Samedi 14 décembre 2013, dans le camp de déplacés près de
l’aéroport de M’Poko-Bangui, commence la distribution des vivres par les ONG.
Très vite la tension monte ; les humanitaires sont entourés de quelques hommes à la mine patibulaire dont
quelques-uns sont armés de machettes. La distribution des vivres est suspendue.
Les machettes sont omniprésentes dans les événements que
connaît la Centrafrique. Plusieurs fois, lorsque des membres de l’ex Seleka ont
été désarmés dans les quartiers de Bangui, c’est à la machette que la vindicte
populaire est tombée sur eux. Les innombrables représailles qui ont eu lieu se
sont exercées grâce aux machettes.
Curieusement, jusque-là, le désarment ne concerne que les
armes à feu. Lorsque les soldats de l’opération Sangaris disent qu’il n’y a
plus d’armes à Bossangoa une ville qui se trouve à 300 kms de Bangui et qui a
connu les pires moments de la crise sécuritaire, comment peut-on comprendre
cela ?
Il suffit d’avoir dans un quartier 4 ou 5 personnes
armées de machettes dans un quartier pour causer beaucoup de mal. L’exemple
rwandais est toujours en toile de fond ; la grande partie du génocide qu’a
connu ce pays a été exécutée à la machette.
Alors qu’un peu partout, les forces de maintien de la
paix se réjouissent de l’avancement du désarmement, une seule question persiste :
Comment désarmer les gens qui ont des machettes ?
Comment s’effectuera la collecte des machettes ?
Non seulement il sera difficile de répertorier et d’identifier
les endroits où il y a des machettes, mais comment savoir distinguer un simple
paysan qui a besoin de sa machette pour faire ses travaux champêtres d’un
milicien qui l’utilisera comme une arme contre d’autres personnes ?
Il faut dire que dans les jours qui suivront, le
banditisme va se développer dans les grandes villes de la Centrafrique comme
cela est souvent le cas après un conflit. Les machettes seront les armes
principales qui seront utilisées pour terroriser les populations. Personne ne
sait exactement le nombre de machettes qui circulent dans la ville. L’ancien
président Bozizé en avait déjà beaucoup distribué avant son départ de Bangui.
Par la suite, par divers canaux, les machettes ont été introduites en
Centrafrique sans que personne ne soit vraiment capable de tracer le circuit qu’elles
ont suivi.
Si le péril Seleka est en voie d’être contenu, il y a un
autre péril, plus pernicieux qu’il faudra affronter et résoudre ; ce sont
les machettes qu’il faudra ramasser afin qu’elles ne serve pas à massacrer les
populations. Cela ne sera pas du tout facile !
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