politique. Ensuite, étant reversé dans la police nationale, il a été affecté à Abéché comme commandant du corps urbain de cette ville.

C’est là que le trouvera la guerre civile de 1979. Lorsque la ville a été prise par les FAN (Forces armées du Nord) de Hisseine Habré, On viendra le chercher à la maison. Le dernier mot qu’il dira à ma mère avant de partir est : « on vient de m’arrêter comme prisonnier, garde bien les enfants ». On ne le verra plus jamais.

Je n’ai jamais eu le temps d’avoir une relation d’adulte avec mon père. C’est l’adolescent qui a toujours été dans une relation de fascination pour le père et en même temps une attitude de rébellion. Comme adulte, il me faut toujours inventer pour combler le gap d’une relation normale entre un père et un fils.

Je lui dois bien ces mots de reconnaissance, en attendant d’être réunis un jour pour vivre cette relation qui n’a jamais connu sa maturation.

Repose en paix, Capitaine Djimoguinan Mongdjim Evariste.