dimanche 2 juin 2013

Afrique, terreau du terrorisme fondamentaliste ? (par Pascal Djimoguinan)


Depuis quelque temps, l’Afrique revient à la une des médias. Cette fois-ci, il ne s’agit ni de famine, ni de sida mais d’un phénomène dont l’Afrique se croyait épargnée. Il s’agit du terrorisme des intégristes religieux sortis d’un autre âge. Par la terreur et sous le couvert de la religion, des groupes aux contours mal définis cherchent à instaurer un empire de drogues, de prises d’otages et de trafics de toutes sortes. Il s’agit en fait d’un cancer qui s’installe et dont l’objectif est de saper toute organisation politique et démocratique en Afrique. Face à ce danger, est-il permis d’espérer ? Le monde libre pourra-t-il encore sauver l’Afrique ou est-ce trop tard ? Est-ce le crépuscule de l’essor démocratique en Afrique ?
            Si depuis quelques années déjà, un groupe de terroristes « islamistes » sévissait en Afrique de l’Ouest, c’est l’histoire du Mali qui va vraiment ouvrir les yeux du commun des africains sur la menace qui plane sur son continent. Longtemps, les soubresauts de l’intégrisme en Algérie ont semblé n’être qu’un phénomène circonscrit à un endroit bien déterminé du continent. Ensuite, tout ce qui s’est passé en Irak et en Afghanistan semblait trop loin, comme sur une autre planète. L’attentat du World Trade centre semblait être une chose qui ne toucherait en aucune manière l’Afrique. Le terrorisme islamiste semblait être le problème des autres et que l’Africain moyen ne pouvait en être informé que de temps en temps par les médias interposés.
            Les choses ont commencé à se précipiter avec le Mali. Les terroristes de l’AQMI ont commencé à prendre les villes maliennes les unes après les autres sans que l’armée n’ait pu leur opposer une résistance ; Bamako s’est bientôt  trouvé sous la menace directe islamiste ; pendant ce temps, les pays de l’Afrique de l’Ouest se sont perdus en conjectures et n’ont arrêté de tergiverser (Festina lente). Il faudra attendre l’intervention de la France pour que les choses commencent à bouger. Pendant ce temps, au Nigéria, Boko Haram se surpasse. Il ne se passe de jour où cette secte islamiste ne commette d’attentat.
            Avec l’intervention de la France au Mali par l’opération « serval », l’Afrique a pendant un moment a pensé être débarrassée de la menace terroriste mais il lui a fallu très vite déchanter. D’abord au Mali-même, des attentats kamikazes ont recommencé ; ensuite, Le Niger voisin est touché et on apprend que le Tchad est lui aussi menacé et que des attentats sont en préparation. Ces deux pays furent parmi les premiers à intervenir au Mali aux côtés de la France pour lutter contre les terroristes. Une terreur sans visage se répand lentement mais sûrement dans la sous-région. Le mal semble être tapi partout, prêt à frapper. Est-ce la victoire du terrorisme.
            Petit à petit, les regards se tournent vers le sud de la Lybie. Il semble qu’une vaste partie de ce pays échappe aux autorités de ce pays malgré leurs démentis répétés. On assiste à la naissance d’un « paradis terroriste » sans savoir comment y remédier. C’est le sanctuaire de tous les islamistes qui profitent du manque d’autorité de l’Etat dans la région et de la prolifération des armes.
            La crainte qui s’empare des Etats de la sous-région risque d’amener les régimes à se durcir dans une sorte de principe de précaution ; cela se fera au détriment de la démocratisation. Nous en voyons déjà les prémisses… Si les Etats se ferment et se durcissent, le terrorisme aura commencé à atteindre ses objectifs. Le terrorisme ne sera vaincu que si l’Afrique parle et agit d’une seule voix. Il faudra arriver à se débarrasser de tous les repaires des terroristes sans sombrer dans une sorte de terrorisme d’Etat.
            Il n’est pas encore trop tard pour se débarrasser du terrorisme islamiste en Afrique mais il faudra faire les choses sérieusement. Que cela devienne le problème de tous et que les armées africaines deviennent vraiment des armées républicaines au service de la démocratie et qu’on ne pense pas qu’elles ne sont au service que des chefs d’Etat. La cause est trop noble pour être entachée de considérations politiciennes. Que tous les Etats se mobilisent pour restaurer la sécurité au Mali. L’Afrique peut encore être sauver mais il faut faire vite.

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