Winnie Madikizila Mandela, deuxième femme de Mandela et
membre de l’ANC a eu un destin aussi tumultueux que l’histoire de son pays.
Adulée par certains, haie par d’autre, elle fait partie de la longue lutte
contre l’apartheid et c’est bien dommage qu’on cherche tout simplement à tracer
un trait sur elle et faire d’elle une parenthèse. On ne peut à si peu de frais
l’éliminer. Peut-être que l’après Mandela apprendra à la redécouvrir et lui
redonner sa vraie place dans l’histoire du l’Afrique du Sud.
De son vrai nom Nomzamo
Winifred Zanyiwe Madikizela, elle est née dans le village de Bizana dans le
Cap. Elle a d’abord un diplôme de travailleur social à l’école Jan Hofmeyer
avant d’obtenir une licence de relations internationales de l’Université du
Witwatersrand.
Elle va rencontrer et épouser Nelson
Mandela, leader de l’ANC. Elle saura épauler son mari dans la lutte contre l’apartheid
surtout durant les années de prison de son mari (1962-1990). Durant cette
période, elle n’a le droit de voir son mari que deux fois par an à la prison de
Robben Island. Elle-même est assignée à résidence à Brandfort. Elle sera
reconnue comme la mère de la nation.
La face sombre de Winnie Mandela vient
de certaines positions qu’elle a prises au cours de cette longue période de
lutte. D’abord, elle adoptera le slogan de « Un boer, une balle ».
Cela est le signe d’une radicalisation dans laquelle elle s’engagera au cours
de la lutte. Elle ira encore plus loin
lorsque dans un discours du 13 avril 1985 à Munsieville, elle justifiera le
supplice du collier qui consistait à mettre un pneu enflammé autour du cou de
ceux qu’elle appelle les traitres noirs : « Avec nos allumettes et
nos pneus enflammés, nous libèrerons ce pays. »
Les choses vont empirer par l’assassinat
d’un jeune garçon de 14 ans, Stompie Seipei Moketsi, membre de l’ANC que Winnie
accusera d’espionnage au profit du gouvernement blanc. Son garde-corps et
ancien amant Jerry Richardson l’accusera de lui avoir ordonné de le tuer.
Winnie trainera ces casseroles qui
seront pour elle des obstacles aussi bien pour sa carrière politique que pour
son ménage. En avril 1992, Nelson Mandela annoncera officiellement sa
séparation d’avec elle ; c’est la fin d’un mariage qui a duré 38 ans. Le
divorce sera prononcé en mars 1996.
Winnie Mandela ne baissera pas les
bras pour autant. Malgré le destin qui s’acharne contre elle, cette femme
continuera la lutte. L’instance officielle de l’ANC essaiera plusieurs fois de
l’éloigner de la scène publique mais c’était sans compter sur la popularité
dont elle jouit dans la masse populaire. Cela se comprend bien quand on sait
que la plupart des cadres de l’ANC, une fois au pouvoir, ont quitté Soweto
tandis qu’elle y réside toujours.
Winnie Mandela s’est laissée
entièrement prendre par la lutte contre l’apartheid. Il faut seulement savoir
que quand elle combattait, il n’y avait aucun espoir que Mandela soit un jour
libéré et personne ne pouvait prévoir la fin de l’apartheid de son vivant.
Malgré cela, avec les moyens dont elle disposait, elle s’est engagée dans la
lutte.
Malgré ses défauts, il faut dire qu’on
ne lui a pas reconnu à sa vraie valeur. Son malheur vient peut-être du fait qu’on
la compare toujours à Mandela. Mandela lui a fait de l’ombre et n’a pas servi à
la comprendre comme personne à part entière. Personne n’oubliera l’image du
jour de la libération de Mandela. Au bras de son mari, elle lèvera le point. C’est
l’image de l’Afrique du Sud et de la victoire contre l’apartheid. Je ne
voudrais retenir que cette image.
Mon seul souhait est que, maintenant
que Mandela n’est plus, Winnie puisse être reconnue à sa vraie valeur. Personne
n’a voulu comprendre que c’est une personne qui a pu aimer, souffrir, pleurer.
Elle me fait penser à la mère Afrique !
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