Bangui, une semaine après le déclenchement d’un conflit
qui fera descendre le pays dans les tréfonds de l’enfer, la situation ne s’est
pas encore vraiment améliorée. Il faut tenter de faire un premier état de la
situation en vue d’éclairer un avenir brumeux.
Un calme précaire règne dans la ville de Bangui. Ce n’est
pas ce calme paisible des jours d’autrefois. On pourrait parler d’un calme
trompeur.
Dans les rues quasi vides, ne circulent que des véhicules
militaires et de quelques ONG (plus particulièrement de Médecins sans
frontière). Quelques rares passants, toujours pressés comme s’ils regrettaient
de s’être engagés sur la route.
Beaucoup de personnes ne dorment pas chez elles. Des
familles entières ont changé de quartier parce que leurs maisons ne se
trouvaient pas dans la zone d’influence de leur communauté religieuse (musulmans
cherchant la proximité de leurs coreligionnaires pendant que des chrétiens
quittent les quartiers où il y a une prédominance musulmane).
Les paroisses et certaines communautés religieuses
recueillent des milliers de personnes déplacées, à la recherche de plus de
sécurité. Toutes ces structures, malgré leur bonne volonté, n’étaient pas
préparées à recevoir une telle quantité de personnes. Il n’y a pas assez de
sanitaires et de points d’eau pour cette population. La nourriture est une gageüre.
C’est une bombe à retardement si une solution n’est pas trouvée rapidement. Une
telle concentration de personnes dans des endroits aussi restreints et mal
équipés peut voir éclater une épidémie qu’il sera difficile d’arrêter. Beaucoup
sont en état d’hypoglycémie parce que n’ayant pas mangé depuis plusieurs jours.
Il y a des appels à la haine qu’on entend sur beaucoup de
chaînes, même les plus respectables. Ces appels à la haine sont accompagnés de
scènes de lynchages et de pillages (quelquefois d’édifices religieux). Les
rumeurs les plus folles courent, ajoutant à la psychose de la population.
Des entreprises conjointes des leaders religieux sont en
train de voir le jour pour appeler la population à faire la paix. Il faudrait
que les hommes politiques s’impliquent davantage parce qu’ils ont jusque-là
brillé par leur absence. Il faut savoir que l’opération militaire seule ne peut
pas ramener la paix et la sécurité. Il faut que cela soit accompagné de gestes
forts de la part des religieux et des politiques. « Voici le temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme… »
De ces temps difficiles, sortira-t-il un homme autour de qui la Centrafrique
nouvelle pourra s’appuyer ? A une situation de challenge, il faut un homme
de challenge. Où se cache-t-il ?
Les jours qui suivent seront déterminants. Il faut savoir
garder l’espoir même si les signes présents indiquent autre chose !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire