Selon la société civile gabonaise, il y a une
recrudescence des crimes rituels. Elle parle de plus de 40 assassinats depuis
le début de l’année. Le Gabon fait prendre conscience d’un fait courant en
Afrique. On y trouve l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR)
qui a organisé des marches et d’autres manifestations pour attirer l’attention
des autorités politiques et en appeler contre l’impunité qui persiste depuis
plusieurs années face à ce problème récurrent.
Ce crime odieux suit toujours à peu près le même mode
opératoire. Les criminels mutilent leurs victimes de certaines parties du
corps ; ils arrachent la langue, les organes génitaux ou les yeux. Il
semble que ces organes leur permettent de faire des amulettes qui leur
permettent d’accéder ou se maintenir à un poste important.
Loin d’être un fait propre au Gabon, nous retrouvons ces
pratiques à travers toute l’Afrique. Point n’est besoin de rappeler la traque
des albinos dont les restes servirait à fabriquer des talismans porte-bonheur,
des disparitions de jeunes gens au Cameroun dont on retrouve les cadavres sans
certaines parties du corps.
Il n’est un secret pour personne qu’en Afrique, la
politique fait bon ménage avec le mysticisme. A l’approche des remaniements
ministériels, les officines des marabouts, de prophètes et autres voyants sont
pris d’assaut par d’imminents hommes politiques. Souvent, il leur est demandé d’offrir
des sacrifices qui impliquent des crimes rituels avec des restes humains.
Quand la politique quitte le terrain de la rationalité
pour entrer sur celui des trafics de toutes sortes, il n’y a pas beaucoup de
progrès à attendre dans le gouvernement des Etats. Il ne s’agit plus de
présenter un projet politique valable, il ne s’agit plus de défendre un bilan
politique mais tout simplement de vouloir faire jouer « les esprits »
à force d’incantations magiques et de sacrifices.
Il n’est pas étonnant que dans ces conditions, on veille
mettre toutes les chances de son côté. Avec les sacrifices rituels se multiplient
la corruption, le népotisme et l’amateurisme.
La politique n’est plus l’art du possible ; c’est l’art
de l’à-peu-près. Tant que ça marche, on continue dans ces pratiques criminelles
en continuant d’enfoncer le pays dans un naufrage irréversible. Et lorsqu’on se
maintient à son poste par des manipulations illégales, on n’a pas envie de le
quitter de peur de se faire rattraper par la justice.
Pour qu’il y ait un développement social, politique et
économique, il faudrait que la justice remette de l’ordre dans tous ces trafics
et que la politique se retrouve enfin dans l’aire de la rationalité. L’Afrique
doit se rendre compte que même sur le plan politique, elle doit cesser toutes
ces manipulations qui ne sont pas pour le bien des populations et commencer à
prendre en main sa destinée.
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