Dans une interview qu’il a accordé une télévision
portugaise et diffusée le jeudi 6 juin 2013, le président angolais José Eduardo
dos Santos a évoqué la question de sa succession. Face à cette éventualité, la
presse et l’opinion internationale n’ont pas réussi à maîtriser leur enthousiasme.
Après plus de trois décennies au pouvoir, ce chef d’Etat ose aborder le sujet
tabou de sa succession. Faut-il se réjouir de cette nouvelle ?
La question qui me vient d’abord à l’esprit, c’est de
savoir si l’Angola est une république ou est-ce une monarchie ? Tout ce
qui se produit en ce moment ressemble singulièrement aux rumeurs qui suivraient
une annonce d’abdication.
Il est temps que nous nous interrogions sérieusement sur
la forme que nous voulons donner à nos Etats en Afrique. Nous ne pouvons pas à
la fois parler de république et avoir des monarques à vie.
Normalement l’annonce du président est un non-événement. Il ne s’agit pas que
quelque chose qu’il accorde comme un prince mais d’un droit. La souveraineté du
peuple devrait être respectée non seulement dans le suffrage universel, mais il
faudrait accepter qu’un chef d’Etat ne dépasse pas un certain nombre de
mandats.
Si nous sommes prompts ici en Afrique à imiter tout ce
qui nous vient de l’extérieur, pourquoi ne pas le faire pour ce qui a porté d
fruit Outre-Atlantique. Nous savons qu’aux Etats-Unis, le chef de l’Etat ne se
présente aux élections pas pour plus de deux mandats ; nous savons tous
que le pays ne s’en porte pas mal.
Il y a de nouvelles habitudes que même nos chefs d’Etat
devraient prendre. La démocratie est une culture qu’il faut acquérir. L’homme
doit se laisser façonner par sa raison. L’instinct ne peut produire des fruits
proprement humains que s’il se laisse modeler par la raison. Il n’y a aucune
faiblesse à oser prendre le risque de laisser le pouvoir à d’autres. Aucun
homme n’est indispensable donc aucun chef d’Etat ne devrait penser qu’après
lui, ce serait le déluge.
On ne peut compter les chefs d’Etat africains qui ont
quitté le pouvoir en à la fin de leurs mandats que sur les doigts des deux
mains. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer Léopold Sédar Senghor, Ahmadou Ahidjo, Nelson Mandela (il y
a bien une poignée de chefs d’Etat africains que nous ne citons pas ici).
Que nos chefs d’Etat l’antique pratique romaine ; pendant
la parade d’un empereur ou d’un général,
un esclave se tenait à ses côtés pour lui murmurer : « Hominem te esse » (Toi aussi tu n’es qu’un homme) ou tout
simplement « Memento mori »
(Rappelle-toi que tu mourras). Lors des grandes célébrations, si nos chefs
d’Etat africains imitaient ces romains, ils se rendront compte qu’ils ne sont
que de passage et le plus grand cadeau qu’ils peuvent faire à leur pays est de
s’effacer à temps pour laisser la place à d’autres.
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