De nos jours, tout est
monnayé. Le moindre service se paie, même dans les endroits où le service
public devrait être assuré. Il faut se demander vers quel monde nous évoluons s’il
n’y a plus de place pour la gratuité !
Il suffit de prendre les revues et les journaux ; la
première chose qui frappe, c’est la publicité. Bien sûr, ces journaux doivent
vivre et c’est normal qu’ils puissent se financer de cette façon mais ce qui
étonne, c’est l’espace occupé.
Tout nous montre que l’argent est roi partout. Il impose
ses lois et ses habitudes. Tout s’interprète par lui. La valeur d’un homme ou d’une
femme tend à être en fonction de son poids en or.
Désormais les signes rutilants de richesse sont les seuls
sésames qui ouvrent toutes les portes. Une concurrence malsaine s’instaure dans
la société. C’est à qui pourra mettre le plus à pleine vue.
Dans cette logique, tout se paye et taux le plus élevé.
Un service ou un travail n’est important que s’il est payé très cher. Toute la
vie semble se réduire à une vente aux enchères où tout est adjugé au plus
offrant et au dernier enchérisseur.
Notre société, si elle a de plus en plus d’argent, est
une société pauvre. Il y manque le sourire qui est inutile puisqu’il ne
rapporte pas d’argent. Je parle du vrai sourire et non de ces sourires
commerciaux qui ressemblent beaucoup plus à un rictus qu’à autre chose. On est
même surpris quand on rencontre un sourire sincère quelque part.
Un autre signe de notre misère est que le vrai merci tend
à disparaître. Il n’y a plus que des mercis commerciaux : « Merci,
revenez encore » est lancé aux clients qui quittent les caissières des
supermarchés et des boutiques de toutes sortes. Merci est devenu beaucoup plus
une façon de contourner l’interdit : « Merci de jeter les papiers
dans la poubelle, merci de ne pas stationner ici, merci de ne pas fumer ».
On court après le temps parce que le temps c’est l’argent.
Toute gratuité est inutile. On se rappelle le dialogue du Petit Prince d’Antoine
de Saint-Exupery avec un vendeur de pilule qui apaise la soif. Cela permettrait
d’économiser chaque semaine cinquante-trois minutes. Et le petit prince de dire :
« Moi, si j’avais cinquante-trois
minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine… »
Nos sociétés ont besoin de cette gratuité ; soyons
capables de retrouver notre humanité qui se laisse corrompre par le fric.
Sachons offrir nos sourires à ceux qui nous entourent et soyons capables de
dire merci pour les services rendus. Ce serait une revanche sur le monde des
finances qui nous entraînent vers une crise de plus en plus destructrice pour
notre humanité
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