Lorsque la France, forte du vote des Nations-Unies, a
déclenché en Centrafrique l’opération Sangaris pour soutenir les forces
africaines dans le but de restaurer la paix et assurer la sécurité des civils,
les choses semblaient claires. Il suffirait de désarmer les ex Séléka pour que
toute rentre dans l’ordre. Dans cette logique binaire, on n’avait peu ou prou
pris en compte l’inconnue anti-balaka. Maintenant, force est de constater qu’il
faut s’atteler à la résolution de l’équation centrafricaine en déterminant la
valeur de l’inconnue.
Véritable nébuleuse, les anti-balaka se présente
officiellement comme une milice d’auto-défense d’obédience chrétienne qui s’est
soulevée contre les exactions des ex Séléka. On les présente souvent comme une
bande hétéroclite de jeunes et de moins jeunes, dépareillés, armés de
machettes, de couteaux et de vieilles armes de chasse.
Une fois que la poésie est dépassée, il convient de se
demander qui sont réellement les anti-balaka. La réponse à cette question est
difficile à trouver et certainement les services de renseignement militaires
tant français et des forces africaines sont en train de se casser la tête pour
la trouver.
Une des grandes difficultés vient du fait qu’aucun nom ne
surgit vraiment pour représenter les anti-balaka. Les autorités politiques l’accusent
d’être sinon créée, du moins manipulée par l’ancien président Bozizé. Si elles
ont annoncé avoir pris langue avec les anti-balaka, les autorités n’ont pas
donné de noms des délégués avec qui elles sont en contact. Plusieurs fois, une
voix intervient, se réclamant des anti-balaka pour infirmer, dénoncer et
quelquefois accuser. Il s’agit du lieutenant Konaté, responsable des
Combattants de libération du peuple centrafricain (CPLC), un mouvement anti-balaka. Il se confirme qu’on
retrouve parmi les anti-balaka les faca et les anciens de la garde
présidentielle de Bozizé.
Les revendications officielles des anti-balaka sont :
départ de Djotodia, désarmement des ex Séléka, départ du contingent tchadien de
la Misca et depuis peu, départ du contingent congolais de la Misca…
Un fait troublant cependant est dans le fait que ces revendications
vont de pair avec des manifestations « spontanées » de la population.
Parmi ces manifestants, il y en a qui portent des machettes. On ne peut pas
encore affirmer de manière sûre qu’il y en a qui portent des armes à feu.
Ce qui est certain, c’est que les anti-balaka ont une
grande proportion à se fondre dans la population civile, ce qui rendra leur
désarmement compliqué. Ils utilisent sans doute la méthode de guérilla des
communistes vietnamiens pendant la guerre de libération.
Ce qui semble bizarre en ce moment est que les anti-balaka
semblent « diriger » les forces du maintien de la paix. Ils exigent
et semblent imposer leurs points de vue. Il faudrait que les forces françaises
et africaines reprennent la main. Ce sont elles qui sont les maîtres grâce au
vote du Conseil de sécurité. Elles doivent imposer la paix. Cela fait déjà
trois semaines que la grande partie de la population de Bangui vit dans les
églises et près de l’aéroport. Pourquoi malgré les nombreuses patrouilles et le
nombre important des forces internationales, toutes ces personnes ne se
sentent pas en sécurité chez elles ?
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