vendredi 30 septembre 2022

TCHAD/ La cérémonie de la remise de la dot dans les régions du Tchad (par Pascal Djimoguinan)

 Au Tchad comme dans beaucoup d’autres pays africains, l’une des étapes très importante du mariage est la dot. On peut pratiquement dire que si la dot n’est pas versée, le mariage ne peut pas avoir lieu. Il n’y a pas de week-end sans cérémonie de dot au Tchad. Des élèves de la classe de 2de L2 au Lycée-Collège Charles Lwanga se sont penchés sur la question. Nous avons ici les copies les plus représentatives de la classe.

 

Lomréta Gladys

La dot est un mariage traditionnel avec l’acc ord des deux familles ; c’est aussi une compensation en bien ou en services versée par le futur époux à la future épouse. Cette cérémonie de la remise de la dot se passe selon les régions et les religions. Nous allons ici dire comment cette cérémonie se passe chez nous les Sars.

Il y a tout d’abord l’arrivée et la mise en place de la famille de l’époux chez l’épouse. Cela se fait sous des cris de joie et des youyous des femmes, accompagnés des battements des mains. Certaines femmes entonnent des chants qui sont accompagnés de battements de tamtams. Toute cette animation crée une ambiance de fête.

Ensuite, trois jeunes femmes sont chargées d’apporter de l’eau à boire pour accueillir la belle famille et exprimer leurs sentiments de joie. Généralement, ce sont les amies de l’épouse qui sont en charge de cette tâche.

Après la présentation des représentants des deux familles, on procède au versement de la dot et des présents apportés par la famille de l’époux (colis, pagnes, savons, sucre, thé, chaussures…). L’argent et les présents remis seront partagés entre le père, la mère, les tantes et oncles paternels et maternels. Le reste sera pour les autres membres de la famille.

Après la cérémonie, la belle famille retourne chez elle. La fête peut continuer jusqu’au soir.

Il y a différents symboles utilisés chez les sars pendant la remise de la dot.

L’eau dans une calebasse : c’est le signe de la fraternité et d’accueil des hôtes.

L’argent remis : c’est en signe de compensation fournis par l’époux pour l’absence que causera le départ de la fiancée de sa famille.

Pois de terre, mil, maïs dans un panier traditionnel : cela est synonyme de l’abondance et de la fécondité dans le foyer.

Une liane d’un arbre spécial : bien que le foyer soit un feu, les mariés doivent s’unir (s’attacher) pour affronter les différends de la vie et respecter les promesses faites devant Dieu et devant les hommes.

Une colombe vivante : il s’agit ici d’un symbole de paix et d’union entre les deux familles.

 

Ndilabaye Padja Ronel

Une cérémonie est un acte solennel accompagnant un culte religieux, qui regroupe plusieurs personnes pour manifester la joie. La question fondamentale est de celle de savoir comment s’organise la cérémonie de la remise de la dot et de donner le sens des symboles utilisés.

Parlant de la dot, c’est le bien qu’un des contractant du mariage apporte en se mariant. La dot est très importante car c’est l’honneur de la famille. Nous avons plusieurs religions et cette cérémonie s’organise différemment selon les lieux. Dans ma région, quand s’organise la cérémonie de la dot, il est bon d’informer toute la famille de près ou de loin afin qu’ils puissent assister physiquement, spirituellement et financièrement.

Avant de prévenir sa famille, le fiancé doit se préparer sur le plan financier pour être capable de prendre les choses en charge.

Avant la cérémonie, il doit y avoir cinq ou six réunions des familles pour se préparer et arranger les choses (la nourriture, les habits que doivent porter les parents, etc.).

Le fiancé et sa famille doivent donner à la belle-famille un bœuf et un autre pour la famille afin de préparer le repas de fête.

Le jour de la fête, le matin, la famille du fiancé arrive chez les parents de la fille en apportant plusieurs choses :

- Une calebasse contenant des pois de terre et du mil pénicillaire,

- Les ingrédients pour la sauce longue et du poisson fumé,

- Du savon, les crèmes, des flacons de parfum, les étoffes, les mouchoirs de tête

- Les produits de beauté.

Toutes ces choses sont apportées chez les beaux-parents. Ceux-ci, de leur côté, préparent la place pour accueillir leurs visiteurs. A l’arrivée des visiteurs, une chanson s’élève, ou à défaut, on joue de la musique moderne sur les appareils avec des grands baffles.

Après quelque temps, la parole est laissée à la belle-famille hôte. Une natte sera amenée pour les négociateurs des deux côtes qui y prendront place. Ce sera le moment de la remise de l’argent de la dot. Une joute oratoire commence pour fixer le prix à payer.

Deux ou trois femmes viendront ensuite avec de l’eau dans une calebasse pour les beaux-parents ; après avoir bu l’eau, les deux familles représentées par leurs négociateurs se lèveront de la natte et chacun essaiera d’arracher la natte des mains de l’autre famille ; ils finiront par remettre la natte à la famille du garçon, de même que la calebasse qui avait contenu de l’eau. La famille de la fille remerciera celle du garçon avant que celle-ci ne prenne congé.

La famille de la fiancée doit apporter de la nourriture chez le garçon pour la fête. Lorsque la délégation des femmes arrive, celles-ci doivent être payées avant de déposer la nourriture ; c’est alors que le repas de fête peut commencer.

A la fin, le jeune marié doit remercier sa famille pour l’assistance qu’il a reçue.

En somme la dot unit l’homme et la femme et c’est un choix libre entre les conjoints. Nous avons aussi beaucoup de signes qui accompagnent la dot ; il s’agit des condiments pour la sauce longue, une calebasse contenant un peu de pois de terre et du mil pénicillaire, des boules de savons, des étoffes, du parfum…

 

Allandiguim Eliane :

La dot est définie comme l’ensemble des biens que la famille d’un homme apporte chez la famille d’une femme pour symboliser une demande en mariage. Ainsi, nous allons dire comment la cérémonie de la remise de la dot se passe dans notre région et expliquer les différents symboles utilisés lors de la cérémonie.

Dans ma région au sud du Tchad, la cérémonie de la remise de la dot se passe comme suit. La famille de l’homme, après s’être entendue avec la famille de la fille sur le jour de la remise de la dot, organise une petite fête familiale, puis elle se rend chez la belle famille, mais sans leur fils.

Ce sont les sages de la famille qui sont choisis pour discuter avec les parents de la fiancée. Arrivés chez les beaux-parents, ces sages seront accueillis par la belle-famille. On leur présentera des sièges pour s’asseoir alors que tout le reste de la famille va s’asseoir par terre. On servira de l’eau aux sages, mais ceux-ci ne boiront pas. Une joute oratoire va s’engager avec ces sages et les représentants de la famille de la fille sur le montant de la dot. Une fois qu’ils se sont mis d’accord, la somme sera versée ; les parents de la fille recevront leur part, la maman en première position, puis le père.

Après cela, d’autres choses seront encore remises comme des étoffes, des tasses (des soupières et des cuvettes), du savon, des crèmes de beauté, et aussi de la boisson et bien d’autres choses pour permettre à la fiancée de s’installer dans son foyer. Quand toutes ces choses sont remises, les gens chantent et dansent avec des youyou, puis la famille du nouveau marié rentre chez elle pour continuer la suite de la fête.

En somme, la cérémonie de la dot se passe avec beaucoup de sérieux et de respect et les deux familles dialoguent longuement avant d’arriver à une conclusion. Les symboles utilisés représentent donc les biens envoyés par l’homme pour montrer son désir de sa femme et sa reconnaissance envers la belle-famille.

Au Tchad comme dans beaucoup d’autres pays africains, l’une des étapes très importante du mariage est la dot. On peut pratiquement dire que si la dot n’est pas versée, le mariage ne peut pas avoir lieu. Il n’y a pas de week-end sans cérémonie de dot au Tchad. Des élèves de la classe de 2de L2 au Lycée-Collège Charles Lwanga se sont penchés sur la question. Nous avons ici les copies les plus représentatives de la classe.

 

Lomréta Gladys

La dot est un mariage traditionnel avec l’acc ord des deux familles ; c’est aussi une compensation en bien ou en services versée par le futur époux à la future épouse. Cette cérémonie de la remise de la dot se passe selon les régions et les religions. Nous allons ici dire comment cette cérémonie se passe chez nous les Sars.

Il y a tout d’abord l’arrivée et la mise en place de la famille de l’époux chez l’épouse. Cela se fait sous des cris de joie et des youyous des femmes, accompagnés des battements des mains. Certaines femmes entonnent des chants qui sont accompagnés de battements de tamtams. Toute cette animation crée une ambiance de fête.

Ensuite, trois jeunes femmes sont chargées d’apporter de l’eau à boire pour accueillir la belle famille et exprimer leurs sentiments de joie. Généralement, ce sont les amies de l’épouse qui sont en charge de cette tâche.

Après la présentation des représentants des deux familles, on procède au versement de la dot et des présents apportés par la famille de l’époux (colis, pagnes, savons, sucre, thé, chaussures…). L’argent et les présents remis seront partagés entre le père, la mère, les tantes et oncles paternels et maternels. Le reste sera pour les autres membres de la famille.

Après la cérémonie, la belle famille retourne chez elle. La fête peut continuer jusqu’au soir.

Il y a différents symboles utilisés chez les sars pendant la remise de la dot.

L’eau dans une calebasse : c’est le signe de la fraternité et d’accueil des hôtes.

L’argent remis : c’est en signe de compensation fournis par l’époux pour l’absence que causera le départ de la fiancée de sa famille.

Pois de terre, mil, maïs dans un panier traditionnel : cela est synonyme de l’abondance et de la fécondité dans le foyer.

Une liane d’un arbre spécial : bien que le foyer soit un feu, les mariés doivent s’unir (s’attacher) pour affronter les différends de la vie et respecter les promesses faites devant Dieu et devant les hommes.

Une colombe vivante : il s’agit ici d’un symbole de paix et d’union entre les deux familles.

 

Ndilabaye Padja Ronel

Une cérémonie est un acte solennel accompagnant un culte religieux, qui regroupe plusieurs personnes pour manifester la joie. La question fondamentale est de celle de savoir comment s’organise la cérémonie de la remise de la dot et de donner le sens des symboles utilisés.

Parlant de la dot, c’est le bien qu’un des contractant du mariage apporte en se mariant. La dot est très importante car c’est l’honneur de la famille. Nous avons plusieurs religions et cette cérémonie s’organise différemment selon les lieux. Dans ma région, quand s’organise la cérémonie de la dot, il est bon d’informer toute la famille de près ou de loin afin qu’ils puissent assister physiquement, spirituellement et financièrement.

Avant de prévenir sa famille, le fiancé doit se préparer sur le plan financier pour être capable de prendre les choses en charge.

Avant la cérémonie, il doit y avoir cinq ou six réunions des familles pour se préparer et arranger les choses (la nourriture, les habits que doivent porter les parents, etc.).

Le fiancé et sa famille doivent donner à la belle-famille un bœuf et un autre pour la famille afin de préparer le repas de fête.

Le jour de la fête, le matin, la famille du fiancé arrive chez les parents de la fille en apportant plusieurs choses :

- Une calebasse contenant des pois de terre et du mil pénicillaire,

- Les ingrédients pour la sauce longue et du poisson fumé,

- Du savon, les crèmes, des flacons de parfum, les étoffes, les mouchoirs de tête

- Les produits de beauté.

Toutes ces choses sont apportées chez les beaux-parents. Ceux-ci, de leur côté, préparent la place pour accueillir leurs visiteurs. A l’arrivée des visiteurs, une chanson s’élève, ou à défaut, on joue de la musique moderne sur les appareils avec des grands baffles.

Après quelque temps, la parole est laissée à la belle-famille hôte. Une natte sera amenée pour les négociateurs des deux côtes qui y prendront place. Ce sera le moment de la remise de l’argent de la dot. Une joute oratoire commence pour fixer le prix à payer.

Deux ou trois femmes viendront ensuite avec de l’eau dans une calebasse pour les beaux-parents ; après avoir bu l’eau, les deux familles représentées par leurs négociateurs se lèveront de la natte et chacun essaiera d’arracher la natte des mains de l’autre famille ; ils finiront par remettre la natte à la famille du garçon, de même que la calebasse qui avait contenu de l’eau. La famille de la fille remerciera celle du garçon avant que celle-ci ne prenne congé.

La famille de la fiancée doit apporter de la nourriture chez le garçon pour la fête. Lorsque la délégation des femmes arrive, celles-ci doivent être payées avant de déposer la nourriture ; c’est alors que le repas de fête peut commencer.

A la fin, le jeune marié doit remercier sa famille pour l’assistance qu’il a reçue.

En somme la dot unit l’homme et la femme et c’est un choix libre entre les conjoints. Nous avons aussi beaucoup de signes qui accompagnent la dot ; il s’agit des condiments pour la sauce longue, une calebasse contenant un peu de pois de terre et du mil pénicillaire, des boules de savons, des étoffes, du parfum…

 

Allandiguim Eliane :

La dot est définie comme l’ensemble des biens que la famille d’un homme apporte chez la famille d’une femme pour symboliser une demande en mariage. Ainsi, nous allons dire comment la cérémonie de la remise de la dot se passe dans notre région et expliquer les différents symboles utilisés lors de la cérémonie.

Dans ma région au sud du Tchad, la cérémonie de la remise de la dot se passe comme suit. La famille de l’homme, après s’être entendue avec la famille de la fille sur le jour de la remise de la dot, organise une petite fête familiale, puis elle se rend chez la belle famille, mais sans leur fils.

Ce sont les sages de la famille qui sont choisis pour discuter avec les parents de la fiancée. Arrivés chez les beaux-parents, ces sages seront accueillis par la belle-famille. On leur présentera des sièges pour s’asseoir alors que tout le reste de la famille va s’asseoir par terre. On servira de l’eau aux sages, mais ceux-ci ne boiront pas. Une joute oratoire va s’engager avec ces sages et les représentants de la famille de la fille sur le montant de la dot. Une fois qu’ils se sont mis d’accord, la somme sera versée ; les parents de la fille recevront leur part, la maman en première position, puis le père.

Après cela, d’autres choses seront encore remises comme des étoffes, des tasses (des soupières et des cuvettes), du savon, des crèmes de beauté, et aussi de la boisson et bien d’autres choses pour permettre à la fiancée de s’installer dans son foyer. Quand toutes ces choses sont remises, les gens chantent et dansent avec des youyou, puis la famille du nouveau marié rentre chez elle pour continuer la suite de la fête.

En somme, la cérémonie de la dot se passe avec beaucoup de sérieux et de respect et les deux familles dialoguent longuement avant d’arriver à une conclusion. Les symboles utilisés représentent donc les biens envoyés par l’homme pour montrer son désir de sa femme et sa reconnaissance envers la belle-famille.



mercredi 28 septembre 2022

TCHAD : Quand tombe le soir (par Pascal Djimoguinan)

Quand tombe le soir et que le soleil décline,

A l’orée des bois, le loup pointe son nez

Portant la malédiction sur son parcours pour les brebis

Bien sages dans leur enclos.

Cette petite histoire sans doute est celle du Tchad

Dont nous pourrons chercher la malédiction

Qui depuis des lustres ne cesse de tancer l’histoire.

Dudit dialogue qui n’est qu’une arnaque

Montée de toute pièce pour frauder la légitimité du peuple.

La souveraineté dont elle se pare, le dialogue pense se passer du peuple

Et ne veut entendre parler d’un référendum.

Il décidera seul de l’avenir d’un pays.

Voilà le loup et sa malédiction, voilà notre malédiction.

Puisse le ciel nous en épargner





vendredi 23 septembre 2022

TCHAD : Déclaration de l'évêque de Sarh sur la situation du pays (par Pascal Djimoguinan)

            Chers auditeurs et auditrices de Radio Lotiko, Bonjour !

Je suis de retour à Sarh après une période de deux mois en dehors du diocèse ; d’abord en Guinée Equatoriale pour une rencontre des évêques de notre sous-région, l’ACERAC, ensuite, à Fatima où j’ai prié la Vierge Marie, apparue en ce lieu, et en Espagne où j’ai fait mon bilan de santé. Dieu merci, ma santé est en général bonne, malgré un problème lombaire qui me handicape un peu, mais qui ne m’empêche pas d’exercer mon ministère de pasteur de cette église.

            Depuis mon arrivée à N’Djamena le 9 septembre, je me suis retrouvé avec une situation assez difficile dans notre pays. D’abord les assises du Dialogue National Inclusif et Souverain que nous croyions tous, qu’il serait l’opportunité pour parler, des maux qui minent notre pays, sincèrement, et pour chercher ensemble de nouvelles bases pour la fondation d’un Tchad nouveau dont nous rêvons tous.

            L’Eglise Catholique au Tchad, fait partie de ce pays, et nous ne pouvions pas rester en dehors de ces assises, à regarder les autres faire. Pour cela, plusieurs évêques, prêtres et laïcs, ont pris part, pendant plusieurs semaines, à ces assises. Ais vue le manque d’un vrai dialogue inclusif, les évêques ont décidé de se retirer, tout en continuant à prier et à œuvrer pour que, dans notre pays, nous puissions arriver un jour, à vivre ensemble dans un pays où règnent l’égalité, la vérité, la justice et la paix, selon le modèle du Royaume de Dieu.

            Ensuite, j’ai trouvé une situation grave, qui prévaut dans beaucoup de zones de notre pays, en particulier aussi dans nos deux provinces du Moyen-Chari et du Mandoul. Je veux parler des inondations, qui ont détruit une bonne partie de nos récoltes, ce qui signifie qu’une partie de la population de notre diocèse va être confrontée à une période de famine. Espérons que l’Etat et les organismes internationaux nous viendront en aide. Je compatis avec toute cette population affectée par ce phénomène, et je prie Dieu afin que nous puissions trouver la manière de faire, face à cette situation.

            Quelques jours après mon arrivée à Sarh, un événement très grave s’est produit dans le département du Lac Iro. Le pasteur que je suis ne peut pas être loin des brebis qui souffrent ; alors je suis allé ce dimanche à Kyabé. Comme la situation n’était pas calme, je n’ai pas pu aller au-delà de Kyabé. Mais, là-bas, j’ai pu entendre des témoignages directs de ce qui s’est passé. Une fois de plus, le sang a été versé sur notre terre. Une fois de plus, des innocents sont morts par la méchanceté de certaines personnes armées des armes de feu, ou blessées. Une fois de plus, il y a eu dévastation des champs des cultivateurs, ce qui va s’ajouter encore à la famine provoquée par les inondations. Une fois de plus, il y a eu destruction de biens d’une population qui vit déjà dans la pauvreté.

Dieu entend les cris du malheureux et il fera un jour justice, soyez en sûrs.

En attendant, c’est l’autorité de l’Etat qui doit agir. Pour cela, une fois de plus encore, je lance un appel à ceux qui détiennent l’autorité dans notre pays et dans notre province, les autorités administratives et judiciaires en particulier. Je leur demande de dire la vérité sur ce qui s’est passé, et pour cela, il faudra continuer les investigations et interroger les uns et les autres, avec du respect pour les personnes et pour la vérité ; vérité qui ne doit pas être cachée ni manipulée.

En plus de cet appel à la vérité, je lance un appel à la justice. Sans justice, nous ne pourrons jamais arriver à la paix. Nous sommes assoiffés de justice et nous clamons vers Dieu pour qu’il touche le cœur de ceux qui sont établis pour rendre justice au peuple.

Au moins depuis 2019, et les premiers événements de Sandana, nous attendons cette justice. Malheureusement, il y a beaucoup de gens qui sont habités par des forces diaboliques et qui ne veulent pas que les choses changent et que justice soit faite.

Finalement, je lance un appel à la solidarité vis-à-vis des gens qui souffrent, qui ont perdu des parents et des biens matériels. Cet appel va à l’encontre des autorités, mais aussi de nous tous, personnes concrètes, communautés, organismes nationaux et internationaux.

Je profite aussi pour présenter mes condoléances aux familles endeuillées et ma compassion aux blessés, en priant Dieu pour qu’ils retrouvent vite la santé, et les autres, la paix au ciel. Et je vous demande de prier tous pour que nos familles et nos villages retrouvent aussi vite que possible le calme et la vie normale.

Que le Dieu de la paix vous bénisse tous.

Monseigneur Miguel Angel Sebastien

Evêque de Sarh.

mardi 20 septembre 2022

Tchad : Et si le Dialogue National Inclusif n'était qu'un leurre (par Pascal Djimoguinan)

             Les chasseurs pêcheurs savent bien ce qu’est un leurre. C’est un artifice qu’ils utilisent pour cacher le piège qu’ils tendent. Ainsi au sens figuré, le leurre est ce qu’utilisent tous les vendeurs d’illusions pour attirer et tromper. C’est en ce sens que porte notre interrogation par rapport au Dialogue National Inclusif.

            Au lendemain de la mort du président Deby, la question était de savoir comment allait se passer la succession. Les perspectives n’étaient pas très reluisantes pour la junte qui se préparait à prendre le pouvoir. Comment faire passer la chose tant sur le plan national que sur le plan international ?

            Le président français Emmanuel Macron s’est servi d’un miroir aux alouettes pour adouber son filleul. L’Union Africaine a répercuté l’illusion. L’étonnement a été tellement grande que tout s’est passé comme une lettre à la poste. Alors que partout en Afrique, les putschs étaient condamnés, celui du Tchad, dès les fons baptismaux, a reçu la bénédiction des institutions internationales avec pour cadeau, un délai de dix huit mois pour la transition.

            Pour dorer la pilule, il y a eu tout une mise en scène, dont nous ferons l’économie de détails, pour montrer que la succession n’était pas possible sur le plan constitutionnel (le président de l’assemblée nationale, qui aurait dû accéder à la magistrature suprême en cas de vacance du pouvoir, n’était pas disponible pour des raisons médicales. Cela ne l’empêchera pas d’ailleurs à prendre la tête de son parti politique).

            L’acte 1 du scenario a été joué avec brio et c’est le peuple tchadien qui est le dindon de la farce.

            Un problème va bientôt s’élever. Le temps ne triche pas. On ne peut pas le tromper. Il n’y a qu’en poésie où l’on peut demander au temps de suspendre son vol. Les dix-huit mois de la transition se sont égrenés avec la précision d’une minuterie qui ne dépend pas d’une volonté humaine. Le cycle des saisons, ayant toujours été un mystère pour l’homme qui n’a aucun pouvoir sur lui. Il fallait donc que se joue l’acte 2.

            Tel un magicien en mal du sensationnel, le Président du Conseil militaire de transition (PCMT) sortira de son chapeau le Dialogue National, comme moyen idéal pour préparer les élections démocratiques et redonner le pouvoir aux civils.

            Sur le papier, cela se présente bien. Mais comment préparer les élections ? Quelle sera l’équipe en place pour le faire ?

            C’est ici qu’il y a un quiproquo savamment entretenu par le pouvoir en place. Si pour la société civile et les partis de l’opposition, ce dialogue a pour but de tracer une voie précise vers une passation de pouvoir aux civils avec le retrait de la junte militaire, pour le parti du défunt président (Mouvement Patriotique du Salut -MPS-) et pour les militaires, ce dialogue ne doit être qu’un prétexte pour prolonger la transition en vue de préparer les élections. Ainsi, tout est mis en œuvre pour que le fameux dialogue ne devienne en fait qu’une partition jouée par un autiste emmuré dans un donjon.

            Les conditions posées par les acteurs majeurs de la vie militaro-politique n’ont pas été acceptées par le pouvoir. Beaucoup de participants au Dialogue National inclusif se sont retirés parce qu’ils se sont rendus compte que les conditions n’étaient pas réunies pour un véritable dialogue.

Pendant que cette grande messe qui ressemble à une mascarade a lieu, un massacre à grande échelle, rappelant les heures sombres du Darfour soudanais, se perpétue dans le Lac Iro.

Montem peperit murem. On ne sera pas surpris que les conclusions du Dialogue National demandent une prolongation de la transition. Too much ado about nothing. Tout ce qui a été organisé n’avait pour but que d’amuser la galerie. On prend les mêmes et on contenue. La parturiente a accouché, qu’importe le nourrisson, même si ce n’est qu’une souris. Le but recherché aura été trouvé. L’heure des patriotes n’a pas encore sonné. Ils n’auront que leurs yeux pour pleurer.