jeudi 26 décembre 2013

Centrafrique, La rumeur au creux du conflit (par Pascal Djimoguinan)


            La ville de Bangui vient de vivre un tridium tout-à-fait particulier. Les 24, 25 et 26 décembre ont connu un pic de violence qu’on avait plus connu depuis le 5 décembre, date des derniers combats à Bangui. Que réserve demain ?

            Comme dans toutes les situations de tension, c’est la rumeur qui mène la vie à Bangui. Celle-ci naît on ne sait jamais comment, mais grandit avec les tirs d’armes automatiques. Elle fait grandir la peur qui à son tour nourrit la rumeur. Ainsi, la boucle est bouclée sans aucune issue de sortie.

            Le chaos qui s’installe dans le pays ne permet ni d’avoir une information viable, ni une protection suffisante. Ainsi, après chaque montée de tension, on voit des foules se déplacer avec des baluchons sur l’épaule, à la recherche d’un quartier où il pourrait y avoir un peu de sécurité.

            Il y a plusieurs problèmes à résoudre pour que la population puisse connaître la paix. Le premier et de loin le plus urgent est le désarmement de toutes les milices. Il faut qu’on puisse dépasser les soupçons de parti-pris des forces de maintien de la paix. Cela signifie qu’il faudrait qu’il y a une plus grande coordination de ces forces avec une concertation régulière entre leurs chefs. Cela ne sert à rien que chacun chasse de son côté, mais que chacun sache exactement ce qui est demandé à l’autre.

            Il faut se demander pourquoi les forces de maintien de la paix n’ont pas de radio. Cela apaiserait la population d’être informée  par le biais d’une radio dont les sources soient sûres. Ce qui sème la psychose dans Bangui, c’est que parfois, il peut y avoir des tirs nourris pendant deux ou trois heures sans qu’on ne sache ce qui se passe. Il faut attendre les médias étrangers pour s’informer mais comme ils sont souvent en retard sur l’actualité, la panique a le temps de s’installer. Si les forces de maintien de la paix en Centrafrique veulent gagner leur pari, ils doivent d’abord gagner le combat de l’information. Il faut se demander si les différentes milices ne distillent pas des demi-vérités dans le but d’entretenir la rumeur. Cela pourrait leur permettre de manipuler la population civile. Il faut leur enlever cette arme. Le désarmement pourrait commencer là !

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