mardi 30 mars 2021

Cri du cœur pour Tchad 2021 (par Pascal Djimoguinan)

 Je voudrais que le vent puisse porter au-delà des cimes des arbres et des faites des montagnes, la rage de mon cœur. Je voudrais que mes mots portent mes maux par-delà les monts et les vaux et que ce qu’il en reste puisse encore retentir quand mon pauvre corps mortel aura disparu.

Tout le monde parle maintenant des élections et c’est maintenant qu’on s’ingénue à trouver la solution à tous les problèmes qui rongent le Tchad.

C’est la pire des insultes qu’on puisse adresser à notre pays. Sachez d’abord que le Tchad n’est pas un zombie qui ne se réveille que pendant les temps des élections.

L’opposition dite démocratique commence tout juste à gesticuler comme si elle venait de découvrir les problèmes qui minent le Tchad. Les élections législatives devaient avoir lieu depuis 2015, à la fin de la fin d’un mandat de cinq ans. Cela n’a pas été le cas et l’opposition, a préféré s’endormir pour ne pas perdre ses avantages. Ses députés se sont bien repus, tels des boas. Le problème est que celui qui dort ne sait pas ce qui se passe autour de lui. Ce que vous découvrez maintenant, le peuple l’a vu et la dénoncé pendant que vous profitiez des largesses du prince. Ne distrayez pas le peuple maintenant car tout le monde sait que vous êtes prêts à rempiler pour un autre mandat, en récompense pour votre silence complice.

Pour le parti majoritaire au pouvoir aurait beau jeu de dire que les cartes sont distribuées équitablement et que le jeu peut commencer. N’oubliez pas que vous aviez promis en arrivant, la liberté. Que mettiez-vous derrière ce concept ?

Pourriez-vous avoir la décence de respecter les gens dans leur misère ? Cela fait mal au cœur de voir cet étalage de luxe dans cette campagne où vous êtes seuls à occuper le paysage médiatique.

Que promettez-vous au gens ? Le seul miracle que le peuple tchadien attend, c’est d’avoir une vie ordinaire normale.

Savez-vous quand même que dans ce pays, il n’y a guère l’électricité ? Je ne parle pas de ce que nous pouvons avoir quelquefois la nuit. L’électricité, ce n’est pas seulement la lumière. C’est toute cette énergie qu’il faut savoir gérer pour que la chaîne du froid ne puisse pas être rompue et que toutes les autres activités puissent continuer sans interruption.

Savez-vous que l’école tchadienne devient de plus en plus un lieu où on forme des ignorants ? Les élèves peuvent arriver classe de 3ème sans savoir lire. En plus avec ce système où il n’y a pas de redoublement de classes ni d’examens à la fin du CM2, il n’y a pas de suivi et les élèves sont abandonnés à eux-mêmes.

Le pays n’a pas d’hôpitaux ni de centres de santé qui fonctionnent. Puisque le corps soignant est en grève, les malades crèvent sans personne pour les prendre en charge.

Je vous assure que dans cette campagne, vous ne devriez pas parler. Vous avez épuisé toutes vos réserves de promesses non tenues. Pour une fois, écoutez les gens pour savoir quels sont les besoins des gens. Ecoutez ce peuple sans cœur qui écoute vos discours qui sont comme un opium qui viendrait comme un palliatif adoucir sa mort lente.

Ce peuple n’a pas besoin de colmatage qui consiste à ramasser des gens par ethnie dans le gouvernement. Il a besoin de gens compétents et non partisans qui travaillent pour l’intérêt commun.

Avez-vu seulement su que pendant plus de 30, la cohabitation pacifique n’est devenue qu’un vain mot et que les éleveurs et les agriculteurs sont en situation de guerre larvée avec de temps en temps, des montée d’adrénaline ?

Quel Tchad pour demain ? Qui saurait dans ce pays répondre à cette question ? D’ailleurs, y-a-t-il une réponse à cette question ?




lundi 22 mars 2021

Vis tes rêves! (par Pascal Djimoguinan)

La vie est faite de rêves,
Les rêves qu’on assume et non ceux qu’on rejette.
Habille tes rêves de chair et d’os
Pas d’uniforme que porte l’anonyme plaisant
Et qu’on appelle pudiquement « d’honneur »
Habille tes rêves de tes convictions,
Plonge les dans le cambouis de ta vie
Qu’ils portent l’odeur de ta transpiration,
Qu’ils portent les traces de tes peurs
Qu’ils reflètent tes doutes
Habille tes rêves de tes joies et ton espoir
Et surtout, une fois que tu as habillé tes rêves,
VIS TA VIE!



mercredi 17 mars 2021

Tchad: Les serpents dans la brousse de Doba (par Pascal Djimoguinan)

             S’il vous arrive de vous promener dans la savane boisée du Sud du Tchad, particulièrement dans le Logone Oriental, en pays mongo, méfiez vous des lianes que vous trouverez sur votre chemin. Il suffit quelquefois d’un éclair vif à travers les herbes et c’est la mort qui se présente. Le serpent, puisqu’il faut dire son nom, est un danger permanent en brousse. Il est bien d’en connaître quelques-uns même si l’on ne doit pas s’en faire des amis.

Kəḿ oō mbayí aĺ : Serpent minute (Typhlopa)

Kulə̄ nga síndə̄ : Couleuvre inoffensive

Līī Káḿ : Serpent vert clair

Līī koókáā ou míndə ka̰ā̰ : Serpent au cou blanc

Līī-kún: Serpent minute (Typhlopa)

Līī man̄ : Serpent aquatique

Līī masə̄ : Serpent rouge-jaune qu’on trouve sur les arbres.

Līī ndil dow̄ : (Typhlopa noir)

Līī ngār (Ndubə) Python royal

Līī-súū-tanjə : Serpent tacheté

Mam : Python de Seba

Ndubə (Līī ngār) : Python royal

Ngandām : Vipère sifflante

Pal : Naja, cobra

Pii : Vipère






dimanche 14 mars 2021

Tchad, élection 2021 : 4 raisons d'avoir peur (par Pascal Djimoguinan)

             Au Tchad, l’année 2021 est celle des élections présidentielles. Si la campagne électorale a commencé le 11 mars et que le premier tour des élections est prévu pour le 11 avril, il y a plusieurs raisons d’avoir peur plutôt que d’espérer. Il nous semble que toutes ces raisons tournent autour de trois principales, indices d’un manque de maturité politique.

            La première des raisons d’inquiétude est que si, la lame de fond fait apparaître une unanimité quasi-générale des partis de l’opposition et de la société civile contre le candidat sortant, il a été impossible de s’entendre sur un candidat commun. Evidemment, cette incapacité au compromis est un grand handicap pour l’opposition car il va s’en dire qu’il y aura une grande dispersion des voix et le seul bénéficiaire ne pourra être que le candidat sortant. Cette première raison est consubstantielle à la deuxième.

            La deuxième raison vient de l’incapacité des différents acteurs de la politique tchadienne de se fédérer autour des idées politiques porteuses. Au lieu de cela, on constate une cristallisation autour de personnes. Les personnes peuvent bien être charismatiques mais il faut plutôt s’entendre sur des idées pour construire une nation avec des institutions fortes. On ne se soucie pas des idées mais on se préoccupe des candidats et chacun veut avoir son propre candidat.

            Si on ne s’entend pour sur les idées pour construire la nation, on n’a plus la force de l’argument ; alors la seule chose qui reste, c’est l’argument de la force. C’est ici que se trouve la troisième raison d’inquiétude. S’il n’y a plus d’idéaux à défendre, s’il n’y a pas d’idées commune, il ne reste plus que la force et la violence. Ainsi il est à craindre que la campagne présidentielle ne dégénère en violence de toutes sortes, ce qui rendrait le paysage politique illisible et l’avenir incertain.

            La dernière raison d’inquiétude enfin est que le clan et l’ethnie vont monter en puissance, même si l’on a vu ça et là quelques fissures se dessiner. Face à la violence politique et à l’incapacité de l’Etat à protéger ses citoyens, le seul refuge, le seul sanctuaire reste le clan ou l’ethnie. On ne se sent mieux protégé que par les siens. Au fur et à mesure que la campagne va s’amplifier, on verra que les regroupements se feront de plus en plus sur les bases régionales, claniques, ethniques.

            Faut-il parler du prologue ? Après avoir parlé de la dernière raison, sommes-nous en droit d’en ajouter une autre ? Pour ne pas blesser la logique aristotélicienne, nous parlerons simplement d’une raison qui traverse en diagonal toutes les autres raisons. Il s’agit du non-dit du discours. Chaque acteur de la politique tchadienne attend une solution, sans doute une panacée, qui viendra de l’extérieur, d’une puissance étrangère. Drôle de manie pour un peuple indépendant que de croire que la solution viendrait de l’extérieur. Cela est d’autant plus inquiétant. Cela est d’autant plus inquiétant que tous attendent un mot venant de la France pour que, comme par un Deux ex machina, la situation s’arrange. C’est à se demander combien de temps il faut encore attendre afin que les tchadiens deviennent les acteurs de leur propre émancipation.

            Faut-il dire que les dés sont irrémédiablement pipés et qu’il n’y a plus rien à faire ? Un sursaut est encore possible. Le propre de l’homme est de se montrer à la hauteur de la situation à n’importe quel moment, surtout quand on ne l’attend plus. Peut-on lire les retraits de certains candidats comme un réajustement pour arriver à un consensus ? Seul l’avenir nous le dira. En attendant, il faut croiser les doigts en espérant que le politique reprendra le dessus.



lundi 8 mars 2021

Mon Tchad brûle et toi... Tu dors (par Pascal Djimoguinan)

 Mon Tchad brûle et toi tu dors…

Je ne parle pas des petits Tchad que chacun veut réduire à son village, à son clan.

Mon Tchad brûle et pourtant tu dors

Le Tchad dont rêvaient les pères de l’indépendance s’en va sur des chemins miséreux

Où des intérêts partisans ont pris le dessus.

Mon Tchad brûle et pourtant tu dors

Et pourtant, il n’appartient à personne plus que d’autres

Personne n’y a des droits plus que d’autres.

Mon Tchad brûle et pourtant tu dors

Il n’y a pas de classe qui soit au-dessus des autres

A qui tout appartiendrait et qui ne donnerait aux autres que par condescendance !

Mon Tchad brûle et pourtant tu dors

Sans doute repu et en sécurité alors que les autres triment,

Véritables loques humaines en manque de reconnaissance.

Mon Tchad brûle et pourtant tu dors

Chacun est concerné, tous sont impliqués

Chacun y a place au soleil sans qu’il y ait de places privilégiées.

Mon Tchad brûle et pourtant tu dors

Le réveil risque d’être dur et les lendemains amers

Si nous faisons de notre pays un Tchad des parias, des apatrides, d’un peuple sans cœur

Mon Tchad brûle et tu dors

Avant-hier, Mangalmé brûlait et tu dormais

Puis le feu a pris à Faya et tout autour et tu dormais

Ce fut le tour de N’Djamena d’être à feu et à sang en 79 et tu dormais

Et maintenant…

Faut-il un son de cloches ou de canons, faut-il les pleurs des orphelins et des innocents ?

Que faut-il pour un sursaut national, à tous les niveaux.

Tant que le Tchad brûle, personne parmi nous n’est en sécurité

Faut-il que les fils et filles tuent la mère pour se partager sa carcasse boucanée ?

Mon Tchad brûle et tu dors

Debout et à l’ouvrage, tu as conquis ta terre et ton droit

Que l’on rebatte les cartes et que le reprennent selon les règles de l’art

Je rêve que chaque tchadien s’est réveillé

Je rêve que dans l’équite et dans l’égalité, chaque tchadien,

Du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest, mais aussi du Centre,

Chaque Tchadien, fier de l’être, affirme librement ses opinions

Sans être inquiété.

Mon Tchad ne doit pas brûler, mon Tchad doit rayonner dans le monde !

Ô mon pays, que Dieu te prenne en garde!