Parler de l’art africain souffre d’emblée d’une
comparaison avec ce qui vient de l’Occident. Il est donc difficile de parler de
l’art africain en ce qu’il est en lui-même, malgré ce qu’en disait Marcel
Mauss : « Un objet d’art, par
définition, est l’objet reconnu comme tel par un groupe ». Si en Europe, on peut parler des beaux arts
depuis la fin du XVIIIème siècle lorsque l’on veut désigner la
sculpture, la peinture l’architecture et les arts plastiques (en y ajoutant la
musique, la danse, la poésie et la littérature), on fait un glissement en
appliquant les mêmes termes à ce qui se fait en Afrique. On peut se demander si
cela est vraiment pertinent.
L’homme a toujours besoin de comparer les choses pour les
classifier. Ainsi, en découvrant ce qui se fait en Afrique, il faut trouver des
points communs pour les besoins d’une
nomenclature précise.
Le problème est qu’en faisant entrer les œuvres
africaines dans la classification occidentale, on leur a attribué d’autres
valeurs qu’elles n’avaient pas d’emblée. Ainsi, si en Europe, la valeur
esthétique des œuvres d’art était proportionnelle à leur valeur monétaire, il
n’en était pas ainsi en Afrique.
En Afrique, ce qui est entré aujourd’hui sous la
dénomination d’art faisait partie de la vie. A l’origine, c’était ce qui
servait à la vie quotidienne soit comme objets usuels (sièges, ornements,
habitats, etc.) soit pour les célébrations rituelles (masques, objets
protecteurs, ustensiles liturgiques, etc.) La valeur de ces objets était liée à
leurs utilisations.
Désormais, les objets africains, en devenant des produits
artistiques, sortent de leurs usages quotidiens pour avoir une valeur marchande
et pour être conservés dans des musées.
Il faut se demander comment arriver à maintenir les
objets africains dans leur usage quotidien tout en les conservant comme
patrimoine. S’il y a une chose qui réunit les conceptions occidentale et
africaine, c’est la reconnaissance de la beauté dans ces différents objets. Il
faut dire que la beauté est ce qui fait l’unité des transcendantaux.
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