dimanche 5 mai 2013

Centrafrique : entre la kalachnikov et la balance


Le 30 avril 2013, le ministre de la Justice, garde des sceaux, chargé de la réforme judiciaire de la Centrafrique a écrit au Procureur Général près de la Cour d’Appel de Bangui, lui demandant d’ouvrir immédiatement une procédure judiciaire par le parquet du Tribunal de Grand Instance de Bangui à propos des crimes graves commis sous le règne de l’ex-Président BOZIZE François. Une longue liste de ces crimes est énumérée dans cette lettre à savoir les assassinats, les arrestations, séquestrations, détentions arbitraires et tortures, des destructions et incendies des maisons d’habitation, des enlèvements, exécutions sommaires et extrajudiciaires, des incitations à la haine et au génocide, des crimes économiques, des actes de nature à compromettre la paix publique.

Un fait important est que dans cette lettre, il y a des noms de victimes avec certaines circonstances dans lesquelles se sont déroulés les abus contre les droits humains.

La première leçon à retenir de cette entreprise est qu’il y a toujours un moment où il faut déposer les armes et se tourner vers la justice. Toute solution en dehors de la justice est fallacieuse. La formation d’un Etat de droit doit s’assurer que les trois pouvoirs soient respectés et qu’ils puissent garder leur indépendance.

Nous pouvons considérer que la demande d’ouverture d’une procédure judiciaire contre Bozizé et son régime n’est qu’un premier pas et que très rapidement, une procédure sera ouverte sur les crimes commis par les sélekas. Pour être crédible, la justice ne doit pas être d’un parti.

Une semaine avant la lettre du ministre de la justice, le 23 avril 2013 les évêques de Centrafrique avaient écrit une lettre aux présidents en dénonçant toutes les exactions qui ont lieu dans le pays. Le titre de la lettre est : « Plus jamais ça… Non à l’impunité ». Cette lettre pourrait être ajoutée à charge si une procédure est ouverte contre les sélékas ; la Conférence épiscopale pourrait ainsi se constituer comme partie civile.

Il est vraiment temps que les armes se taisent en Centrafrique et que le droit reprenne sa place. Si l’Etat est celui qui a le monopole de la violence physique légitime, cela doit se passer sous le contrôle du droit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire