Il faut peut-être
partir de la situation actuelle pour déterminer ce que la plupart des gens
pensent être la démocratie en Afrique.
Que voyons-nous lorsque nous ayons de plonger nos regards
sur la scène politique africaine ? Nous voyons que dans la plupart des
Etats, il y a plusieurs partis politiques, il y a plusieurs journaux, il y a
des associations qui représentent la société civile et régulièrement, il y a
des élections.
Les apparences sont sauves ! Il y a la démocratie en
Afrique.
Cependant, nous savons qu’il ne suffit pas de s’arrêter
aux apparences et ne se contenter que de ce qui pourrait enfler notre égo
d’africains. Poussons la réflexion plus loin et demandons-nous ce qu’il en est
réellement de la représentation des masses dans la chose publique.
Vous avez dit plusieurs partis politiques ? Que
représentent-ils et qui représentent-ils ?
- Si nous commencions par le parti au pouvoir, quelle
représentation ont ses candidats aux les législatives ? Souvent, ce sont
des gens envoyés de la capital dans les différentes circonscriptions et que
personne ne connaît vraiment. A cause du mot d’ordre du parti, on doit les
soutenir et voter pour eux. Dans ces circonstances, l’intérêt des populations
de ces régions ne prime pas. La discipline du parti passe par là.
- Les partis d’opposition : d’où tirent-ils leurs
ressources ? S’ils sont financés par le parti au pouvoir, il s’agit
souvent des partis satellites dont le rôle est de bouleverser la stratégie de
l’opposition. S’ils sont financés par l’étranger, cela signifie qu’ils ne
représentent que les intérêts des multinationaux. Ils ne défendront par
l’intérêt des peuples mais plutôt ceux du libéralisme financier mondial. La
population aura à en payer les frais. Et les partis qui ne sont pas
sponsorisés, sont-ils sérieux ? Leurs leaders peuvent-ils garder leur
intégrité jusqu’au bout ? Cela supposerait pour eux de sacrifier leurs
enfants et leurs ambitions personnelles. Qui est capable d’offrir son enfant
sur l’autel de l’intégrité alors que ceux des autres ont tous les moyens pour
étudier et monter sur l’échelle sociale ?
Et la presse peut-elle vraiment être indépendante ?
La presse privée peut-elle avoir assez de ressources pour payer les
journalistes ? Cela supposerait qu’elle puisse avoir des contrats avec des
sociétés dont elle peut publier les encarts publicitaires ; mais quand on
sait la collusion qui existe entre certains opérateurs économiques et le
pouvoir en Afrique, on doute fort qu’ils puissent collaborer avec la presse
indépendante. Certains journalistes sont donc obligés de se faire payer par
ceux dont ils couvrent les manifestations ou les différentes cérémonies. Dans
ces circonstances, on se doute bien que le recul avec les événements ne soit
pas très grand.
La société civile elle aussi essaie de tirer son épingle
du jeu. Les syndicats, les associations de femmes, les ligues de Droits de
l’homme essaient tant bien que mal de lutter pour qu’il y ait plus de liberté.
La démocratie se construit en Afrique ; ce n’est pas
tant la fréquence des élections que la vivacité des libertés civiles qui sont
un thermomètre qui indique l’état de la santé de l’Afrique. Il faut arriver à
ne plus tripatouiller les constitutions.
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