jeudi 12 décembre 2013

Bangui, une semaine après l'ouverture des portes de l'enfer (par Pascal Djimoguinan)


            Bangui, une semaine après le déclenchement d’un conflit qui fera descendre le pays dans les tréfonds de l’enfer, la situation ne s’est pas encore vraiment améliorée. Il faut tenter de faire un premier état de la situation en vue d’éclairer un avenir brumeux.

            Un calme précaire règne dans la ville de Bangui. Ce n’est pas ce calme paisible des jours d’autrefois. On pourrait parler d’un calme trompeur.

            Dans les rues quasi vides, ne circulent que des véhicules militaires et de quelques ONG (plus particulièrement de Médecins sans frontière). Quelques rares passants, toujours pressés comme s’ils regrettaient de s’être engagés sur la route.

            Beaucoup de personnes ne dorment pas chez elles. Des familles entières ont changé de quartier parce que leurs maisons ne se trouvaient pas dans la zone d’influence de leur communauté religieuse (musulmans cherchant la proximité de leurs coreligionnaires pendant que des chrétiens quittent les quartiers où il y a une prédominance musulmane).

            Les paroisses et certaines communautés religieuses recueillent des milliers de personnes déplacées, à la recherche de plus de sécurité. Toutes ces structures, malgré leur bonne volonté, n’étaient pas préparées à recevoir une telle quantité de personnes. Il n’y a pas assez de sanitaires et de points d’eau pour cette population. La nourriture est une gageüre. C’est une bombe à retardement si une solution n’est pas trouvée rapidement. Une telle concentration de personnes dans des endroits aussi restreints et mal équipés peut voir éclater une épidémie qu’il sera difficile d’arrêter. Beaucoup sont en état d’hypoglycémie parce que n’ayant pas mangé depuis plusieurs jours.

            Il y a des appels à la haine qu’on entend sur beaucoup de chaînes, même les plus respectables. Ces appels à la haine sont accompagnés de scènes de lynchages et de pillages (quelquefois d’édifices religieux). Les rumeurs les plus folles courent, ajoutant à la psychose de la population.

            Des entreprises conjointes des leaders religieux sont en train de voir le jour pour appeler la population à faire la paix. Il faudrait que les hommes politiques s’impliquent davantage parce qu’ils ont jusque-là brillé par leur absence. Il faut savoir que l’opération militaire seule ne peut pas ramener la paix et la sécurité. Il faut que cela soit accompagné de gestes forts de la part des religieux et des politiques. « Voici le temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme… » De ces temps difficiles, sortira-t-il un homme autour de qui la Centrafrique nouvelle pourra s’appuyer ? A une situation de challenge, il faut un homme de challenge. Où se cache-t-il ?

            Les jours qui suivent seront déterminants. Il faut savoir garder l’espoir même si les signes présents indiquent autre chose !


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