mercredi 15 janvier 2014

Tchad : impossible reconversion ? (par Pascal Djimoguinan)


            Du Mali à la Centrafrique, le Tchad n’est connu que pour ses prouesses militaires. Faits d’armes ou brutalité, c’est le Tchad semble-t-il. Ce pays ne serait-il habité que par une horde de barbares dont la kalachnikov ferait partie des membres ? Le tchadien serait un être humain reconnaissable à son treillis, son chèche et son fusil ?

            Il faut peut-être commencer par tordre le cou à une idée bien répandue dans le monde entier. Non, tous les tchadiens ne sont pas des militaires ; il ne s’agit point d’une lapalissade. Il est nécessaire de le répéter sur tous les tons afin que le monde s’en rende compte. S’il est vrai que le Tchad a eu une histoire postcoloniale tumultueuse avec des rebellions, s’il a vécu sous la coupe des tendances politico-militaires (il a connu à un moment de son histoire jusqu’à 11 tendances politico-militaires qui se disputaient le pouvoir), s’il a connu des dictatures (dont certaines ont pu laisser après une dizaine d’années plus de 40.000 morts), le Tchad est un Etat comme les autres Etats africains, à la recherche de stabilité politique et de croissance économique.

            Il est vrai que le Tchad a été présent dans la lutte contre les islamistes au Mali. Ses soldats y ont payé un lourd tribut. Il est aussi frais que des soldats tchadiens ont été omniprésents dans le conflit centrafricain. Mais cela ne réduit pas toute l’histoire du Tchad à une histoire militaire.

            Les faits ne semblent plutôt  être en faveur de l’apologie du militarisme tchadien. En effet, on ne voit guère le Tchad briller par son football sur la scène africaine. Même sur le plan sous régional, les Saos (les équipes nationales de surtout dont la plus connue est celle du football) ne dépassent jamais les étapes préliminaires. Ce qui fait mal au cœur, c’est que tout le monde trouve cela normal. Mais cela ne signifie pas que sur le plan intérieur le sport n’existe pas. Il suffirait peut-être de changer de politique du sport pour que les choses changent.

            Le monde culturel est en ébullition dans le pays même si on a de la peine à la voir surgir à l’extérieur. Cependant dans ce tableau sombre, la musique commence à pointer le bout de son nez et commence à être connue à l’extérieur.

            Il est temps que le Tchad revienne à une politique plus pacifiste et qu’elle puisse encourager, développer les autres aspects de la vie. Il faut que le Tchad cesse de n’être connu à l’extérieur que par ses hauts faits militaires. Il doit être connu aussi bien sur le plan intellectuel, culturel que sportif. Il doit s’engager résolument dans la création. Voilà le défi que le Tchad doit relever !

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