lundi 13 janvier 2014

Centrafrique : le désarmement en quelques mots (par Pascal Djimoguinan)


            En Centrafrique, tout le monde est d’accord pour que la situation redevienne normale. Pour cela, il faut que la sécurité revienne afin que tout le monde puisse vaquer à ses occupations. Le premier pas passe nécessairement par le désarmement. C’est ici que se trouve la pomme de discorde. Qui doit être désarmé et comment cela doit-il se passer ? Il faudrait faire l’état des lieux pour avoir une idée de ce qui pourrait se faire.

            - Il y a d’abord les ex séléka cantonnés dans différents centres de regroupement, notamment les camps militaires. Le problème véritable se posera quand il faudra les désarmer. Faudra-t-il que cela se passe en ville ou faudra-il les convoyer dans d’autres lieux de regroupement, en dehors des grandes villes avant de procéder au désarmement ? Comment faire pour assurer leur sécurité une fois qu’ils seront sans armes ? Comment démobiliser les mercenaires étrangers ?

            - Les anti-balakas, ces milices d’autodéfense nées à la suite des exactions faites par les ex séléka, accepteront-elles de regagner leurs villages et de reprendre la vie habituelle ? Vont-ils demeurer un groupe de pression dans le processus politique qui va suivre ? Le désarmement de ce groupe posera un problème car il pourra facilement se procurer des machettes, des flêches et les couteaux chaque fois qu’il aura le désir d’élever la voix.

            - Les Faca, les forces armées de la Centrafrique qui ont été défaites par l’ex séléka peuvent reprendre du service. Le problème qui va se poser sera de voir comment reconstituer la nouvelle armée en réussissant le brassage entre les divers groupes

            - Les éléments incontrôlés : Tout le monde sait qu’il y a beaucoup d’armes en ville. Comment réussir le désarmement ? Pour les moments, les forces de maintien de la paix font des fouilles sur les voies publiques. Le problème est que cela se passe alors qu’il y a des badauds qui sont attroupés non loin et qui sont prêts à lyncher certains groupes. Il faudrait que les fouilles soient considérées comme des opérations militaires et qu’il soit interdit aux civils de se rassembler non loin des militaires qui fouillent. C’est d’ailleurs très dangereux parce qu’on ne sait jamais comment peut tourner une opération de désarmement. Les forces de maintien de paix ne sont pas assez fermes et cela pose quelquefois des problèmes à leur efficacité.

            Il faudra passer du désarmement sur la voie publique au désarmement dans les maisons. Il faut en finir une fois pour toutes avec les armes avant de donner la chance à la paix. C’est seulement à ce prix que la vie normale pourra reprendre. Pour le moment, les gens continuent d’avoir peur.

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