jeudi 27 juin 2013

Le silence, un bien de plus en plus ignoré (par Pascal Djimoguinan)


            Notre monde actuel est devenu le monde des bruits. Partout on entend la musique à pleins tubes. A côté de cela, le bruit occupe un espace de plus en plus grand dans nos sociétés. Le silence fait désormais peur. Les médecins se plaignent des problèmes d’audition que rencontrent les populations de plus en plus jeunes.

            Il suffit d’utiliser le transport en commun dans certaines villes africaines pour s’en rendre. La musique y est jouée à plein tube. Il est quasiment impossible de s’entendre dans ce vacarme. Ce qui étonne, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui s’y trouve à l’aise. Toute une partie de la population a comme critère du choix des bus la puissance des haut-parleurs qui s’y trouvent ; c’est par exemple le cas des « matatu », bus de transport en commun au Kenya.

            Cela n’est plus un motif d’étonnement. Il suffit de voir comment se comportent nos contemporains. Les gens se promènent toujours avec des écouteurs à l’oreille ou simplement le téléphone collé à l’oreille. Nous sommes devenus accrocs à ces appendices qui finissent par faire partie de notre corps.

            Un jour, j’ai été surpris par un fait qui m’a amené à réfléchir sur les relations qui se tissent et comment se vit désormais la convivialité ; alors que je me promenais dans une ville africaine, j’ai un couple de jeunes qui marchait devant moi en se tenant par la main ; jusque-là rien d’extraordinaire. C’était des adolescents, un garçon et une fille, heureux de marcher ensemble. Ce qui m’a étonné, c’était que sur plus de deux cents mètres, chacun parlait au téléphone avec une autre personne.

            Je me demande si le bruit perpétuel et le téléphone omniprésent encouragent le recueillement et l’échange véritable entre les personnes. En parlant avec beaucoup de jeunes et de moins jeunes, je me suis rendu compte que les gens ont de plus en plus peur de silence. On a peur de se retrouver face à soi-même. Il faut donc du bruit car cela permet une sorte d’évasion, loin de soi-même.

            Pouvons-nous encore nous libérer du bruit et du téléphone ? Sommes-nous capables, dans la journée, de trouver un laps de temps où nous pouvons fermer notre téléphone portable et tout appareil de musique ? Pouvons-nous encore affronter le silence et oser nous rencontrer quelques instants ? C’est un défi pour chacun de nous mais osons le relever.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire