En Centrafrique, au lendemain de l’élection de la nouvelle
présidente de la transition, le constat est amer. Tout reste à faire dans un
pays où tout est au bord du chaos. Après la précipitation pour être candidat,
maintenant il faut travailler mais par où commencer ?
La situation sécuritaire dans le pays est très
compliquée. Il est difficile pour les forces de maintien de la paix aussi bien
française qu’africaine de savoir sur qui s’appuyer pour remettre de l’ordre. Au
début, on pensait qu’il suffisait tout simplement de cantonner les éléments de
l’ex séléka. La réalité est autre. L’expérience fait voir que chaque fois que
les forces sangaris et Misca arrivent quelque part et qu’elles cantonnent les
séléka, les anti-balaka sortent et s’estiment en droit de s’établir à la place
des premiers et d’y imposer leur propre ordre. La résolution du problème
anti-balaka devient de plus en plus une urgence. Il ne faut plus attendre qu’il
atteigne un niveau où on ne pourra plus agir sans trop de dégâts.
La nouvelle présidente de la transition hérite d’un pays dont
l’économie est exsangue. Son premier acte de souveraineté sera paradoxalement
de tendre la main pour quémander. Les fonctionnaires n’ont pas touché leurs
salaires depuis cinq mois. Comment exiger que des gens qui sortiront des camps
de déplacés puissent reprendre le travail sans argent pour manger, s’habiller,
se soigner ?
Il faudra pour la présidente être un bon funambule.
Comment parler de la souveraineté d’un pays dont la sécurité est assurée par des
forces étrangères dont le nombre ne cesse d’augmenter ? Il lui faudra
jouer entre les exigences des centrafricains qui ne lui pardonneront jamais si elle
venait à être faible d'un côté et les exigences de
la communauté internationale qui ne lui permettra pas de s’engager dans des
aventures incertaines.
Enfin, la transition a pour rôle de préparer les
élections à venir. Or lorsqu’on voit comment près de 6.000 soldats ont de la
peine à sécuriser la ville de Bangui, on se demande comment cela pourra se
faire sur 622 984 km² afin que des élections devraient avoir lieu d’ici décembre 2014. Tout le
monde sait que la Misca finira pas devenir une force des Nations-Unies mais les
échéances pourront-elles être respectées ?
Le temps de la
transition sera un temps d’incertitude. Il faudra s’y préparer pour ne pas être
surpris. Peut-être que la présidente de transition pourra user de son charisme de femme pour changer cette société centrafricaine en mutation. Née à N'Djamena, de père camerounais et de mère centrafricaine, elle fait partie de l'avenir de la sous-région. Par sa personne, elle annonce sans doute ce que sera l'Afrique centrale de demain!
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