dimanche 13 octobre 2013

Fabius à Bangui, éviter les erreurs du conquérant (par Pascal Djimoguinan)


            Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius est en visite ce dimanche 13 octobre à Bangui. Cette visite, la première d’un haut responsable européen en Centrafrique depuis la prise de pouvoir par Michel Djotodia, a lieu quelques jours après l’adoption par le Conseil de sécurité d’une résolution renforçant la présence de l’ONU sur place et prévoyant le déploiement d’une opération de maintien de paix. Il faut dire que beaucoup d’espoir repose sur cette visite mais en même temps, il faut éviter de commettre des erreurs qui viendraient entacher tout le bénéfice qu’on pourrait en tirer.

            La France part sur un passif pour beaucoup de centrafricains. Beaucoup pensent que la France, avec ses soldats sur place, était capable d’éviter l’entrée de sélékas dans Bangui ; cela aurait largement changé la situation actuelle. Maintenant, si la France essaie de colmater les choses, elle doit le faire avec doigté.

            Le plus grand secours serait que l’ONU envoie des troupes pour le maintien de la paix car le pays est exsangue. Les forces françaises sur place pourraient servir de fer de lance aux soldats de l’ONU.

            Cette visite de Fabius doit se faire de telle façon qu’elle puisse favoriser la paix. Pour cela, Fabius doit éviter des comportements et des discours qui pourraient rappeler une attitude néocolonialisme ou tout simplement la Francafrique.

            Il est dit que Laurent Fabius rencontrera le président de transition Michel Djotodia mais pas en tête à tête ; ce sera une rencontre commune avec les deux autres autorités de transition, le Premier ministre et le président du Conseil national de transition. La raison présentée par la diplomatie française est la suivante : « Il y a des dissensions à la tête du pays. Il est donc préférable de tenir un discours unique aux différents interlocuteurs. »

            Dans notre naïveté, nous voulons tout simplement nous demander comment est-ce que cela pourrait être interprété. Un ministre français qui vient en Afrique et qui réunit ses chefs de cabinet africains ? La réciproque est-elle possible ? Un chef d’Etat africain pourrait-il, en visite en France, refuser de rencontrer le président seul ? Le protocole et la préséance ou tout simplement la diplomatie n’est-elle pas valable quand on est en Afrique ? N’aurait-on pas pu agir autrement ?

            Nous pouvons nous tromper dans nos questions naïves mais peut-être valent-elles la peine d’être posées !


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