mercredi 29 avril 2015

Tous égaux devant la loi ? (par Pascal Djimoguinan)



            S’il fallait encore en douter, l’actualité vient de nous faire découvrir avec effroi que tous n’ont pas les mêmes droits devant la loi. La naissance ou le pays d’origine peuvent faire que le traitement par la justice soit plus indulgent ou plus sévère.
            Ce mercredi 29 avril 2015, en Indonésie ? huit condamnés à mort pour trafic de drogue dont sept expatriés ont été fusillés (deux australiens, un brésilien, quatre nigérians, et un indonésien) alors qu’une philippine a obtenu in extremis un sursis.
            Le cas le plus emblématique est celui de Serge Atlaoui, un français. Lui également a été condamné à mort pour trafic de drogue. Il a échappé pour le moment à l’exécution à cause d’un recours devant la justice ; tout le monde sait que c’est surtout à cause de la campagne médiatique et diplomatique de la France.
            Pour les autres condamnés, à part l’Australie qui a un peu élevé la voix, tous les autres Etats dont étaient originaires les suppliciés n’ont pas dit grand-chose.
            On peut dire que dans le monde, le délit peuvent être les mêmes mais malheur à ceux qui viennent des Etats ne disposant d’aucun moyen de pression. Tous les hommes ne sont pas égaux devant la loi.
            Faut-il continuer de rêver alors que la réalité est amère ? La déclaration universelle des droits de l’Homme n’est-il qu’un vœu pieux ?
            Il faudra tout simplement rappeler les trois premiers article de cette déclaration pour montrer aux générations à venir qu’il fut un temps où les hommes ont osé pensé l’humanité comme une :
Article premier
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Article 2
1.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
 2. De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.
Article 3
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
            Avis à tous, avant de poser un acte contre la loi, il faut d’abord s’assurer qu’on vient d’un pays qui pourra s’engager pour que la peine ne soit sinon pas exécutée, du moins pas dans un pays étranger que la sienne !

mercredi 8 avril 2015

Laïcité à la carte ? Non, nous ne nous tairons pas (par Pascal Djimoguinan)



Des faits très graves se passent ce dernier temps dans le monde, sous un silence généralisé. Des chrétiens, à cause de leur foi sont massacrés et c’est à peine si les médias en parlent. C’est comme s’il s’agissait d’un fait qui gênerait les bien-pensants. Il n’est pas convenable de faire écho lorsqu’on massacre des chrétiens. Cela serait contre la laïcité, dit-on !
            Nous nous rappelons qu’il n’y a pas longtemps, le monde entier, les médias en tête, s’était indigné parce qu’il y a eu des actes et des crimes antisémites. Cela est normal et on doit continuer à dénoncer chaque fois que des hommes sont tués uniquement parce qu’ils sont juifs.
            Nous nous rappelons l’élan de solidarité mondial et le tapage médiatique lorsque des musulmans ont été tués. C’est normal qu’e l’on réagisse ainsi et les médias doivent le dénoncer, chaque fois que des hommes et des femmes sont tués uniquement parce qu’ils sont musulmans. Nous devons nous associer à toutes les manifestations de solidarité en faveur des victimes. Il y va de notre humanité-même.
            Ce qui est étrange, c’est quand des hommes et des femmes sont massacrés, égorgés, fusillés parce qu’ils sont chrétiens et que le monde n’osent en parler sous le prétexte de la laïcité. Lorsque Al qaida, l’Etat islamique, Boko Haram, les Shebab ciblent des chrétiens, les isolent pour les tuer parce qu’ils sont chrétiens, que cela soit en Irak, en Syrie, au Nigeria, en Lybie ou au Kenya, on ne saurait faire place au respect humain.
            Non, nous ne suivrons la laïcité lorsqu’elle se décline sous cet aspect. Nous ne nous tairons pas lorsqu’on tue des hommes et des femmes parce qu’ils sont chrétiens. Non, le monde ne doit pas essayer de se cacher derrière son doigt. Les chrétiens ont droit eux aussi de vivre leur foi et si quelqu’un ou quelque groupe veut les en empêcher, il faut élever la voix.
            J’ai la nausée lorsque je repense à ce qui s’est passé à l’université de Garissa au Kenya le 2 avril 2015 ou 148 étudiants ont été sauvagement assassinés ; ils étaient en grande partie des chrétiens.
            Il ne faut pas avoir honte de s’affirmer chrétien, n’en déplaise les champions de la « laïcité » !



mardi 7 avril 2015

La valeur de la vie chez les peuples au Sud du Tchad (par Pascal Djimoguinan)



            Les peuples au sud du Tchad, plus particulièrement ceux du grand groupe sara, accordent une grande importance à tous ce qui a une valeur morale et font tout pour l’encourager dans la société. Toute la culture a pour rôle de promouvoir cette valeur. Cette grande importance pourrait paraître exagérée si on ne fait pas le lien avec la vie. Toute valeur n’est valeur que par son rapport à la vie. Tout ce qui vient aider à l’accroissement de la vie est donc valeur et tout ce qui va contre la vie n’est pas valeur. Ainsi, l’éducation, la culture, les relations, tout est au service de la vie. La Vie pourrait être conçue comme un « transcendantal » en ce sens qu’elle transcende toutes les valeurs particulières et c’est elle qui leur donne d’être des valeurs.
            Il n’est pas étonnant donc dans ces sociétés de voir tout le système qui se met en place pour engendrer la vie, la faire grandir la concevoir.
            Il suffit comme exemple de prendre quelques cas précis, qui pourraient paraître absurdes à un moderne ou à un moderniste mais qui en réalité, fait partie de ce système « vitaliste. »
            Comme dans beaucoup de sociétés, chez les peuples sara, une femme ne peut pendant sa période de menstruation, toucher à la nourriture qui sera consommée par les hommes. Le sens premier est tout simplement lié au sens que le sang a dans la société. Le sang est la vie. La perte de sang équivaut à une diminution de la vie. Pendant cette période, les femmes auraient besoin de se régénérer, elles ont besoin de plus de repos et de tout ce qui pourrait augmenter en elles cette vie (nous ne voulons pas situer dans une perspective de jugement de valeur)
            C’est dans cette même logique qu’il y a les interdits autour de toute mort violente. En cas de noyade, d’assassinat, ou d’accident de chasse, normalement les deuils ne se font pas comme dans les cas habituels ; les enterrements se font de manière précipitée. Ensuite, les veillées funèbres pour ces cas ne se font que de manières sommaires. On n’accepte pas que la vie puisse couler de cette façon. Toute fuite de la vie inquiète car la vie doit être à tout prix rétablie.
            La parole est performative dans les sociétés sara. Ce qu’elle énonce est suivi d’effet. En ce sens, les bénédictions se réalisent par l’accroissement de la vie chez les bénéficiaires. Si les malédictions font peur, c’est qu’elles diminuent la force vitale chez les personnes sur qui elles sont prononcées. Leur puissance est proportionnelle à la position qu’occupe la personne qui la prononce par rapport à celle sur qui elles sont prononcées. Il faut donc éviter à tout prix de recevoir des malédictions de la part des parents proches (père, mère, oncles, tantes). Ceux qui ont donné la vie sont ceux qui peuvent la diminuer par leurs paroles quand ils sont outragés.
            La vie est donc la valeur suprême et le but de toute éducation au sud du Tchad est à son service. Il est bien dommage qu’au nom d’une certaine modernité, toutes ces valeurs soient rejetées aujourd’hui.