Chaque culture s’organise
pour la formation de ses jeunes, chargés de prendre la relève dans la conduite
de la cité. C’est ainsi que l’initiation a pris s’est développé un peu partout ;
il fallait faire un passage de témoin de telle sorte que chaque génération soit
à même d’exercer ses fonctions avec le plus de compétence possible. En
Occident, la forme qu’a pris cette initiation n’a cessé d’évoluer pour prendre
la forme de l’enseignement qu’on connait comme l’école. En Afrique, si l’initiation
sous sa forme classique rencontre de plus en plus de difficulté à cause des
exigences de la vie moderne, elle perdure sous la forme des classes d’âges. La
question est de savoir si la conservation des classes d’âges telles qu’elles
sont est bénéfique pour la politique dans les Etats modernes.
Une des grandes craintes dans une société de l’oralité
est de perdre la mémoire des valeurs. Comment continuer de transmettre ces
valeurs, c’est-à-dire finalement comment assurer la continuité de la société ?
En Afrique, pendant des générations, la transmission des valeurs s’est faite en
grande partie pendant les périodes d’initiations traditionnelles où des jeunes
gens, vivant en réclusion, assimilent les techniques et les valeurs nécessaires
à la continuité de leurs clans, de leurs ethnies ou tout simplement de leurs
villages. C’était tout simplement un problème de survie.
Si ces initiations avaient lieu selon une période de
temps et pour une durée que chaque société fixait, elles réunissaient souvent
des jeunes dont l’âge était fixé dans la société. Il y avait donc différentes
classes d’âges dont la solidarité s’éprouvait à travers divers évènements vécus
ensemble. Chaque membre d’une classe d’âge avait des devoirs de solidarité
envers les autres.
Les classes d’âges n’étaient pas transversales. Les plus
jeunes générations devaient donc un respect absolu envers les ainés et cela ne
devaient connaître aucune exception. La parole d’un aîné était parole d’évangile.
De plus en plus, avec les exigences de la vie moderne (l’exode
rurale, le travail, les études), l’initiation tend à disparaître alors que les
classes d’âges et les regroupements par générations perdurent.
L’organisation politique en Afrique a pris de nos jours
une forme moderne avec des partis politiques, le pouvoir exécutif, le pouvoir
judiciaire et le pouvoir judiciaire. La plupart des africains luttent et
travaillent pour l’instauration de la démocratie dans tous les Etats.
Il nous faut nous demander si vraiment le système des
classes d’âges fait bon ménage avec la démocratie. Il arrive souvent d’entendre
des propos d’hommes politiques qui amènent à se poser question : « tel
homme politique a des comportements qui ne sont pas démocratiques mais je ne
peux pas le lui dire puisqu’il est un aîné », « Je n’ai pas les mêmes
idées politiques que tel mais je ne peux pas adhérer à un autre parti car c’est
un aîné ».
Il faut maintenant se réveiller et avoir le courage de se
poser des vraies questions : que faut-il privilégier en politique ?
Faut-il faire passer l’âge avant les idées politiques ? Etre de droite ou
de gauche n’aurait-il pas plus d’importance qu’appartenir à la même classe d’âge ?
La politique doit-elle être une construction de la raison ou tout simplement un
aplaventrissement obséquieux devant les habitudes ?
Si les hommes politiques africains veulent aller de l’avant,
ils doivent avoir le courage de sortir à la fois de la gérontocratie et de la
fausse solidarité politique dans les classes d’âges. Il faut avoir le courage
de ses idées et oser sortir des ornières et du carcan.
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