jeudi 2 mai 2013

Qu'est-ce que la démocratie en Afrique (par Pascal Djimoguinan)


Il faut peut-être partir de la situation actuelle pour déterminer ce que la plupart des gens pensent être la démocratie en Afrique.

            Que voyons-nous lorsque nous ayons de plonger nos regards sur la scène politique africaine ? Nous voyons que dans la plupart des Etats, il y a plusieurs partis politiques, il y a plusieurs journaux, il y a des associations qui représentent la société civile et régulièrement, il y a des élections.

            Les apparences sont sauves ! Il y a la démocratie en Afrique.

            Cependant, nous savons qu’il ne suffit pas de s’arrêter aux apparences et ne se contenter que de ce qui pourrait enfler notre égo d’africains. Poussons la réflexion plus loin et demandons-nous ce qu’il en est réellement de la représentation des masses dans la chose publique.

            Vous avez dit plusieurs partis politiques ? Que représentent-ils et qui représentent-ils ?

            - Si nous commencions par le parti au pouvoir, quelle représentation ont ses candidats aux les législatives ? Souvent, ce sont des gens envoyés de la capital dans les différentes circonscriptions et que personne ne connaît vraiment. A cause du mot d’ordre du parti, on doit les soutenir et voter pour eux. Dans ces circonstances, l’intérêt des populations de ces régions ne prime pas. La discipline du parti passe par là.

            - Les partis d’opposition : d’où tirent-ils leurs ressources ? S’ils sont financés par le parti au pouvoir, il s’agit souvent des partis satellites dont le rôle est de bouleverser la stratégie de l’opposition. S’ils sont financés par l’étranger, cela signifie qu’ils ne représentent que les intérêts des multinationaux. Ils ne défendront par l’intérêt des peuples mais plutôt ceux du libéralisme financier mondial. La population aura à en payer les frais. Et les partis qui ne sont pas sponsorisés, sont-ils sérieux ? Leurs leaders peuvent-ils garder leur intégrité jusqu’au bout ? Cela supposerait pour eux de sacrifier leurs enfants et leurs ambitions personnelles. Qui est capable d’offrir son enfant sur l’autel de l’intégrité alors que ceux des autres ont tous les moyens pour étudier et monter sur l’échelle sociale ?

            Et la presse peut-elle vraiment être indépendante ? La presse privée peut-elle avoir assez de ressources pour payer les journalistes ? Cela supposerait qu’elle puisse avoir des contrats avec des sociétés dont elle peut publier les encarts publicitaires ; mais quand on sait la collusion qui existe entre certains opérateurs économiques et le pouvoir en Afrique, on doute fort qu’ils puissent collaborer avec la presse indépendante. Certains journalistes sont donc obligés de se faire payer par ceux dont ils couvrent les manifestations ou les différentes cérémonies. Dans ces circonstances, on se doute bien que le recul avec les événements ne soit pas très grand.

            La société civile elle aussi essaie de tirer son épingle du jeu. Les syndicats, les associations de femmes, les ligues de Droits de l’homme essaient tant bien que mal de lutter pour qu’il y ait plus de liberté.

            La démocratie se construit en Afrique ; ce n’est pas tant la fréquence des élections que la vivacité des libertés civiles qui sont un thermomètre qui indique l’état de la santé de l’Afrique. Il faut arriver à ne plus tripatouiller les constitutions.

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