vendredi 3 mai 2013

Et si l’armée tchadienne se retirait de la RCA ! (par Pascal Djimoguinan)


Avec les troubles que connaît la RCA depuis plus d’une décennie, les Etats de la sous-région (la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale) maintiennent dans le pays une force de maintien de paix, la FOMAC (Force multinationale de l’Afrique centrale). Parmi les pays qui constituent cette force, il y a le Tchad ; or il se trouve qu’une grande réserve s’observe de la part des centrafricains par rapport aux éléments tchadiens de la FOMAC. Dans ces conditions, il faut avoir le courage de se demander si le maintien des militaires tchadiens en Centrafrique est sain et si cela favorise la paix.

            Pour le moment, pour les centrafricains, de fortes présomptions planent sur la neutralité du Tchad dans la crise que connaît le pays. Un faisceau d’indices semble leur donner raison :

- D’abord, il y a le président déchu, Bozizé, qui a, à plusieurs reprises, accusé le Tchad d’avoir aidé les forces de la Séléka dans leur marche vers Bangui et dans la prise de la capitale.

- Plusieurs éléments de la Séléka parlent arabe et leurs uniformes sont semblables à celles de l’armée tchadienne, notamment le port du chèche.

- En Centrafrique, il y a une équivalence entre tchadien et musulman ; or il se trouve que la plupart des éléments de la Séléka sont des musulmans ; de là, il y a une conclusion que d’aucuns n’hésitent pas à tirer.

            En somme, ne s’agit-il que d’une simple conjoncture ? Toujours est-il qu’il faut un minimum de confiance pour pouvoir faire partie d’une force maintien de la paix. Avec ces événements qu’a connus le pays, il y a plutôt une hostilité grandissante contre les tchadiens et il ne faut pas chercher à envenimer les choses.

Il serait plus raisonnable que le Tchad se mette en réserve pour capitaliser ce qui peut encore rester comme confiance entre les deux pays. Pour préserver un avenir de paix et pour être capable d’aider ultérieurement si le besoin se fait sentir, le Tchad a intérêt à retirer ses militaires de la FOMAC présente en RCA. Il faudra donc donner aux autres Etats la possibilité d’augmenter l’effectif de leurs hommes présents en Centrafrique ; ceux-ci pourront assurer la sécurité dans Bangui et dans ses provinces. Il est encore possible de sauver les meubles et cela dépend d’un courage politique de la part du Tchad. Il faut agir et vite.

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