vendredi 13 décembre 2013

Centrafrique : Hollande 1er ? (par Pascal Djimoguinan)


            Scène irréaliste, d’un autre âge à l’aéroport M’Poko de Bangui le mardi 10 décembre 2013 : le président français François Hollande a « convoqué » et rencontré le président de la transition en Centrafrique Michel Djotodia, le Premier ministre Nicolas Tiangaye et le président du CNT (Conseil national de transition) Alexandre Ferdinand Nguendet. Il les exhorte à reprendre rapidement le contrôle sur les éléments armés de l’ex Seleka. Pendant cette rencontre, le président de la transition était dans ses petits souliers pendant que François Hollande le tançait ; s’il n’arrive pas à maîtriser ses hommes, la France ira droit au but. Il n’y a pas eu de tête à tête entre les deux présidents.

            On aurait cru le président français en visite dans un département français. Voilà où a conduit l’Afrique la mauvaise gouvernance de ses gouvernants. Il s’agit là d’une perte totale de souveraineté. Des blindés français qui circulent en arborant le drapeau tricolore et applaudis en sauveur dans certains quartiers. On se rappelle la question que posaient certains paysans quelque temps après l’indépendance et que rapporte le professeur Jean-Paul Ngoupendé : « C’est quand la fin de l’indépendance ? » Est-ce le moment de la fin de l’indépendance ?

            A la suite de la visite du président français, c’est le ministre de la défense français Jean-Yves Le Drian qui arrive à Bangui le vendredi 13 décembre. C’est à lui de voir comment les choses doivent se passer et décider ce qu’il faut faire.

            Tout cela est un avertissement pour toute l’Afrique. Si les hommes politiques ne s’engagent pas résolument dans une démocratie vraie, nos Etats perdront toute leur souveraineté et seront dirigés par l’extérieur sans qu’on ait besoin de prendre des précautions pour cacher les choses.

            Nos Etats africains, à force de devenir la propriété de quelques-uns, se sont petit à petit délités. Oui, l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes.

            La Centrafrique est en état d’urgence et c’est la cause des actions et de faits exceptionnels qui s’y passent. Il faudra très vite que la situation se normalise et que l’Etat retrouve sa souveraineté.

            IL est étonnant de voir que dans les projets à court terme, il ne soit pas fait mention de la formation et de la restructuration des forces armées centrafricaine (Faca). Jusqu’à quand prévoit-on que les forces étrangères fassent la loi dans ce pays ? Il faut bien sûr préparer la fin de la transition qui doit avoir lieu au début de 2015 mais quelle armée pourra assurer la sécurité des nouvelles institutions qui seront mises sur place.

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