Lorsque l’on est en train de subir les affres de la
guerre comme c’est le cas en ce moment en Centrafrique, il est difficile d’imaginer
l’avenir. Toute l’énergie est utilisée par l’instinct de survie pour se
maintenir en vie. « Quelle vie !
La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde, » disait le
poète Arthur Rimbaud. Cependant, la guerre n’a pas le dernier mot. Après la
guerre, il faudra vivre. Mais les choses ne seront pas comme avant ; il
faudra donc réapprendre à vivre. Il faut s’y préparer pour que le choc ne soit
pas trop fort.
La période de fortes tensions que nous vivons maintenant
a fortement mis en épreuve la confiance qui existait entre les musulmans et les
non-musulmans. Des hommes politiques ont certainement manipulé la population. L’autre
est apparu comme quelqu’un à abattre et non comme celui avec qui il faut
collaborer. Il faudra du temps avant que les choses ne s’arrangent.
Il y a eu des milliers d’expatriés qui faisaient partie
du tissu social ordinaire de la Centrafrique qui ont dû regagner leurs
différents pays. Plusieurs parmi eux ne reviendront plus jamais. Ceux qui ont
envie de revenir attendront que la situation redevienne normale avant de le
faire. Or, comment cette situation peut-elle redevenir rapidement normale ? Ces
expatriés faisaient partie du circuit socio-économique de la Centrafrique. La plupart
d’entre eux sont des opérateurs économiques. Leur départ va créer un vide
difficile à remplir. Il faudra du temps pour les remplacer.
Les enfants qui ont vécu un grand traumatisme
psychologique, personne ne les prend en compte. Malheureusement, très souvent
en Afrique, on sous-estime l’effet de ce choc. Les effets ne se manifestent que
longtemps après. Même si on voulait prendre ces enfants en charge, cela est une
charge presque impossible à remplir, vue le nombre dérisoire de psychologues en
Afrique.
La crise Centrafricaine a des effets hors du pays. Tous
ces milliers de personnes qui ont vécu de longue années dans la pays et qui se
retrouvent du jour au lendemain dans « leurs pays », parviendront-ils
à s’intégrer ? Trouveront-ils sur place des structures qui les aideront à
s’installer ?
Souvent l’après-guerre est plus difficile à vivre que le temps du conflit. Il faut commencer à préparer les gens pour ces lendemains qui ne seront certainement pas radieux. Il faut espérer que ce temps de transition sera de courte durée et que la vraie vie reprendra très vite son cours. Il faut surtout avoir une conscience historique. La tentation sera de vouloir revenir à la situation d’avant la guerre. L’histoire n’est pas un éternel retour. Il faut construire le pays sans nostalgie mais orienté vers l’avenir en donnant le meilleur de soi.
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