mercredi 15 mai 2013

Pourquoi le quatrième pouvoir fait-il si peur en Afrique ? (par Pascal Djimoguinan)


         
La démocratie s’est toujours méfiée de toute sorte de totalitarisme et de pouvoir absolu. Elle a essayé de mettre en place un système de séparation de pouvoir qui puissent s’équilibrer et éviter l’arbitraire et les abus. Les chantres de cette conception sont John Locke et  surtout Montesquieu.

            Cette séparation des pouvoirs distingue trois fonctions différentes au sein des régimes politiques : la fonction législative, la fonction exécutive et la fonction judiciaire.

- Le pouvoir législatif a pour fonction d’adopter les lois que les citoyens doivent suivre. Cette fonction est assurée par le parlement (et le sénat s’il existe).

- Le pouvoir exécutif est assuré par le gouvernement. Si le pouvoir législative adopte les lois, le pouvoir exécutif doit les exécuter.

- Le pouvoir judiciaire dépend des tribunaux et sa fonction est de faire respecter les lois.

            Si la doctrine de la séparation des pouvoirs insiste sur la fonction que chacun doit assurer, dans la pratique, il faut une grande vigilance parce que le pouvoir exécutif est toujours tenter de monopoliser tous les pouvoirs et de leur imposer son diktat. Ce glissement peut se faire d’autant plus facilement que le pouvoir exécutif fait souvent appel à la souveraineté nationale.

            A côté de ces pouvoirs classiques, on entend de plus en plus parler du quatrième pouvoir. Celui-ci concernerait la presse, les médias et tous les moyens de communication (dont les moyens sociaux modernes) qui permettent une forme de contre-pouvoir assez performant.

            S’il est plus facile pour un Etat totalitaire ou non démocratique de contrôler les trois pouvoirs classiques, cela est plus compliqué pour le quatrième pouvoir. Les gouvernements peuvent contrôler la presse et les moyens de communications officielles mais pas la presse privée.

            En Afrique où il y a souvent une collusion entre les trois pouvoirs classiques, tout l’arsenal judiciaire est utilisé pour mettre au pas le Quatrième pouvoir dont on se méfie à cause de sa liberté et de son indépendance par rapport aux doctrines officielles. Cela devient de l’acharnement quand il s’agit des blogs et autres moyens sociaux, surtout quand on connaît l’importance qu’ils ont eue dans le printemps arabe.

            De l’affaire Watergate aux Etats-Unis (1974) aux révolutions arabes, en passant par Wikileaks, le quatrième pouvoir a réussi à sortir de la tutelle des Etats pour voler de ses propres ailes.

            Les Etats en Afrique ne devraient pas se méfier du quatrième pouvoir mais plutôt savoir s’appuyer sur lui pour qu’il y ait plus de démocratie et plus de liberté. Les différents pouvoirs ne se contredisent pas mais ont un objectif comment, le développement des peuples.

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