Scène irréaliste, d’un autre âge à l’aéroport M’Poko de Bangui
le mardi 10 décembre 2013 : le président français François Hollande a « convoqué »
et rencontré le président de la transition en Centrafrique Michel Djotodia, le
Premier ministre Nicolas Tiangaye et le président du CNT (Conseil national de
transition) Alexandre Ferdinand Nguendet. Il les exhorte à reprendre rapidement
le contrôle sur les éléments armés de l’ex Seleka. Pendant cette rencontre, le
président de la transition était dans ses petits souliers pendant que François
Hollande le tançait ; s’il n’arrive pas à maîtriser ses hommes, la France ira droit au but. Il n’y a pas eu de tête à tête entre les deux
présidents.
On aurait cru le président français en visite dans un
département français. Voilà où a conduit l’Afrique la mauvaise gouvernance de
ses gouvernants. Il s’agit là d’une perte totale de souveraineté. Des blindés
français qui circulent en arborant le drapeau tricolore et applaudis en sauveur
dans certains quartiers. On se rappelle la question que posaient certains
paysans quelque temps après l’indépendance et que rapporte le professeur Jean-Paul
Ngoupendé : « C’est quand la
fin de l’indépendance ? » Est-ce le moment de la fin de l’indépendance ?
A la suite de la visite du président français, c’est le
ministre de la défense français Jean-Yves Le Drian qui arrive à Bangui le
vendredi 13 décembre. C’est à lui de voir comment les choses doivent se passer
et décider ce qu’il faut faire.
Tout cela est un avertissement pour toute l’Afrique. Si
les hommes politiques ne s’engagent pas résolument dans une démocratie vraie,
nos Etats perdront toute leur souveraineté et seront dirigés par l’extérieur
sans qu’on ait besoin de prendre des précautions pour cacher les choses.
Nos Etats africains, à force de devenir la propriété de quelques-uns,
se sont petit à petit délités. Oui, l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts
mais d’institutions fortes.
La Centrafrique est en état d’urgence et c’est la cause des
actions et de faits exceptionnels qui s’y passent. Il faudra très vite que la
situation se normalise et que l’Etat retrouve sa souveraineté.
IL est étonnant de voir que dans les projets à court terme,
il ne soit pas fait mention de la formation et de la restructuration des forces
armées centrafricaine (Faca). Jusqu’à quand prévoit-on que les forces
étrangères fassent la loi dans ce pays ? Il faut bien sûr préparer la fin
de la transition qui doit avoir lieu au début de 2015 mais quelle armée pourra
assurer la sécurité des nouvelles institutions qui seront mises sur place.
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