jeudi 6 juin 2013

Du rififi à Bangui (par Pascal Djimoguinan)


Mercredi 5 juin, au camp Béal à Bangui, des coups de feu crépitent. Deux groupes des Sélékas s’affrontent (d’aucuns disent que ce sont des membres de la séléka qui auraient échangé des tirs avec  des membres de la CPJP, Convention des patriotes pour la justice). Le motif semble être la distribution de nourriture. Un groupe des sélékas qui s’estime lésé dans le partage va affronter l’autre qui serait plus nanti. Le bilan humain serait de 3 morts et de 13 blessés.

            L’exaspération est grande en Centrafrique. On est tenté de désespérer pour le pays. Certains vont jusqu’à se dire : Tout ça pour ça ? Toute la campagne militaire avec la marche sur Bangui, avec des revendications d’ordre démocratique pour en arriver à se battre comme des chiffonniers parce que la part de nourriture qu’on a reçu n’est pas comme celle du voisin…

            Où est l’Etat dans tout cela ? Où sont les autorités politiques ? La population ne peut plus ne se contenter que des beaux discours.

            Ce mercredi 5 juin, lors des échanges de coups de feu, la ville de Bangui était dans une panique généralisée : les bureaux, les écoles, les boutiques et les marchés se sont vidés en un clin d’œil. La frustration était grande de vivre cette insécurité, sans savoir sur qui compter et comment tout cela finira. C’était un véritable far West.

            Comment la population peut-elle faire confiance et reprendre les activités si tout peut à tout moment basculer ?

            Les militaires ne suivent pas les politiques. Dans les discours officiels, il est question de désarmement, de cantonnement, de sécurité. Dans la réalité, c’est tout le contraire. Des hommes en armes peuvent impunément faire la loi et continuer les braquages sans qu’il n’y ait d’espoir que cela cesse.
            Le problème doit être plus profond. Les militaires doit savoir qu’à partir d’un moment, les armes doivent se taire et que le dialogue doit commencer. Tous les regards sont tournés vers les autorités tant politiques que militaires pour que le calme revienne afin que la reconstruction de la RCA puisse commencer.

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