mardi 24 décembre 2013

Les anti-balaka, l'inconnue dans l'équation centrafricaine (par Pascal Djimoguinan)


            Lorsque la France, forte du vote des Nations-Unies, a déclenché en Centrafrique l’opération Sangaris pour soutenir les forces africaines dans le but de restaurer la paix et assurer la sécurité des civils, les choses semblaient claires. Il suffirait de désarmer les ex Séléka pour que toute rentre dans l’ordre. Dans cette logique binaire, on n’avait peu ou prou pris en compte l’inconnue anti-balaka. Maintenant, force est de constater qu’il faut s’atteler à la résolution de l’équation centrafricaine en déterminant la valeur de l’inconnue.

            Véritable nébuleuse, les anti-balaka se présente officiellement comme une milice d’auto-défense d’obédience chrétienne qui s’est soulevée contre les exactions des ex Séléka. On les présente souvent comme une bande hétéroclite de jeunes et de moins jeunes, dépareillés, armés de machettes, de couteaux et de vieilles armes de chasse.

            Une fois que la poésie est dépassée, il convient de se demander qui sont réellement les anti-balaka. La réponse à cette question est difficile à trouver et certainement les services de renseignement militaires tant français et des forces africaines sont en train de se casser la tête pour la trouver.

            Une des grandes difficultés vient du fait qu’aucun nom ne surgit vraiment pour représenter les anti-balaka. Les autorités politiques l’accusent d’être sinon créée, du moins manipulée par l’ancien président Bozizé. Si elles ont annoncé avoir pris langue avec les anti-balaka, les autorités n’ont pas donné de noms des délégués avec qui elles sont en contact. Plusieurs fois, une voix intervient, se réclamant des anti-balaka pour infirmer, dénoncer et quelquefois accuser. Il s’agit du lieutenant Konaté, responsable des Combattants de libération du peuple centrafricain (CPLC),  un mouvement anti-balaka. Il se confirme qu’on retrouve parmi les anti-balaka les faca et les anciens de la garde présidentielle de Bozizé.

            Les revendications officielles des anti-balaka sont : départ de Djotodia, désarmement des ex Séléka, départ du contingent tchadien de la Misca et depuis peu, départ du contingent congolais de la Misca…

            Un fait troublant cependant est dans le fait que ces revendications vont de pair avec des manifestations « spontanées » de la population. Parmi ces manifestants, il y en a qui portent des machettes. On ne peut pas encore affirmer de manière sûre qu’il y en a qui portent des armes à feu.

            Ce qui est certain, c’est que les anti-balaka ont une grande proportion à se fondre dans la population civile, ce qui rendra leur désarmement compliqué. Ils utilisent sans doute la méthode de guérilla des communistes vietnamiens pendant la guerre de libération.

            Ce qui semble bizarre en ce moment est que les anti-balaka semblent « diriger » les forces du maintien de la paix. Ils exigent et semblent imposer leurs points de vue. Il faudrait que les forces françaises et africaines reprennent la main. Ce sont elles qui sont les maîtres grâce au vote du Conseil de sécurité. Elles doivent imposer la paix. Cela fait déjà trois semaines que la grande partie de la population de Bangui vit dans les églises et près de l’aéroport. Pourquoi malgré les nombreuses patrouilles et le nombre important des forces internationales, toutes ces personnes ne se sentent pas en sécurité chez elles ?

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