Notre monde actuel est devenu le monde des bruits.
Partout on entend la musique à pleins tubes. A côté de cela, le bruit occupe un
espace de plus en plus grand dans nos sociétés. Le silence fait désormais peur.
Les médecins se plaignent des problèmes d’audition que rencontrent les populations
de plus en plus jeunes.
Il suffit d’utiliser le transport en commun dans
certaines villes africaines pour s’en rendre. La musique y est jouée à plein
tube. Il est quasiment impossible de s’entendre dans ce vacarme. Ce qui étonne,
c’est qu’il y a beaucoup de gens qui s’y trouve à l’aise. Toute une partie de
la population a comme critère du choix des bus la puissance des haut-parleurs
qui s’y trouvent ; c’est par exemple le cas des « matatu », bus
de transport en commun au Kenya.
Cela n’est plus un motif d’étonnement. Il suffit de voir
comment se comportent nos contemporains. Les gens se promènent toujours avec
des écouteurs à l’oreille ou simplement le téléphone collé à l’oreille. Nous
sommes devenus accrocs à ces appendices qui finissent par faire partie de notre
corps.
Un jour, j’ai été surpris par un fait qui m’a amené à
réfléchir sur les relations qui se tissent et comment se vit désormais la
convivialité ; alors que je me promenais dans une ville africaine, j’ai un
couple de jeunes qui marchait devant moi en se tenant par la main ;
jusque-là rien d’extraordinaire. C’était des adolescents, un garçon et une
fille, heureux de marcher ensemble. Ce qui m’a étonné, c’était que sur plus de deux
cents mètres, chacun parlait au téléphone avec une autre personne.
Je me demande si le bruit perpétuel et le téléphone
omniprésent encouragent le recueillement et l’échange véritable entre les
personnes. En parlant avec beaucoup de jeunes et de moins jeunes, je me suis
rendu compte que les gens ont de plus en plus peur de silence. On a peur de se
retrouver face à soi-même. Il faut donc du bruit car cela permet une sorte d’évasion,
loin de soi-même.
Pouvons-nous encore nous libérer du bruit et du téléphone ?
Sommes-nous capables, dans la journée, de trouver un laps de temps où nous
pouvons fermer notre téléphone portable et tout appareil de musique ?
Pouvons-nous encore affronter le silence et oser nous rencontrer quelques
instants ? C’est un défi pour chacun de nous mais osons le relever.
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