Alors que la situation sécuritaire à Bangui n’a cessé ces
derniers jours à se détériorer, on se demande comment tout pourrait revenir à
la normale. Il y a pourtant les forces de maintien de la paix, tant françaises
qu’africaines qui sont présentes mais cela n’empêche pas des échanges de tirs.
Avec cela, la confiance ne revient pas au sein de la population dont la grande
partie préfère se réfugier dans les différents sites plus ou moins sécurisés.
Peut-on cependant espérer dans les jours à venir une « normalisation »
de la situation et une reprise des activités ?
A Bangui, il ne se passe pas de jours où on ne parle pas
d’accrochage entre les ex Séléka et anti-balaka. Sans doute, avec ces derniers,
il y a quelques éléments des anciens facas et de l’ancienne garde
présidentielle.
Lorsqu’on se promène dans la ville de Bangui, on se rend
compte que la ville temps de plus en plus à se ghettoïser, voir à se diviser en
deux camps avec un danger de communautarisme. Ainsi, dans certains quartiers,
on rencontre de jeunes gens armés de machettes et de couteaux (des anti-balaka)
qui érigent des barrages et assurent la sécurité. Dans d’autres par contre, ce
sont des musulmans qui érigent des barrages et interdisent à toute personne
étrangère d’entrer.
Tout le dispositif est en place pour une éventuelle
explosion. Dans les deux camps, on trouve des revanchards prêts à en découdre.
Chaque camp est convaincu que l’autre lui en veut à mort et qu’à aucun moment,
il ne lui faut baisser la garde. C’est la méfiance totale.
Le
problème pour le moment est que personne ne semble savoir comment promouvoir le
dialogue entre les deux camps. Sont-ils prêts à entendre ce discours ? Qui
peut avoir assez d’autorité morale pour le susciter ?
Il
faut dans un premier temps lever toute équivoque. Pour le moment, dans le camp
des musulmans, la conviction est que la force française cherche à les désarmer
pour les jeter à la vindicte populaire. Les anti-balaka quant à eux, pensent
que si les musulmans sont en train de fuir la ville de Bangui, c’est pour
laisser libre-cours aux ex Séléka de décimer la population civile.
Il
faudrait alors, dans un premier temps, que les forces de maintien de paix
arrive à une chose bien précise : éviter les accrochages entre les ex
Séléka et les anti-balaka. Si le désarmement est plus compliqué pour le moment,
on se demande comment est-ce que les deux camps, alors qu’il y a un couvre-feu
qui va de 18h à 6h du matin, arrivent à se déplacer en armes pour s’affronter,
toujours entre 2h du matin et 6h. La force de maintien de paix a reçu des
Nations-Unis le pouvoir d’utiliser la force. Ainsi, elle peut faire savoir aux
deux forces que tout groupe armé qui ne respecte pas le couvre-feu sera
détruit. Il faut que tout le monde le sache. Ce n’est pas aux ex Séléka ou aux
anti-balaka de dicter leur volonté aux forces de maintien de la paix. C’est
malheureusement ce qui est en train de se passer en ce moment à Bangui. Or on
sait qu’aucun progrès ne peut se faire dans ces conditions.
Pour
que la situation se normalise, il faudrait que les forces de l’opérations
Sangaris et celles de la Misca se mettent ensemble pour prendre des décisions
contraignantes pour les deux forces belligérantes en présence, de le faire
savoir et de l’imposer. Peut-être que la paix sera à ce prix !
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