mercredi 11 décembre 2013

Centrafrique, les forces de la paix marchent sur les œufs


            Une semaine après le début des affrontements de Bangui et après le vote de la résolution des Nations Unies sur la Centrafrique, l’heure n’est pas encore au bilan mais il y a de quoi frémir. La paix n’a jamais été aussi loin en Centrafrique et la guerre interreligieuse n’est pas loin. Les forces de maintien de la paix marchent sur des œufs. Comment désarmer et sécuriser la ville sans donner l’impression de soutenir une communauté contre une autre ? Telle est le dilemme qu’il faudra résoudre très rapidement pour éviter que les choses ne s’enveniment.

            Alors que les forces françaises de l’opération Sangaris et celles de la Misca avancent dans le désarmement de Bangui, il y a un nouveau problème qu’il faudra résoudre très rapidement. Le désarmement des Séléka a eu comme corollaire quelque chose qu’on n’attendait pas. Des éléments désarmés et laissés sans défense sont lynchés par la population. Des musulmans accusés d’avoir collaboré avec les Séléka sont attaqués, des mosquées sont pillées.

            Le problème qui se pose est pour la force de maintien de paix. Comment ne pas apparaître comme allié d’un camp contre l’autre ? Les musulmans commencent à penser que les forces françaises sont venues soutenir l’autre communauté.

            La suspicion n’encourage pas le désarmement. Il faudra développer la confiance dans les deux communautés pour que tout ne se complique pas. Comment amener la population non-musulmane qui a vécu la frustration pendant plus de huit mois à se retenir, à contenir sa colère ? Comment lui faire comprendre que c’est la seule attitude qui peut faire baisser la tension et servir la cause de la paix ?

Le désarment se passe dans des conditions qui peuvent à tout moment dégénérer. Il faut à tout prix éviter  que les milices armées se transforment en unités de guérilla. La situation deviendrait plus périlleuse et personne ne pourrait prévoir le temps qu’il faudra alors pour que la paix revienne.

L’urgence en ce moment, c’est de créer la confiance dans toutes les communautés. Il faudra donc mettre tous les moyens à contribution. En Centrafrique, on n’a pas encore atteint le point de non-retour alors il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Ce n’est pas le langage de la violence qui sauvera la Centrafrique. Il faut beaucoup de courage pour faire la paix.


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