L’avenir de l’Afrique se trouve dans le bon usage que
nous pourrons faire de notre passé. Ce passé a été fait par des hommes et des
femmes que nous devons prendre le temps de redécouvrir pour nous laisser
interroger par leur pensée.
Parmi ces hommes, il en est un dont je voudrais parcourir
rapidement la vie et la pensée. Il s’agit de Kwame Nkrumah.
Kwame Nkrumah est né le 21 septembre 1909 à Nkroful dans l’actuel
Ghana et est mort le 27 avril 1972 à Bucarest en Roumanie. Le parcours
académique de cet homme fera de lui un érudit et un homme de culture (diplômé
de l’école Achimota à Accra, passé par le grand séminaire catholique, bachelier
en théologie, master en philosophie et études de sciences politique à l’Université
Lincoln aux Etats-Unis).
Très tôt Kwame Nkrumah s’est engagé très tôt dans les
activités politiques. Il arrive aux Etats-Unis en 1935 pour les études ; là,
il a été le président de l’Organisation des étudiants africains des Etats Unis
et du Canada. En 1945, il quittera pour Londres où il participera au 5ème
congrès panafricain de Manchester. Il fondera par la suite le Secrétariat
national de l’Afrique de l’Ouest qui va s’adonner à la décolonisation de l’Afrique.
En même temps, il sera le vice-président de l’Union des africains de l’Ouest,
WASU (West African Student’s Union).
Il regagnera son pays en décembre 1947, après avoir été
invité à servir comme secrétaire général du parti indépendantiste l’UGCC
(United Gold Coast Convention).
Les événements vont alors s’accélérer. Le 28 février
1948, la police tire sur des africains qui protestent contre l’augmentation des
prix et fait 68 tués. Cela va donner lieu à des émeutes à Accra, à Koumassi et
ailleurs. Le gouvernement suspectera l’UGCC d’être la main invisible derrière
toutes ces manifestations. Kwame Nkrumah sera arrêté le 12 mars 1948 en
compagnie d’autres leaders. Ils seront relâchés un mois plus tard, le 12 avril
parce que les britanniques se rendront compte de leur erreur, mais cela donne
lieu à l’émergence d’un leader du mouvement en sa personne. Il commencera à arpenter
le pays et à revendiquer un gouvernement autonome pour le Gold Coast. Il
réussira alors à fédérer autour de lui les planteurs de cacao, les femmes et
les syndicats. Il fini
ra par transformer ces divers mouvements en un nouveau parti en 1949 qui prendra le nom de Convention Poeple’s party (CPP). Il va évoluer vers le désir de l’indépendance et appellera au boycott et à la désobéissance civile. Cela l’amènera en prison où il restera jusqu’à 1951. Les britanniques, ayant organisé des élections législatives, seront obligés de libérer Nkrumah et de le nommer Premier ministre car la CPP sortira vainqueur.
ra par transformer ces divers mouvements en un nouveau parti en 1949 qui prendra le nom de Convention Poeple’s party (CPP). Il va évoluer vers le désir de l’indépendance et appellera au boycott et à la désobéissance civile. Cela l’amènera en prison où il restera jusqu’à 1951. Les britanniques, ayant organisé des élections législatives, seront obligés de libérer Nkrumah et de le nommer Premier ministre car la CPP sortira vainqueur.
Nkrumah se basera sur la politique « d’africanisation
de l’administration, de panafricanisme et d’anticommunisme » et décidera
de développer les infrastructures de son pays grâce aux excédents de l’Office
commercialisation du cacao. L’éducation et la santé connaîtront un grand progrès.
Aux élections législatives de 1956, la CPP remportera les
trois quart des sièges ; Nkrumah obtiendra ainsi l’indépendance de Gold
Coast le 6 mars 1957 ; c’est la première colonie à obtenir son
indépendance après le Soudan (1966). Le jour de l’indépendance, Krumah adoptera
pour son pays le nom de Ghana à la place du nom colonial qu’il portait
jusque-là. Le Ghana deviendra une république le 1er juillet 1960
tout en restant membre du Commonwealth.
Le régime de Nkrumah ne va pas échapper aux avatars
de l’époque ; il commencera à se durcir et à faire des prisonniers
politiques ; il finira par arrêter tous les parlementaires de l’opposition
et censurera la presse.
Ayant échappé et deux tentatives d’assassinat (août 1962
et janvier 1964), Nkrumah deviendra de plus en plus méfiants à l’égard de son
entourage et développera en même temps le culte de la personnalité. Il
instituera le monopartisme à partir de 1963 et se proclamera président à vie. On l'appelle désormais "Osagyefo" c'est-à-dire le rédempteur!
Ayant adopté le socialisme, il se mettra à dos l’Occident.
Le 24 février 1966, il est renversé par un coup d’Etat
militaire pendant qu’il effectue un voyage en Chine. Sékou Touré l’accueillera
en Guinée en lui proposant la coprésidence du pays.
C’est en exil en Guinée qu’il fonde une maison d’édition.
Cela lui permet de publier ses théories révolutionnaires ainsi que ses livres
sur l’unité africaine. Il meurt le 27 avril 1972 à Bucarest, de suite d’un
cancer d’estomac.
Il suffit jeter un regard sur les titres de ses livres
pour savoir ce qui l’animait de l’intérieur (Le consciencisme ; Ghana ; L’Afrique doit s’unir ; Le
néo-colonialisme : Dernier stade de l’impérialisme ; Le
panafricanisme).
De tous ses écrits, le plus connu est le consciencisme. S’il faut dire deux
mots de cet ouvrage, on dira que le
Consciencisme est une philosophie de la décolonisation. Le livre commence
par un appel aux africains ; les africains doivent se réapproprier leur
culture et leur histoire. C’est l’histoire qui oriente l’avenir. L’Afrique n’aura
pas d’avenir propre tant que son histoire restera interprétée, écrite et
transmise même aux africains par les blancs colonisateurs.
Nous pouvons tout simplement finir par la définition que
Nkrumah donne du consciencisme : « Le
consciencisme est l’ensemble, en termes intellectuels, de l’organisation des
forces qui permettront à la société africaine d’assimiler les éléments
occidentaux, musulmans et euro-chrétiens présents en Afrique et de les
transformer de façon qu’ils s’insèrent dans la personnalité africaine ».
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