dimanche 1 décembre 2013

Bangui, le défi des forces de maintien de paix (par Pascal Djimoguinan)


            Les choses se précisent de plus en plus. Les forces françaises sont en pré-positionnement à Douala, prêtes à intervenir à Bangui. Un point aérien se met progressivement en place et des patrouilles françaises et des forces africaines se renforcent dans la ville. Il est clair que dès que le conseil de Sécurité aura adopté le projet de résolution sur la Centrafrique encadré par la résolution 2121, l’intervention arrivera dans sa phase active avec usage de la force s’il le faut pour assurer la sécurité des civils.

            A Bangui, et dans tout le pays, tout ne tient plus qu’à cette intervention. Déjà, la peur commence à disparaître et les voix s’élèvent pour dénoncer les violations des droits de l’Homme et Dieu sait si elles sont nombreuses. La population attend cette intervention et l’appelle de tous ses vœux.

            Il est sûr que dès que l’opération sera enclenchée, il s’agira d’assurer la sécurité dans toute la ville de Bangui. L’état-major français est certainement en train d’étudier toutes les possibilités, sans doute avec les forces africaines. Il faudra que très vite après l’intervention, la ville de Bangui puisse « fonctionner ».

            Le défi immédiat pour les forces de maintien de paix sera la population elle-même. Comment contenir une population qui a subi huit mois d’humiliation, de violence, de frustration et de très grande violence. Comment éviter que le désir de vengeance ne puisse s’exprimer dans des pogroms, des lynchages de toute une partie de la population ?

            Il sera sans doute difficile à des militaires de maîtriser une foule de civiles en colère. Il faudra déjà penser à cela et chercher les solutions qu’il faudra apporter. Comment éviter d’arriver avec une solution qui ne fera que changer la cartographie de la peur dans Bangui ? La grande difficulté sera sans doute d’éviter que la peur et la violence se déplace de Boy-Rabe vers les quartiers Miskine, Boeing et kilomètre 5.

            Les tensions entre les différentes communautés religieuses ont été développement. Après l’intervention française, le moindre débordement de la population banguissoise risque d’être interpréter comme une persécution des musulmans par les chrétiens donc il faudra faire très attention.

            La foule est sans âme ; lorsqu’elle a été pendant un long moment comprimé, des débordements sont possibles. Il faudra que la police ait assez de savoir-faire pour éviter que dans les premiers jours, on ne connaisse des bavures.

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