mercredi 17 juillet 2019

Le jeu de la mort (par pascal Djimoguinan)

La vie est un jeu de cache-cache avec la mort,
Un jeu de dupe où dès le départ le vainqueur est connu.
Tout le temps aux aguets, la mort traque
Et l’homme s’ingénue à ne pas tomber dans le traquenard ;
Un jeu d’ombre qui ne lasse personne
Et les survivants chaque jour se comptent.
Toute la vie est remplie de morts et les morts sont dans la vie,
Un échange d’un flot en perpétuel mouvement
Et de la naissance à la mort chacun de nous est là,
Pleurant et riant de tout !


vendredi 12 juillet 2019

LU POUR VOUS/ La mort de Vincent Lambert nous met en face de nos contradictions (Bertrand Vergely, Aleteia 12 juillet 2019)


La tragédie de Vincent Lambert est le reflet d’une demande sociale contradictoire voulant tout et son contraire. « Nous ne savons pas si nous aimons la vie ou si nous aimons la mort parce que nous ne savons pas au fond ce que nous aimons et, plus en profondeur, parce que nous ne savons pas aimer tout court. »
La mort de Vincent Lambert et, auparavant, sa vie, relèvent de la tragédie à l’état pur, la tragédie résidant dans une contradiction irréductible. Vincent Lambert n’était pas en fin de vie. C’était un grand handicapé. À ce titre, ses parents ont raison. Il n’y avait pas à mettre fin à ses jours. En France, on ne tue pas les handicapés. C’est l’honneur de la France. On a beau être un handicapé, on n’en est pas moins un homme, souligne avec justesse André Comte-Sponville. De ce point de vue, mettre fin aux jours de Vincent Lambert, comme cela a été fait, relève du meurtre. Mais, par ailleurs, tétraplégique, plongé dans un état végétatif depuis onze ans, la vie de celui-ci était une torture. Et, vue de l’extérieur, une torture insupportable. De sorte que l’on est pris dans un conflit cornélien.
Un conflit cornélien
Que faut-il choisir ? La défense de la vie au détriment de la vie vivable ? Ou la fin de la vie invivable au nom de la vivable, au détriment du principe de défense de la vie ? Conflit cornélien. Alternative déchirante, insoutenable, toutes les solutions étant mauvaises. Que l’on mette fin aux jours de Vincent Lambert, on met à mal le principe de défense de la vie. Qu’on le laisse vivre, c’est une vie que l’on torture.



samedi 6 juillet 2019

Figure libre : Et si le coq n’avait pas chanté ? (par Pascal Djimoguinan)


Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta.
 Alors Pierre se rappela cette parole que Jésus lui avait dite :
« Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. »
 Et il fondit en larmes. (Mc 14,72)
            Drôle d’histoire que ce coq soit impliqué dans cette histoire qui traverse les âges. Depuis plus de deux millénaires, il est question de ce coq qui a chanté et qui a fait pleurer le brave Pierre. Ce pauvre coq ne pensait qu’à annoncer le soleil comme ses ancêtres l’ont toujours fait. Or il s’est trouvé que ce jour, sa destinée s’est attachée à celle de saint Pierre et il est devenu le coq le plus célèbre du monde. Il n’est plus de récit de la Passion sans qu’il ne soit évoqué : coq qui chante et fait pleurer.
            Et si seulement ce jour, le coq n’avait pas chanté ?… Question fort angoissante car cela aurait changé le cours de l’histoire…
            Si le coq n’avait pas chanté ce jour-là, le soleil ne se serait pas levé mais ce n’est pas le plus grave.
            Ce jour-là, saint Pierre n’aurait pas renié son ami et maître ; Judas n’aurait pas trahi Jésus. Jésus n’aurait pas pu naître ; Salomon n’aurait pas été roi, David n’aurait pas tué Goliath ; les hébreux n’auraient pas quitté l’Egypte, Moïse n’aurait pas pu naître en Egypte. Abraham serait resté en Mésopotamie. Caïn n’aurait pas tué Abel ; Adam et Ève n'auraient pas mangé le fruit; Dieu n’aurait pas créé le monde. Et le plus gros, le chant du coq n’aurait pas été considéré comme une nuisance sonore par les gaulois !
            Mais comme nous le voyons, le coq a chanté et Pierre a renié son ami et maître. L’histoire du coq qui aurait pu ne pas chanter est donc une bonne blague qui peut divertir en passant !



vendredi 5 juillet 2019

Tchad : Peut-on trouver des raisons d’espérer ? (par Pascal Djimoguinan)


            Est-il des Etats comme des hommes que l’âge rend plus sage et que le poids de l’expérience élève au rang des conseillers ? Chez les hommes, la cinquantaine marque le seuil qu’on franchit avec crainte et tremblement car on ne peut plus s’attendre à une certaine indulgence si on persiste dans les folies juvéniles.
            Cette année, à l’anniversaire de son indépendance (le 11 août), le Tchad aura soixante ans moins un. Faut-il s’en réjouir ? Y a-t-il des raisons d’espérer ?
            Faut-t-il faire l’inventaire de ces années-là ? Comment de régimes politiques a connu le pays ? Combien de républiques ? Quels bilans en tirer ?
            Il nous faut voir les différentes étapes parcourues par le pays. Il arrive à l’indépendance le 11 août 1960 sous la présidence de François Tombalbaye. Celui-ci sera assassiné le 13 avril 1975 dans un putsch militaire et sera remplacé par le général Felix Maloum. Après un cours moment de présidence, son successeur Lol Mahamat shoua va céder la place à Goukouni Oueddei. Par la suite, Hisseine Habré arrivé à évincer Goukouni, pour être renversé lui-même quelques années plus tard par Idriss Déby.
            On pourra dire qu’en 59 ans « d’indépendance », un président originaire du Sud du pays aura régné pendant 15 ans alors que des présidents originaires du Nord auront régné pendant 44 ans.
            Sur le plan éthique, financier, économique, quels ont été les acquis de chaque présidence ?
            S’il arrive que souvent on parle de clivage Nord-Sud, est-ce un mythe ou une réalité ? Pour dire les choses plus simplement, n’existe-il aucun malaise à être d’un côté du pays plutôt que de l’autre ? Est-ce qu’il y a vraiment une nation qui est en construction ? Peut-on vraiment parler de république au Tchad ?
            Il y a certainement des écueils à éviter pour retrouver une certaine honorabilité du pays. Sans être exhaustive, il faut dire qu’on doit éliminer la diya, rendre l’équité au couple éleveur-agriculteur, et enfin travailler à ce qu’il y ait une égalité entre tous les citoyens du pays.
            Que faut-il attendre des 60 ans du pays ? Peut-on encore rêver au Tchad ?








mercredi 3 juillet 2019

LU POUR VOUS/ NIGERIA - Appel de l’Association nationale des Juristes catholiques en vue de la réforme des structures de sécurité nationales


– « Le pays vit actuellement dans la pauvreté, l’insécurité, la résignation juvénile, l’analphabétisme, la privation, la faim, le chômage, l’exaltation des sentiments primordiaux, le repli ethnique, le népotisme et le fanatisme religieux, qui sont tous des maux s’opposant à la croissance et au développement optimaux du Nigeria » dénonce l’Association nationale des Juristes catholiques (NACL) qui lance un appel aux autorités afin qu’elles procèdent à la réforme de l’ensemble de la structure de sécurité du Nigeria.
Au cours de la réunion de leur Comité exécutif national, les Juristes catholiques ont mis en évidence le manque de transparence et de responsabilité à tous les niveaux qui caractérise la vie publique du pays.
« Le manque de responsabilité et de transparence est flagrant parmi les hommes politiques, les fonctionnaires et malheureusement également à l’intérieur des églises, des mosquées, des trois pouvoirs de l’Etat et au sein de la société en général. Ce scénario a rendu difficile une lutte efficace contre la corruption endémique dans le pays » affirme le communiqué portant la signature du Président de la NACL, Chukwuma Ezeala, et de son Secrétaire national, Angela Odunukwe.

Les Juristes suggèrent une réunion des parties intéressées permettant de relever les défis empêchant une bonne administration du pays.
A la rencontre intitulée « Le rôle des avocats catholiques au sein de l’Eglise et de la nation », ont participé S.Exc. Mgr Augustine Akubeze, Archevêque de Benin City et Président de la Conférence épiscopale du Nigeria, S.Em. le Cardinal John Onaiyekan, Archevêque d’Abuja, S.Exc. Mgr Matthew Ndagoso, Archevêque de Kaduna, S.Exc. Mgr Mathew Hassan Kukah, Evêque de Sokoto, et S.Exc. Mgr Anselm Umorem, Evêque auxiliaire d’Abuja. (L.M.) (Agence Fides 03/07/2019)



lundi 1 juillet 2019

Tchad : Un collège jésuite à Kyabé ? (par Pascal Djimoguinan)


Devant les besoins énormes qui se présentent tant sur le plan de l’éducation que de la formation humaine, les jésuites ont décidé d’ouvrir un autre collège au sud du Tchad, plus précisément à Kyabé, dans le Lac Iro.
            C’est ainsi qu’est en train de sortir littéralement de terre le Lycée-Collège Technique saint Robert Bellarmin.
            La première rentrée académique a eu lieu le 1er octobre 2018 avec 87 élèves pour commencer la classe de 6ème. Pour commencer, deux classes de 6èmes ont ouvert leur porte avec 44 élèves dans l’une et 43 dans l’autre.
            Dès le départ, il fallait que le niveau soit bon ; ainsi des tests ont eu lieu pour les recrutements.
            Le premier constat est que les filles sont en train de prendre très au sérieux l’éducation dans tout le système des collèges. Sur les 87 élèves admis, 47 étaient des filles. Les garçons n’étaient que 42. Il ne faut pas croire que cela serait dû à une sorte de discrimination positive pour les filles. Tout le recrutement s’est fait sur la base du mérite et les filles admises l’ont bien mérité. La preuve en est qu’à la fin de l’année scolaire, les résultats ont reflété cet état de fait. 74 élèves (dont 40 filles) sont passés en classe supérieure. 6 élèves dont 4 filles redoublent la classe, 2 filles doivent passer un test avant de passer en classe supérieure. Il y a eu 5 exclus dont une fille.
            L’établissement a fonctionné avec 11 professeurs, 4 personnes dans l’administration et 1 sentinelle.
            Le directeur est le père Erbi Alcali sj et le préfet des études Eric Djérareou sj.
            Les classes de 5ème, 4ème et 3ème s’ouvriront au fil des années, au fur et à mesure que les élèves passeront en classe supérieure. Pour l’année 2018-2019, s’ouvrira la classe de 5ème.
            Dans tout le premier cycle, c’est l’enseignement général. Ce sera à partir du second cycle que commenceront les filières techniques.
            Les différentes filières techniques du collège seront telles qu’elles pourront répondre aux besoins de kyabé. Pour le moment, 4 filières ont été retenues mais peut-être qu’avec le temps, d’autres besoins se feront sentir. Il y aura donc les filières suivantes : la menuiserie métallique, l’administration commerciale, mécanique-électricité et enfin agriculture-élevage.
            Il faut oser espérer que les élèves qui sortiront du lycée-collège technique saint Robert Bellarmin seront des hommes et des femmes qui accepteront de se mettre au service des autres et s’attelleront à la construction de la nation tchadienne.
            La réussite de la formation des jésuites n’est pas seulement dans l’obtention des diplômes à la fin des cycles mais plutôt dans le fait que les hommes et les femmes formés deviennent des hommes et des femmes pour les autres. Le défi est grand, à la fois pour les jésuites et pour leurs anciens élèves. La première promotion sortira en 2025 alors wait and see.