Longtemps, très longtemps, j’ai
été naïf. J’ai cru que la corruption, la gabegie, les détournements du denier
public, c’était le mal africain.
J’ai cru à la richesse colossale de Bokassa, aux
milliards de Mobutu, à la fortune de Bongo. « Tu sais, là-bas sous les
Tropiques, ils confondent les caisses publiques et leurs poches ».
Pourtant, les diamants de Bokassa auraient dû me mettre
la puce à l’oreille.
J’ai cru que dans les capitales africaines, il y avait un
gaspillage systématique des fonds du trésor public, que pour un service
quelconque, il fallait verser des pots-de-vin. « Que voulez-vous, ils sont
tous corrompus là-bas… »
Pourtant, les affaires à la mairie de Paris auraient dû m’ouvrir
les yeux.
J’ai cru à l’histoire des biens mal acquis. Les chefs d’Etat
africains et leurs proches achètent des châteaux, des voitures de luxe et des
tableaux de très grande valeur avec l’argent public. Il fallait les récupérer
et les rendre à l’Etat. Ces chefs d’Etat n’avaient pas compris qu’en plus de
ces biens, il fallait acheter des équipes de football dans les capitales
européennes pour assainir les choses.
Et puis j’ai dû me frotter les yeux tant ce qui arrivait
me paraissait invraisemblable ; il y a eu l’affaire karachi, l’affaire
Benttencourt, l’affaire cahuzac, l’affaire Tapie, l'affaire Guéant…
Je me suis alors demandé s’il y a eu une migration des
affaires vers le vieux continent… Cela a-t-il toujours été comme ça ou est-ce
un nouveau phénomène ? Je me suis alors réveillé de mon sommeil
dogmatique. Il ne s’agit plus du mal africain. La bêtise est parmi les choses
les mieux partagées dans le monde.
Je me suis mis à espérer. Et si tout ce qui se chuchotait
tout bas dans les chaumières à la tombée de la nuit pouvait se retrouver au
parquet ? Et si on ouvrait des procédures contre tous les détournements
dans nos capitales africaines ?
Ce que j’ai appris, c’est que je suis homme et que rien
de ce qui est humain ne m’est étranger.
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