Une semaine après le début des affrontements de Bangui et
après le vote de la résolution des Nations Unies sur la Centrafrique, l’heure n’est
pas encore au bilan mais il y a de quoi frémir. La paix n’a jamais été aussi
loin en Centrafrique et la guerre interreligieuse n’est pas loin. Les forces de
maintien de la paix marchent sur des œufs. Comment désarmer et sécuriser la
ville sans donner l’impression de soutenir une communauté contre une autre ?
Telle est le dilemme qu’il faudra résoudre très rapidement pour éviter que les
choses ne s’enveniment.
Alors que les forces françaises de l’opération Sangaris
et celles de la Misca avancent dans le désarmement de Bangui, il y a un nouveau
problème qu’il faudra résoudre très rapidement. Le désarmement des Séléka a eu
comme corollaire quelque chose qu’on n’attendait pas. Des éléments désarmés et
laissés sans défense sont lynchés par la population. Des musulmans accusés d’avoir
collaboré avec les Séléka sont attaqués, des mosquées sont pillées.
Le problème qui se pose est pour la force de maintien de
paix. Comment ne pas apparaître comme allié d’un camp contre l’autre ? Les
musulmans commencent à penser que les forces françaises sont venues soutenir l’autre
communauté.
La suspicion n’encourage pas le désarmement. Il faudra
développer la confiance dans les deux communautés pour que tout ne se complique
pas. Comment amener la population non-musulmane qui a vécu la frustration
pendant plus de huit mois à se retenir, à contenir sa colère ? Comment lui
faire comprendre que c’est la seule attitude qui peut faire baisser la tension
et servir la cause de la paix ?
Le
désarment se passe dans des conditions qui peuvent à tout moment dégénérer. Il
faut à tout prix éviter que les milices
armées se transforment en unités de guérilla. La situation deviendrait plus
périlleuse et personne ne pourrait prévoir le temps qu’il faudra alors pour que
la paix revienne.
L’urgence
en ce moment, c’est de créer la confiance dans toutes les communautés. Il
faudra donc mettre tous les moyens à contribution. En Centrafrique, on n’a pas encore
atteint le point de non-retour alors il faut agir avant qu’il ne soit trop
tard. Ce n’est pas le langage de la violence qui sauvera la Centrafrique. Il
faut beaucoup de courage pour faire la paix.
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