En Centrafrique, tout le monde est d’accord pour que la
situation redevienne normale. Pour cela, il faut que la sécurité revienne afin
que tout le monde puisse vaquer à ses occupations. Le premier pas passe
nécessairement par le désarmement. C’est ici que se trouve la pomme de
discorde. Qui doit être désarmé et comment cela doit-il se passer ? Il
faudrait faire l’état des lieux pour avoir une idée de ce qui pourrait se
faire.
- Il y a d’abord les ex séléka cantonnés dans différents
centres de regroupement, notamment les camps militaires. Le problème véritable
se posera quand il faudra les désarmer. Faudra-t-il que cela se passe en ville
ou faudra-il les convoyer dans d’autres lieux de regroupement, en dehors des
grandes villes avant de procéder au désarmement ? Comment faire pour
assurer leur sécurité une fois qu’ils seront sans armes ? Comment
démobiliser les mercenaires étrangers ?
- Les anti-balakas, ces milices d’autodéfense nées à la
suite des exactions faites par les ex séléka, accepteront-elles de regagner
leurs villages et de reprendre la vie habituelle ? Vont-ils demeurer un
groupe de pression dans le processus politique qui va suivre ? Le
désarmement de ce groupe posera un problème car il pourra facilement se
procurer des machettes, des flêches et les couteaux chaque fois qu’il aura le
désir d’élever la voix.
- Les Faca, les forces armées de la Centrafrique qui ont
été défaites par l’ex séléka peuvent reprendre du service. Le problème qui
va se poser sera de voir comment reconstituer la nouvelle armée en réussissant
le brassage entre les divers groupes
- Les éléments incontrôlés : Tout le monde sait qu’il
y a beaucoup d’armes en ville. Comment réussir le désarmement ? Pour les
moments, les forces de maintien de la paix font des fouilles sur les voies
publiques. Le problème est que cela se passe alors qu’il y a des badauds qui
sont attroupés non loin et qui sont prêts à lyncher certains groupes. Il
faudrait que les fouilles soient considérées comme des opérations militaires et
qu’il soit interdit aux civils de se rassembler non loin des militaires qui
fouillent. C’est d’ailleurs très dangereux parce qu’on ne sait jamais comment
peut tourner une opération de désarmement. Les forces de maintien de paix ne
sont pas assez fermes et cela pose quelquefois des problèmes à leur efficacité.
Il faudra passer du désarmement sur la voie publique au
désarmement dans les maisons. Il faut en finir une fois pour toutes avec les
armes avant de donner la chance à la paix. C’est seulement à ce prix que la vie
normale pourra reprendre. Pour le moment, les gens continuent d’avoir peur.
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