samedi 4 janvier 2014

Où en est le panafricanisme aujourd'hui ? (par Pascal Djimoguinan)


            Aujourd’hui, quand on veut faire l’état des lieux de l’unité africaine, on est confronté à un fait massif. Il y a une fort développement du communautarisme et d’un développement de « l’ethnicisme ».  Il semble que l’instabilité tant au plan politique que socio-économique amène les populations à un repli dans des sortes de ghettos identitaires étriqués. Pourtant, les pères de l’indépendance qui avaient créé l’OUA (l’ancêtre de l’actuelle UA) étaient beaucoup plus ambitieux. Ils rêvaient de l’unité de toute l’Afrique et de sa diaspora. Ils parlaient de panafricanisme. Face à cette régression tant au niveau de la pensée qu’au niveau du comportement, peut-on dire qu’il y a de l’espoir ?

            Il faut d’abord retenu que si le panafricanisme est d’abord une idée politique en Afrique, il est aussi un mouvement. Il consiste en la promotion de la solidarité entre les africains aussi bien sur le continent que ceux de la diaspora. Il recherche l’émancipation et à l’unification des africains.

            Si le mot est apparu au XIXème siècle, lors de la préparation de la conférence panafricaine de 1900, elle a eu comme pionniers d’illustres humanistes comme Edward Wilmot Blyden, Anténor Firmin, Benito Sylvain Williams Du Bois. Avec la décolonisation et la lutte pour l’indépendance, d’autres personnes prendront la relève. Si le plus connu est sans conteste Kwame Nkrumah, il faut lui adjoindre des noms comme Julius Nyerere, Hailé Sélassié, Patrice Lumumba, Sékou Touré et beaucoup d’autres pères des indépendances.

            Aujourd’hui cette idée du panafricanisme n’est pas complètement morte. Bien que chancelante, elle est présente aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique.

            Sur le plan politique, il y a l’Union Africaine, inspirée par les pères fondateurs de l’OUA et qui a pour objectifs l’unité et la solidarité des Etats africains, la défense de l’intégrité et de la souveraineté de ces Etats, l’accélération de l’intégration politique et socio-économique du continent et de la recherche scientifique et technologique, la promotion internationale des « positions africaines communes » et l’harmonisation et la coordination des politiques économiques régionales. L’acte constitutif de l’Union africaine a été créée à Durban en 2002 et a été signée par tous les chefs d’Etat des pays membres de l’OUA.

            Sur le plan économique, il y a le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). S’il a vu le jour en 2001 de la fusion de deux plans (Omega et Map), il a fallu attendre 2007 pour qu’il passe sous la tutelle de l’UA. Il a comme programme d’éradiquer la pauvreté et de placer les pays africains sur la voie d’une croissance et d’un développement durables. Le NEPAD cherche donc à être l’instance qui pourra défendre les intérêts  de l’Afrique et de mettre en place une nouvelle relation de parténariat entre l’Afrique et la communauté internationale. Si son texte fondateur énumère les différentes sources de richesse du continent africain, il considère ce qui est à la base de l’appauvrissement du continent africain : l’héritage du colonialisme, de la guerre froide, et des rouages du système économique international. Tout n’est pas négatif en Afrique ; on peut prendre en compte, entre autre, des progrès dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.

            C’est bien que sur le plan structurel, l’Afrique maintienne vivante l’idée du panafricanisme mais il faut se demander ce qui se passe au niveau de la masse et plus particulièrement au niveau de la jeunesse. Il faut reconnaître qu’à ce niveau il y a un déficit et cela est à plaindre. Il faudrait encourager des initiatives qui viennent des populations et surtout intéresser les jeunes à développer un esprit qui puisse s’élever au niveau du continent entier. Il y a donc toute une éducation à donner pour avoir une jeunesse conscientisée.

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