samedi 14 décembre 2013

Winnie Mandela, le tragique d'une femme incomprise (par Pascal Djimoguinan)


            Winnie Madikizila Mandela, deuxième femme de Mandela et membre de l’ANC a eu un destin aussi tumultueux que l’histoire de son pays. Adulée par certains, haie par d’autre, elle fait partie de la longue lutte contre l’apartheid et c’est bien dommage qu’on cherche tout simplement à tracer un trait sur elle et faire d’elle une parenthèse. On ne peut à si peu de frais l’éliminer. Peut-être que l’après Mandela apprendra à la redécouvrir et lui redonner sa vraie place dans l’histoire du l’Afrique du Sud.

            De son vrai nom Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela, elle est née dans le village de Bizana dans le Cap. Elle a d’abord un diplôme de travailleur social à l’école Jan Hofmeyer avant d’obtenir une licence de relations internationales de l’Université du Witwatersrand.

            Elle va rencontrer et épouser Nelson Mandela, leader de l’ANC. Elle saura épauler son mari dans la lutte contre l’apartheid surtout durant les années de prison de son mari (1962-1990). Durant cette période, elle n’a le droit de voir son mari que deux fois par an à la prison de Robben Island. Elle-même est assignée à résidence à Brandfort. Elle sera reconnue comme la mère de la nation.

            La face sombre de Winnie Mandela vient de certaines positions qu’elle a prises au cours de cette longue période de lutte. D’abord, elle adoptera le slogan de « Un boer, une balle ». Cela est le signe d’une radicalisation dans laquelle elle s’engagera au cours de la lutte.  Elle ira encore plus loin lorsque dans un discours du 13 avril 1985 à Munsieville, elle justifiera le supplice du collier qui consistait à mettre un pneu enflammé autour du cou de ceux qu’elle appelle les traitres noirs : « Avec nos allumettes et nos pneus enflammés, nous libèrerons ce pays. »

            Les choses vont empirer par l’assassinat d’un jeune garçon de 14 ans, Stompie Seipei Moketsi, membre de l’ANC que Winnie accusera d’espionnage au profit du gouvernement blanc. Son garde-corps et ancien amant Jerry Richardson l’accusera de lui avoir ordonné de le tuer.

            Winnie trainera ces casseroles qui seront pour elle des obstacles aussi bien pour sa carrière politique que pour son ménage. En avril 1992, Nelson Mandela annoncera officiellement sa séparation d’avec elle ; c’est la fin d’un mariage qui a duré 38 ans. Le divorce sera prononcé en mars 1996.

            Winnie Mandela ne baissera pas les bras pour autant. Malgré le destin qui s’acharne contre elle, cette femme continuera la lutte. L’instance officielle de l’ANC essaiera plusieurs fois de l’éloigner de la scène publique mais c’était sans compter sur la popularité dont elle jouit dans la masse populaire. Cela se comprend bien quand on sait que la plupart des cadres de l’ANC, une fois au pouvoir, ont quitté Soweto tandis qu’elle y réside toujours.

            Winnie Mandela s’est laissée entièrement prendre par la lutte contre l’apartheid. Il faut seulement savoir que quand elle combattait, il n’y avait aucun espoir que Mandela soit un jour libéré et personne ne pouvait prévoir la fin de l’apartheid de son vivant. Malgré cela, avec les moyens dont elle disposait, elle s’est engagée dans la lutte.

            Malgré ses défauts, il faut dire qu’on ne lui a pas reconnu à sa vraie valeur. Son malheur vient peut-être du fait qu’on la compare toujours à Mandela. Mandela lui a fait de l’ombre et n’a pas servi à la comprendre comme personne à part entière. Personne n’oubliera l’image du jour de la libération de Mandela. Au bras de son mari, elle lèvera le point. C’est l’image de l’Afrique du Sud et de la victoire contre l’apartheid. Je ne voudrais retenir que cette image.

            Mon seul souhait est que, maintenant que Mandela n’est plus, Winnie puisse être reconnue à sa vraie valeur. Personne n’a voulu comprendre que c’est une personne qui a pu aimer, souffrir, pleurer. Elle me fait penser à la mère Afrique !

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