jeudi 2 janvier 2014

RCA : une difficile normalisation de la situation (par Pascal Djimoguinan)


            Alors que la situation sécuritaire à Bangui n’a cessé ces derniers jours à se détériorer, on se demande comment tout pourrait revenir à la normale. Il y a pourtant les forces de maintien de la paix, tant françaises qu’africaines qui sont présentes mais cela n’empêche pas des échanges de tirs. Avec cela, la confiance ne revient pas au sein de la population dont la grande partie préfère se réfugier dans les différents sites plus ou moins sécurisés. Peut-on cependant espérer dans les jours à venir une « normalisation » de la situation et une reprise des activités ?

            A Bangui, il ne se passe pas de jours où on ne parle pas d’accrochage entre les ex Séléka et anti-balaka. Sans doute, avec ces derniers, il y a quelques éléments des anciens facas et de l’ancienne garde présidentielle.

            Lorsqu’on se promène dans la ville de Bangui, on se rend compte que la ville temps de plus en plus à se ghettoïser, voir à se diviser en deux camps avec un danger de communautarisme. Ainsi, dans certains quartiers, on rencontre de jeunes gens armés de machettes et de couteaux (des anti-balaka) qui érigent des barrages et assurent la sécurité. Dans d’autres par contre, ce sont des musulmans qui érigent des barrages et interdisent à toute personne étrangère d’entrer.

            Tout le dispositif est en place pour une éventuelle explosion. Dans les deux camps, on trouve des revanchards prêts à en découdre. Chaque camp est convaincu que l’autre lui en veut à mort et qu’à aucun moment, il ne lui faut baisser la garde. C’est la méfiance totale.

Le problème pour le moment est que personne ne semble savoir comment promouvoir le dialogue entre les deux camps. Sont-ils prêts à entendre ce discours ? Qui peut avoir assez d’autorité morale pour le susciter ?

Il faut dans un premier temps lever toute équivoque. Pour le moment, dans le camp des musulmans, la conviction est que la force française cherche à les désarmer pour les jeter à la vindicte populaire. Les anti-balaka quant à eux, pensent que si les musulmans sont en train de fuir la ville de Bangui, c’est pour laisser libre-cours aux ex Séléka de décimer la population civile.

Il faudrait alors, dans un premier temps, que les forces de maintien de paix arrive à une chose bien précise : éviter les accrochages entre les ex Séléka et les anti-balaka. Si le désarmement est plus compliqué pour le moment, on se demande comment est-ce que les deux camps, alors qu’il y a un couvre-feu qui va de 18h à 6h du matin, arrivent à se déplacer en armes pour s’affronter, toujours entre 2h du matin et 6h. La force de maintien de paix a reçu des Nations-Unis le pouvoir d’utiliser la force. Ainsi, elle peut faire savoir aux deux forces que tout groupe armé qui ne respecte pas le couvre-feu sera détruit. Il faut que tout le monde le sache. Ce n’est pas aux ex Séléka ou aux anti-balaka de dicter leur volonté aux forces de maintien de la paix. C’est malheureusement ce qui est en train de se passer en ce moment à Bangui. Or on sait qu’aucun progrès ne peut se faire dans ces conditions.

Pour que la situation se normalise, il faudrait que les forces de l’opérations Sangaris et celles de la Misca se mettent ensemble pour prendre des décisions contraignantes pour les deux forces belligérantes en présence, de le faire savoir et de l’imposer. Peut-être que la paix sera à ce prix !

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