L’intervention des forces
françaises au Mali a été saluée par la plus grande majorité des africains. Nous
pouvons dire qu’elle a sauvé l’Etat. Le président français a eu même droit à une
« standing ovation » lors de sa visite dans ce pays. Tout aurait été
parfait s’il n’y avait ce grain de semble qui vient faire grincer le mécanisme.
Il s’agit de Kidal et du MNLA.
Après avoir chassé les islamistes qui prenaient le Mali
en otage, le président français a exigé, au risque de blesser la souveraineté
du pays que les élections aient lieu en juillet :
Si nous reprenons le discours du président du président
François à l’Elisée lors de la visite de son homologue du Niger le président
Mahadou Issoufou où il annonçait que les élections auraient lieu d’ici fin
juillet, nous prendrons toute la mesure du problème : « Ces élections
doivent se tenir sur tout le territoire malien. J'insiste bien : sur tout le
territoire malien. Aucune fraction du Mali ne doit être privée de la
possibilité d'organiser le scrutin… Nous devons faire en sorte que
l'administration malienne civile puisse être installée partout pour
l'organisation de ces élections. La France, à travers sa présence militaire, et
d'autres armées, y contribueront".
Les élections doivent se tenir partout ; c’est là qu’est
l’os. Tout le monde sait que l’armée malienne ne peut se rendre à Kidal où est
le MNLA, avec la bénédiction de l’armée française. Si de « jure » le
Mali est un, de fait, se trouve avec deux entités et deux armées. Comment dans
ce cas organiser des élections sur l’ensemble du territoire ?
On ne peut pas par une pirouette
résoudre le problème en disant que l’administration malienne civile puisse être
installée partout. On pourrait dire que ce serait mutadis mutandis comme si
après la guerre, la France avec accepté d’organiser les élections avec les
pétainistes sur une partie du territoire français et les troupes de la
libération sous le général de Gaulle de l’autre.
La question qui vient à l’esprit est
de savoir si la France cherche par-là à rattraper une boulette ou est-ce voulu
dès le départ à cause d’une certaine affinité avec les Touaregs dont elle ne
voudrait ménager les susceptibilités.
La grande peur est que si ce projet
allait jusqu’au bout, cela ne créerait-il pas un précédent ? Il y a un peu
partout en Afrique des rebellions en cours ou en gestation. Pourra-t-on
désormais organiser les élections même quand il y a une partition de fait du
pays ?
En plus qu’est-ce qui dit qu’après
les élections, les Touaregs du MNLA deviendraient subitement plus conciliants
et que l’abcès se résorberait ? N’est-ce pas qu’une solution politique
devrait prendre à la fois le problème de l’occupation du territoire pour une
bande armée et les élections ?
Pour ne pas simplifier les choses,
il semble que des exactions ont lieu en ce moment à Kidal contre les
populations noires, notamment les songhays. Comment alors accepter que de
graves atteintes aux droits de l’homme puissent avoir lieu presque sous le nez
de l’armée française ? Il faudra qu’à un moment, le France accepte de
retourner la lorgnette et essaie de regarder par le petit bout.
Nous savons bien à quelles dates les
élections devraient avoir lieu. Comment les organiser ? Si l’on sait que
le pays est en état d’urgence, on voit bien comment la tâche ne sera pas
facile.
<il faudra que la France réponde
à une question. Y a-t-il une armée nationale au Mali ? Si oui, elle doit
être partout. S’il n’y a pas d’armée nationale, alors peut-on dire que le
gouvernement malien actuel n’est qu’un groupe au même titre que le MNLA ?
On compte beaucoup sur la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations
unies pour la stabilisation au Mali) pour la stabilisation du Mali. On ne peut
s’empêcher de se demander de quel Mali s’agit-il ? Mali du Nord ou Mali du
Sud ?
Il faut dire que la France est
engluée dans un imbroglio et il faut bien être un magicien pour s’en sortir
telles que les choses sont parties. Que Dieu sauve le Mali un et indivisible.
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