Du Mali à la Centrafrique, le Tchad n’est connu que pour
ses prouesses militaires. Faits d’armes ou brutalité, c’est le Tchad
semble-t-il. Ce pays ne serait-il habité que par une horde de barbares dont la
kalachnikov ferait partie des membres ? Le tchadien serait un être humain
reconnaissable à son treillis, son chèche et son fusil ?
Il faut peut-être commencer par tordre le cou à une idée
bien répandue dans le monde entier. Non, tous les tchadiens ne sont pas des
militaires ; il ne s’agit point d’une lapalissade. Il est nécessaire de le
répéter sur tous les tons afin que le monde s’en rende compte. S’il est vrai
que le Tchad a eu une histoire postcoloniale tumultueuse avec des rebellions, s’il
a vécu sous la coupe des tendances politico-militaires (il a connu à un moment
de son histoire jusqu’à 11 tendances politico-militaires qui se disputaient le
pouvoir), s’il a connu des dictatures (dont certaines ont pu laisser après une
dizaine d’années plus de 40.000 morts), le Tchad est un Etat comme les autres
Etats africains, à la recherche de stabilité politique et de croissance
économique.
Il est vrai que le Tchad a été présent dans la lutte
contre les islamistes au Mali. Ses soldats y ont payé un lourd tribut. Il est
aussi frais que des soldats tchadiens ont été omniprésents dans le conflit
centrafricain. Mais cela ne réduit pas toute l’histoire du Tchad à une histoire
militaire.
Les faits ne semblent plutôt être en faveur de l’apologie du militarisme
tchadien. En effet, on ne voit guère le Tchad briller par son football sur la
scène africaine. Même sur le plan sous régional, les Saos (les équipes nationales
de surtout dont la plus connue est celle du football) ne dépassent jamais les
étapes préliminaires. Ce qui fait mal au cœur, c’est que tout le monde trouve
cela normal. Mais cela ne signifie pas que sur le plan intérieur le sport n’existe
pas. Il suffirait peut-être de changer de politique du sport pour que les
choses changent.
Le monde culturel est en ébullition dans le pays même si
on a de la peine à la voir surgir à l’extérieur. Cependant dans ce tableau
sombre, la musique commence à pointer le bout de son nez et commence à être
connue à l’extérieur.
Il est temps que le Tchad revienne à une politique plus
pacifiste et qu’elle puisse encourager, développer les autres aspects de la
vie. Il faut que le Tchad cesse de n’être connu à l’extérieur que par ses hauts
faits militaires. Il doit être connu aussi bien sur le plan intellectuel,
culturel que sportif. Il doit s’engager résolument dans la création. Voilà le
défi que le Tchad doit relever !
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