Les choses se précisent de plus en plus. Les forces
françaises sont en pré-positionnement à Douala, prêtes à intervenir à Bangui.
Un point aérien se met progressivement en place et des patrouilles françaises
et des forces africaines se renforcent dans la ville. Il est clair que dès que
le conseil de Sécurité aura adopté le projet de résolution sur la Centrafrique
encadré par la résolution 2121, l’intervention arrivera dans sa phase active
avec usage de la force s’il le faut pour assurer la sécurité des civils.
A Bangui, et dans tout le pays, tout ne tient plus qu’à
cette intervention. Déjà, la peur commence à disparaître et les voix s’élèvent
pour dénoncer les violations des droits de l’Homme et Dieu sait si elles sont
nombreuses. La population attend cette intervention et l’appelle de tous ses
vœux.
Il est sûr que dès que l’opération sera enclenchée, il
s’agira d’assurer la sécurité dans toute la ville de Bangui. L’état-major français
est certainement en train d’étudier toutes les possibilités, sans doute avec
les forces africaines. Il faudra que très vite après l’intervention, la ville
de Bangui puisse « fonctionner ».
Le défi immédiat pour les forces de maintien de paix sera
la population elle-même. Comment contenir une population qui a subi huit mois
d’humiliation, de violence, de frustration et de très grande violence. Comment
éviter que le désir de vengeance ne puisse s’exprimer dans des pogroms, des
lynchages de toute une partie de la population ?
Il sera sans doute difficile à des militaires de
maîtriser une foule de civiles en colère. Il faudra déjà penser à cela et
chercher les solutions qu’il faudra apporter. Comment éviter d’arriver avec une
solution qui ne fera que changer la cartographie de la peur dans Bangui ?
La grande difficulté sera sans doute d’éviter que la peur et la violence se
déplace de Boy-Rabe vers les quartiers Miskine, Boeing et kilomètre 5.
Les tensions entre les différentes communautés
religieuses ont été développement. Après l’intervention française, le moindre
débordement de la population banguissoise risque d’être interpréter comme une persécution
des musulmans par les chrétiens donc il faudra faire très attention.
La foule est sans âme ; lorsqu’elle a été pendant un
long moment comprimé, des débordements sont possibles. Il faudra que la police
ait assez de savoir-faire pour éviter que dans les premiers jours, on ne
connaisse des bavures.
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