La dépigmentation en Afrique, signe de réussite sociale ? (par Pascal Djimoguinan)

            On ne parlera jamais assez des produits cosmétiques, plus particulièrement de ceux qui éclaircissent la peau. Cela devient un problème endémique car il est le signe d’une ignorance des dangers que prennent ceux qui en usent. Pourquoi cette pratique attire-t-elle un grand nombre d’africains ?

            Il faut reconnaître qu’il y a malheureusement chez beaucoup d’africains un complexe d’infériorité qui naît de la couleur de leur peau noire. Les vicissitudes de l’histoire récente (esclavage, colonialisme…) ont réussi à développer dans l’inconscient de beaucoup que le Noir ne peut qu’être inférieur aux hommes et femmes d’autres couleurs de peaux. Le noir reproduit ainsi dans son comportement ce complexe jusqu’à démissionner devant toute attitude plus rationnelle. Il suffit de lire « Peau noire masque blanc » de Franz Fanon pour saisir comment ce psychiatre décrit tout le mécanisme inconscient à l’œuvre dans le fonctionnement de ce complexe.

            Beaucoup, pour sortir de ce complexe, cherchent inconsciemment à changer la couleur de leur peau noire. Ils y sont mal à l’aise comme un locataire qui aimerait déménager d’une maison mal à point. L’idée avancer généralement est qu’on cherche à entretenir sa propreté. On commence alors à utiliser des produits cosmétiques éclaircissant qui remplissent les marchés. Il y a derrière cet engouement toute une industrie qui y trouve son compte. Les études montrent que ce marché est en forte progression en Afrique. Les intérêts vont à l’encontre de la santé des consommateurs. Ce qui est recherché, d’avoir rapidement la peau plus claire. Le langage qui est utilisé dit quelque chose de la violence exercée sur le corps ; on parle de décaper la peau.

            Il y a des produits cosmétiques éclaircissant dont il y a dans la composition des produits dangereux tels l’hydroquinone, le mercure, les dérivés de la cortisone. Ces produits cosmétiques sont interdits dans certains pays étrangers mais en Afrique, on les retrouve dans toutes les boutiques. Ils peuvent mettre en danger la vie de ceux qui les utilisent.

            Il y a des populations plus exposées que d’autres. D’abord, les femmes sont sous pression. Pour plaire aux hommes, elles sont obligées de s’éclaircir la peau. Elles ont ainsi l’impression d’être au-dessus du lot, d’appartenir à une classe sociale plus élevés. Ce complexe touche les hommes qui aiment s’afficher en publique avec des femmes avec la peau claire même si souvent ils ne poussent pas l’audace jusqu’à les épouser. Il y a également le monde de la show bizz qui est touché. Souvent, des artistes, hommes et femmes, utilisent les produits cosmétiques pour changer de peau. C’est pour eux le signe d’une montée sur les marches supérieures de l’échelle sociale.

            Il faut dire que l’utilisation des produits cosmétiques non conformes aux normes internationales et le désir de changer la couleur de la peau viennent de l’ignorance. Il faudrait favoriser l’éducation et la prise de conscience de tous les dangers que cela entraîne. Que chacun se sente bien dans sa peau aidera certaine à avoir confiance en soi. Les pouvoirs publics ont une très grande responsabilité dans ce domaine.