jeudi 13 juin 2013

Enfants de la rue, un nouveau défi pour l’Afrique (par Pascal Djimoguinan)


Il y a un phénomène assez récent mais qui est en train de prendre une très grande importance dans les villes africaines. Il s’agit du phénomène des enfants de la rue. Ces enfants vivent dans une indépendance plus ou moins grande par rapport à leurs familles naturelles et sont souvent abandonnés à eux-mêmes.

            Ce phénomène se développe en suivant une progression géométrique parce que les systèmes traditionnels d’éducation sont en perte de vitesse et le tissu social se détériore sans donner la place à de nouvelles organisations qui pourraient pallier au manque.

            Ce système envoie les plus faibles dans les rues, les femmes à la prostitution et des enfants de plus en plus jeunes se retrouvent abandonnés à eux-mêmes. Ces enfants s’organisent comme ils le peuvent entre eux, avec une forme d’éthique qui leur est propre. Ils peuvent devenir dangereux dans cette lutte pour la survie.

            Si les enfants de la rue sont un phénomène concomitant au développement des villes en Afrique, il est à craindre que cela n’aille qu’en s’aggravant. Selon le philosophe camerounais Eboussi Boulaga, « le défi de l’Afrique dans les années à venir sera de faire face au développement des mégapoles qui vont se multiplier ». Avec le développement des grandes villes, il faudra s’attendre à ce que le problème des enfants de la rue atteigne un stade où ce sera un danger pour tous s’il n’y a pas de solutions maintenant.

            Il y a bien des ONG qui s’occupent des enfants de la rue et qui font même un très bon travail. Il faut les encourager dans cet engagement noble au service de l’humanité. Mais on peut se demander si le premier responsable ne doit pas être l’Etat. Que font les différents Etats africains face à ce problème des enfants de la rue ? Il faudrait bien qu’une stratégie soit trouvée.

             Si l’Etat républicain est pour l’égalité des chances, il ne faudrait pas que les enfants de la rue en soient exclus.

            Il faudra peut-être dans certains domaines, utiliser une sorte de coercition pour que ces enfants ne ratent pas leurs chances dès le départ.

- Il faudra l’école obligatoire jusqu’à un âge bien déterminé. Si les enfants ne vont jamais à l’école, il faut savoir que toute leur vie, ils ne pourront que dépendre du bien vouloir des autres.

- Il faudra créer de foyer où doivent vivre les enfants les plus jeunes, abandonnés dans la nature.

- Il faut que ces enfants aient droit à la santé gratuitement car ils ne sont pas capables de se payer les soins.

            Il ne faudrait pas s’arrêter uniquement à la chirurgie réparatrice qui ne s’occupe que des effets. L’Etat doit également s’occuper des causes.

- Il doit donc imposer une pension alimentaire pour les pères indélicats et veiller à ce que cela soit versé régulièrement. C’est souvent parce qu’il n’y a pas d’argent à la maison que les enfants commencent à aller se débrouiller dehors.

- L’Etat doit veiller à la protection de la famille, notamment en favorisant « un code de la famille » juste qui prenne sérieusement en compte les problèmes d’héritage et qui protège les veuves.

- Finalement, l’Etat doit imposer aux parents de s’occuper de leurs enfants en déclarant comme un délit le fait pour une famille de déclarer que sa progéniture est « un enfant sorcier » pour pouvoir l’abandonner.

            Les enfants sont l’avenir d’un pays ; il y a une forte déperdition qui se fait par le phénomène des enfants de la rue. Il est vraiment temps que nos Etats prennent se problème à-bras-le-corps. Cela fait partie du combat pour le développement.

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