mardi 14 janvier 2014

Afrique : terre de contradiction ? (par Pascal Djimoguinan)


            C’est une figure libre ! Cependant, je ne sais quel ton adopter. Dois-je m’étonner, m’indigner ? Est-ce le temps d’un coup de gueule ? Je ne sais quelle attitude adopter. Mais comment se taire lorsque l’on voit toute la jeunesse africaine sacrifiée ? Comment assister à l’holocauste de toute une génération sans rien faire ? Puis-je dire que l’avenir de la jeunesse africaine se trouve à Lampedusa, dans les mers ?

            Il est étonnant de voir que l’Afrique a toujours été présentée comme une terre d’hospitalité. Hospitalité pour qui ? Ne dites pas cela aux jeunes qui malgré eux, pensent désormais leur avenir au loin, sur d’autres continents, mythique Eldorado ! Afrique, qu’as-tu fais à tes jeunes ? Qu’as-tu fais de tes jeunes ? Pourquoi n’y a-t-il plus place pour elle dans tes projets ? Afrique, as-tu encore des projets où vis-tu dans ton passé, incapable de produire l’avenir ?

            Je suis surpris de constater que partout, on parle de la reprise économique pour l’Afrique. Mais alors pourquoi les jeunes ne profitent pas des retombées de cette reprise ? Faut-il ouvrir les yeux ?

            - L’emploi : je vois que le nombre des jeunes sans emploi ne fait qu’augmenter. Partout en Afrique, je vois des jeunes tenter de vivre grâce à l’informel (cabine téléphonique, vendeurs à la sauvette, laveurs de voitures…) mais toute les politiques sont faites pour les décourager. Ils doivent jouer à cache-cache avec la police.

            - L’éducation : Tout Etat qui prépare l’avenir donne la priorité à l’éducation ; or je constate que partout, l’éducation est le parent pauvre des politiques. On se méfie des universités qui sont considérées comme des terreaux de la contestation. On se méfie de la pensée. Les universités sont transformées en lieux de délivrance de parchemins plutôt que des lieux de la pensée. Dans la plupart des pays d’Afrique, on ne sait pas en quelle année académique l’on est. Quelquefois, plusieurs années académiques se chevauchent dans une même université. Si on traite l’université de cette façon, je n’ose même pas aborder le cas de l’enseignement secondaire et primaire. Alors que partout, on pense à la réforme de l’éducation, en Afrique, on essaie de voir comment réduire les dépenses pour l’éducation. Enfin, la formation technique n’a pas sa place en Afrique. Quand l’Afrique se réveillera-t-elle ?

            - La politique : En Afrique, c’est la galerie des vieillards ! Ce sont toujours les mêmes qui se suivent et se succèdent. On n’a besoin de la jeunesse que pour applaudir, acclamer, et au besoin, se faire tuer pour que quelques dinosaures puissent garder leur place. Il faut peut-être secouer le mammouth ici. Il faut que l’alternance en politique crée un appel d’air qui amènera du sang neuf dans l’arène politique. Il faut que la jeunesse africaine puisse enfin chanter « Nous sommes la sève nouvelle dans un monde qui renaît. »

            L’Afrique doit se réveiller. La jeunesse est prêt pour le changement de paradigme alors que les politiciens sont encore dans leur torpeur. Une question pour un champion : le président de Etats-Unis Obama, de combien de chefs d’Etat africains pourrait-il être le fils ?

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