Au niveau des grands dieux, tous connaissent un esprit
bienfaisant, créateur des hommes, parfois dieu de l’orage et de la pluie ;
toutefois, chez les Ngambaye, ce dieu pourtant connu, s’efface devant Sou, le
héros civilisateur. Il est nommé Lúɓā
ou Lóā chez les Mbay ; Núɓā chez les Madjingay et les
Ngama Núɓa kindā chez les
Kaba de Kyabé, qui soulignent ainsi son rôle créateur : núɓā kindā, « il façonne et il pose ».
Partout, c’est un seul et même dieu, très vite assimilé à Allah, le dieu des
musulmans, ou à celui des chrétiens.
A Lóā-Núɓā,
dans tout le Moyen-Chari, est associé Kadə,
dont le nom signifie « soleil » et qui donne la fertilité aux champs
mais surtout la fécondité aux femmes. Les Madjingay disent Mbang pour désigner dans la vie quotidienne le soleil visible
(Mbańg, avec ton haut, désigne le chef de Bédaya) et réservent le mot Kadə pour l’us age cultuel ; les Kaba disent Kaji. On ne rend pas de culte à Lóā, car il est toujours
bienfaisant, mais on rend un culte à Kadə,
car il intervient dans l’activité des hommes et peut leur nuire, si on ne
l’honore pas.
A un niveau inférieur, Sou est le premier ancêtre, le
héros civilisateur, qui a apporté aux Sara les semences, les outils, les armes,
le feu et le secret de l’initiation. C’est un personnage ambigu : souvent,
il a gâté ou détruit l’œuvre de Lóā-Núɓā.
En dehors du Mythe, dans les contes, il apparaît comme un farceur, un
« trickster ».
Nous ne parlerons pas ici des génies à forme animale, ou
logeant dans les arbres ; partculièrement nombreux chez les Ngambaye, leur
importance et leur rôle varient d’une tribu à l’autre.
Au niveau du culte familial, on trouve partout :
a. Le ; culte des mânes :
úmā chez les ngambaye, má chez les Mbay, ɓádə̄ chez les Madjingay et les Ngama. Après
le grand sacrifice de levée du deuil, chez les Mbay, on dresse, en dehors du
village, une hutte en branchages pour les morts, káji má de gə̄. Chaque année, dans l’enclos familial, au mois de
janvier, on fait une offrande de boule de mil et de poisson, accompagnée d’une
prière pour les morts ; mais on n’élève pas d’autel permanent, à la
différence des Madjingaye.
b. Le culte des jumeaux :
ndinga jē (Ngambaye) ; ndinga
gə̄ (Mbay, Madjingay et Ngama) ;
njunga (Kaba de Kyabé). Seuls, les
Mbay de Moissala pratiquent ce culte indifféremment à la naissance de tous
leurs enfants, jumeaux ou non.
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