Il est un fait bien connu de l’Afrique de l’oralité ;
la parole donnée avait un caractère sacré auquel il ne fallait manquer sous
aucun prétexte. Quand on donnait sa parole, on devait à tout prix s’y tenir
même si l’on se rendait compte par la suite que c’était à ses dépens. N’y
a-t-il pas là des valeurs à récupérer dans la constitution des Etats modernes
en Afrique ?
Un simple constat : la plupart du temps, le monde de
la politique africaine a du mal à respecter les textes écrits et cela à
plusieurs niveaux.
D’abord entre l’opposition (tant civile qu’armée) et le
pouvoir en place. Très souvent, il y a des réunions de conciliation, des
négociations qui finissent par des textes où chacun appose sa signature. Par la
suite, tout le monde est prêt à déclarer les textes caducs et très rarement les
personnes ayant signé les traités ne les respectent.
Nous pouvons dire que c’est la même chose dans les
accords avec les syndicats. Pour mettre fin aux conflits sociaux, les
gouvernements sont prêts à signer des papiers en promettant monts et merveilles
mais dès que la tension baisse, on devient amnésique jusqu’à ce que la crise
revienne.
A un niveau supérieur, les dirigeants africains sont
prêts à prêter serment sur la constitution du pays en promettant de la
respecter mais dès que leur mandat arrive à sa fin, ils sont prêts à faire des
pieds et des mains pour la changer et prolonger leur règne au pouvoir.
Tous ces cas semblent relever d’un même fait ; les
hommes politiques africains semblent ne pas accorder de l’importance à leurs
signatures. Ils sont toujours prêts à les dénoncer. Or tant qu’il n’y a pas une
culture du respect de sa signature, il n’y a pas de confiance possible et ce
serait impossible de construire un Etat moderne.
Cela est très grave parce qu’aujourd’hui, la pensée
politique est surtout de type contractualiste. Cette pensée s’est surtout
développée et affirmée de Hobbes à Rousseau. Il donne une place prépondérante
au contrat social ; La république est instituée de cette manière
puisqu’elle est une construction de la raison.
Or
si on n’est pas capable de respecter sa signature, quelle serait la valeur d’un
contrat ? A tous les africains de bonne volonté d’y réfléchir !
C'est vraiment intéressant Père!
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