dimanche 23 juin 2013

Le mot art convient-il aux objets usuels africains?


            Parler de l’art africain souffre d’emblée d’une comparaison avec ce qui vient de l’Occident. Il est donc difficile de parler de l’art africain en ce qu’il est en lui-même, malgré ce qu’en disait Marcel Mauss : « Un objet d’art, par définition, est l’objet reconnu comme tel par un groupe ».  Si en Europe, on peut parler des beaux arts depuis la fin du XVIIIème siècle lorsque l’on veut désigner la sculpture, la peinture l’architecture et les arts plastiques (en y ajoutant la musique, la danse, la poésie et la littérature), on fait un glissement en appliquant les mêmes termes à ce qui se fait en Afrique. On peut se demander si cela est vraiment pertinent.

            L’homme a toujours besoin de comparer les choses pour les classifier. Ainsi, en découvrant ce qui se fait en Afrique, il faut trouver des points communs pour les besoins  d’une nomenclature précise.

            Le problème est qu’en faisant entrer les œuvres africaines dans la classification occidentale, on leur a attribué d’autres valeurs qu’elles n’avaient pas d’emblée. Ainsi, si en Europe, la valeur esthétique des œuvres d’art était proportionnelle à leur valeur monétaire, il n’en était pas ainsi en Afrique.

            En Afrique, ce qui est entré aujourd’hui sous la dénomination d’art faisait partie de la vie. A l’origine, c’était ce qui servait à la vie quotidienne soit comme objets usuels (sièges, ornements, habitats, etc.) soit pour les célébrations rituelles (masques, objets protecteurs, ustensiles liturgiques, etc.) La valeur de ces objets était liée à leurs utilisations.

            Désormais, les objets africains, en devenant des produits artistiques, sortent de leurs usages quotidiens pour avoir une valeur marchande et pour être conservés dans des musées.

            Il faut se demander comment arriver à maintenir les objets africains dans leur usage quotidien tout en les conservant comme patrimoine. S’il y a une chose qui réunit les conceptions occidentale et africaine, c’est la reconnaissance de la beauté dans ces différents objets. Il faut dire que la beauté est ce qui fait l’unité des transcendantaux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire