lundi 13 janvier 2014

Komna de Khémata : un mythe Demé (sara kaba) (par Delphine Derry Samagné)


            (Khémata est un village sara kaba du groupe demé, à 7 km de Sarh, sur la route de Kyabé, du canton Banda.)

            Il y avait autrefois, au village de Khémata, un couple qui donna naissance à un enfant de sexe masculin. Le nom de l’enfant est Komna ; il était fils unique. En grandissant, l’enfant montra qu’il avait des pouvoirs extraordinaires. Il se promenait toujours avec sa canne en main et il ne s’en séparait jamais.

            Un jour, Komna alla à la chasse et ne rentra pas. Après avoir effectué des recherches, tout le village fut convaincu qu’il avait était dévoré par une bête sauvage. Quelle ne fut pas la surprise du village quand on vit revenir Komna sept ans après sa disparition. A la question de savoir où il était passé, il répondu qu’il avait toujours été présent dans le village, qu’il n’était allé nulle part ailleurs.

            Il arriva un jour que deux villages voisins entrèrent en conflit. Comme les combats se rapprochaient de Khémata, les hommes du village voulurent prendre des armes mais Komna le leur interdit. Il se contenta d’attendre à l’entrée du village. Lorsque les guerriers allèrent entrer au village, Komna poussa un grand cri. Les guerriers devinrent immobiles et chose curieuse, leurs armes avaient disparu. Tout penauds, ils regagnèrent chacun son village.

            Quand il arriva à l’âge du mariage, Komna partit avec quelques compagnons dans un village lointain pour demander la main d’une fille. Ils marchèrent longtemps ; les provisions d’arachide qu’ils avaient prises s’épuisèrent. Ils commencèrent à avoir faim et il n’y avait nul endroit où ils pourraient trouver de la nourriture. Komna fit asseoir tout le monde dans un endroit où il y avait des herbes. Il arracha les herbes et les donna à ses compagnons ; ceux-ci eurent la surprise de constater que les herbes se transformaient en arachides fraiches.

            Le groupe put continuer son chemin et tomba bientôt sur des éleveurs fortement armés et à cheval. Comme Les éleveurs devinrent agressifs, Komna ordonna à ses compagnons de se jeter dans la mare qui se trouvait dans les parages. Resté seul, Komna fit apparaître des cavaliers armés qui affrontèrent victorieusement les éleveurs.

            Les amis purent alors continuer la route jusqu’à leur destination. Mais encore là, une mauvaise surprise les attendait. La fille convoitée n’était plus là. Komna entra dans une grande colère. Il fit surgir des cavaliers qui perturbèrent le village pendant un temps avant de disparaître. On lui donna une autre fille qu’il épousa à son retour à Khémata.

            De l’union de Komna avec sa femme naquit Dario qui sera lui également fils unique. Dario grandit comme tous les enfants du village. Alors que son père était en voyage, il alla à la pêche. Il fut avalé par un crocodile. Lorsque Komna rentra sept jours plus tard et qu’on lui raconta ce qui était arrivé à son fils, il se rendit au fleuve, captura le crocodile et le força à lui rendre son fils.

            Un matin, le village constata que Komna était mort. On organisa les funérailles et on l’enterra. Lorsque les gens commencèrent à quitter le cimetière, il y eut un tremblement de terre. On vit alors Komna sortir de sa tombe, sa canne en main, prendre la direction du levant, sans se retourner pour regarder l’assistance.

            Quelques années après, il advint que Dario se suicida. Pendant qu’on préparait son enterrement, on vit apparaître Komna qui s’approcha du corps de son fils. Après avoir admonesté son fils, il le somma de revenir à la vie car il n’avait pas d’argent pour lui payer la route de l’au-delà. Dario se releva et pendant qu’on enlevait le linceul qui avait servi à le couvrir, Komna, sans se retourner, sa canne en main, reprit la route du levant.

            Daria vécu encore plusieurs année après ces événements. Il put entreprendre beaucoup d’activités. Il était surtout connu comme un chef d’initiation dans les villages sara kaba.



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