vendredi 20 décembre 2013

Centrafrique, et si le Tchad se retirait de la Misca (par Pascal Djimoguinan)


            Encore une fois, malgré la présence des forces françaises de l’opération Sangaris et celles de la Misca, des incidents ont eu lieu oppsant les éléments de l’ex Seleka et ceux de la milice antibalaka au quartier Gobongo à Bangui. Par ailleurs, près de l’aéroport, un véhicule de la Misca transportant des soldats tchadiens a essuyé des tirs d’origine inconnue, faisant 6 blessés dont 2 dans un état grave. Le point commun dans ces deux événements est que des soldats tchadiens de la Misca y sont plus ou moins impliqués. Cela n’appelle-t-il pas à tirer certaines conclusions ?

            Une chose est sûre ; auprès de la population de Bangui, les soldats tchadiens de la Misca ont perdu toute crédibilité. Il n’est plus temps de se demander si cela est dû à l’info ou à l’intox. Cela a déjà trop duré pour qu’un simple discours puisse arranger les choses.

            Beaucoup de centrafricains, à tort ou à raison, accusent le président tchadien d’être de mèche avec la Seleka. Ce qui est sûr, c’est qu’il était vraiment difficile à certains moments de faire la différence entre les soldats tchadiens de la fomac des Seleka. Ils portaient tous la chèche et parlaient souvent arabe (pour les centrafricains, il est impossible de faire la différence entre l’arabe tchadien et l’arabe soudanais et encore pire de savoir si quelqu’un fait semblant de parler arabe en utilisant quelques mots arabes dans une phrase sans sens ; nous en avons déjà été témoin plusieurs fois dans Bangui).

            Avec la suspicion qui ne cesse de grandir à propos des soldats tchadiens, il faudrait avoir le courage de se poser la question de savoir si on veut vouloir le bien de quelqu’un contre sa volonté. Les opérations de maintien de paix sont celles où la confiance joue un très grand rôle. Si les soldats tchadiens n’ont plus la confiance des centrafricains, leur présence ne porte-t-elle pas préjudice aux forces étrangères présents en Centrafrique ?

            La solution à ce problème serait assez simple. Le Tchad pourrait se retirer de la Misca et être remplacé par un autre pays. Cela aurait l’avantage de clarifier les choses. Pour que les opérations de désarmement puissent avoir un succès, il faudrait que la neutralité des forces étrangères en Centrafrique ne souffre d’aucun soupçon.

            Il faudra donc que le président Idriss Deby du Tchad, en entente avec ses pairs, prenne la décision courageuse de retirer les militaires tchadiens de la Misca. Le Tchad serait ainsi en réserve pour aider autrement si le besoin se fait sentir. Cela ne serait pas un acte de lâcheté. S'il a fallu à un moment, compter sur les soldats français parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'autres pays prêts à s'engager en RCA, cela n'est plus le cas maintenant. La présence des soldats tchadiens est par ailleurs très appréciée au Mali. Il faudrait donc s’en tenir à cette intervention.

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