mercredi 19 juin 2013

L’armée tchadienne au Mali: Qu’est-elle allée chercher dans cette galère ? (par Pascal Djimoguinan)


                        La grave crise qui a failli emporter le Mali et le transformer en un royaume de l’AQMI, tête de pont de l’envahissement de toute l’Afrique subsaharienne n’a connu un arrêt que grâce à l’intervention de l’armée française par l’opération serval. Les conditions favorables à la paix et à la pacification du Mali sont en train de se mettre en place. Il serait quand même intéressant de revenir sur la place qu’a prise l’Afrique dans la lutte contre les djihadistes de l’AQMI et de leurs complices dont le MUJAO (Le mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). L’intervention du Tchad pourrait faire cas d’école.

            Alors que le Mali s’embrasait sous la coupe des djihadistes d’AQMI et que la charia était appliquée sous sa forme la plus stricte dans le Nord occupée, les Etats de la CEDEAO allaient de réunions en réunions sans vraiment oser intervenir pour libérer le Mali. Est-ce par peur ou par manque d’organisation ? L’avenir nous le dira sans doute. Il est quand même étonnant qu’après cinquante ans d’indépendance, toutes les armées de la région de l’Afrique de l’Ouest soient incapables de s’opposer à une bande de hors la loi.

            Devant l’incapacité de l’Afrique à intervenir au Mali pour rétablir la paix, AQMI a continué sa conquête du pays et s’est retrouvé aux portes de Bamako ; l’armée française, avec son aviation, a dû intervenir précipitamment pour renvoyer les djihadistes dans les montagnes du Nord. Pendant ce temps, la CEDEAO continuait ses consultations qui consistaient à faire l’inventaire de ce qui manquait aux armées de l’Afrique de l’Ouest pour intervenir au Mali aux côtés de l’armée française.

            Courtisé, adulé, l’armée tchadienne quitte l’Afrique centrale pour s’engager avec 2000 hommes aux côtés de l’armée française. Tout le monde a apprécié le travail fait par elle. Elle a apporté un appui décisif dans le nettoyage des montagnes du Nord Mali. Elle va payer le prix fort : plus de 38 morts et une centaine de blessés.

            Maintenant que le sale boulot est fait, il faudrait que l’ONU prenne la relève pour éviter que les djihadistes ne reviennent. Il faudra donc transformer les forces sur place en casques bleus. Ceux-ci vont travailler avec l’armée française restée sur place.

            L’ONU se rend compte que l’armée tchadienne n’est plus une armée comme il faut. Elle a d’énormes lacunes ; il ne sied pas qu’un général d’une telle armée puisse avoir le commandement des troupes de l’ONU.

            Quelques soient les raisons avancées, l’armée tchadienne n’a plus sa place dans la guerre propre que l’ONU va faire au Mali, ou plutôt, elle a sa place mais il faudra la cacher pour qu’on ne la voit pas. C’est une armée qui recrute des enfants et elle a des problèmes avec les droits de l’homme. On peut la cacher dans les montagnes où personne ne pourra la voir. Des généraux des armées plus disciplinées vont prendre le commandement des troupes.

                        Il faut espérer que le Tchad a compris la leçon. On ne veut pas de son armée pour la suite du boulot au Mali. Il y a des armées comme il faut, capable de faire le travail sous l’uniforme des Nations Unies.

            L’armée tchadienne, qu’est-elle allée chercher là-bas ? Elle doit rentrer au Tchad, se reformer au lieu de rester au Mali et à salir les forces de l’ONU. Il faut que le Tchad comprenne la leçon et que la prochaine fois elle ne se précipite plus dans des opérations qui ne peuvent que lui poser des problèmes par la suite. Il a été le dindon de la farce. En tout cas, que fait-on du zeste une fois que le citron a été pressé ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire