dimanche 9 juin 2013

Politique et mysticisme en Afrique (par Pascal Djimoguinan)


            Selon la société civile gabonaise, il y a une recrudescence des crimes rituels. Elle parle de plus de 40 assassinats depuis le début de l’année. Le Gabon fait prendre conscience d’un fait courant en Afrique. On y trouve l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR) qui a organisé des marches et d’autres manifestations pour attirer l’attention des autorités politiques et en appeler contre l’impunité qui persiste depuis plusieurs années face à ce problème récurrent.

            Ce crime odieux suit toujours à peu près le même mode opératoire. Les criminels mutilent leurs victimes de certaines parties du corps ; ils arrachent la langue, les organes génitaux ou les yeux. Il semble que ces organes leur permettent de faire des amulettes qui leur permettent d’accéder ou se maintenir à un poste important.

            Loin d’être un fait propre au Gabon, nous retrouvons ces pratiques à travers toute l’Afrique. Point n’est besoin de rappeler la traque des albinos dont les restes servirait à fabriquer des talismans porte-bonheur, des disparitions de jeunes gens au Cameroun dont on retrouve les cadavres sans certaines parties du corps.

            Il n’est un secret pour personne qu’en Afrique, la politique fait bon ménage avec le mysticisme. A l’approche des remaniements ministériels, les officines des marabouts, de prophètes et autres voyants sont pris d’assaut par d’imminents hommes politiques. Souvent, il leur est demandé d’offrir des sacrifices qui impliquent des crimes rituels avec des restes humains.

            Quand la politique quitte le terrain de la rationalité pour entrer sur celui des trafics de toutes sortes, il n’y a pas beaucoup de progrès à attendre dans le gouvernement des Etats. Il ne s’agit plus de présenter un projet politique valable, il ne s’agit plus de défendre un bilan politique mais tout simplement de vouloir faire jouer « les esprits » à force d’incantations magiques et de sacrifices.

            Il n’est pas étonnant que dans ces conditions, on veille mettre toutes les chances de son côté. Avec les sacrifices rituels se multiplient la corruption, le népotisme et l’amateurisme.

            La politique n’est plus l’art du possible ; c’est l’art de l’à-peu-près. Tant que ça marche, on continue dans ces pratiques criminelles en continuant d’enfoncer le pays dans un naufrage irréversible. Et lorsqu’on se maintient à son poste par des manipulations illégales, on n’a pas envie de le quitter de peur de se faire rattraper par la justice.

            Pour qu’il y ait un développement social, politique et économique, il faudrait que la justice remette de l’ordre dans tous ces trafics et que la politique se retrouve enfin dans l’aire de la rationalité. L’Afrique doit se rendre compte que même sur le plan politique, elle doit cesser toutes ces manipulations qui ne sont pas pour le bien des populations et commencer à prendre en main sa destinée.

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