Il y a un débat qui ne cesse de nos jours de prendre de
l’ampleur. Il s’agit de celui de l’excision. Malheureusement comme dans tous
les grands débats, se trouvent engagés ici deux groupes qui s’engagent dans un
dialogue de sourds, sans chercher à trouver un terrain d’entente, les adeptes
de la cause et ses opposants. Est-il possible d’aborder le problème de
l’excision sans tomber dans une sorte d’extrémisme qui ne dit pas son nom pour
arriver à une alternative, qui ne jetterait pas dans un même élan, le bébé et
l’eau du bain ?
Les opposants avancent et cela avec raison, les arguments
suivants : l’excision est une mutilation génitale, elle met en danger la
vie (pendant l’opération-même et plus tard au moment des accouchements).
Ceux qui sont pour l’excision avancent que l’amputation de l’organe en question rend à
la personne toute sa féminité, que cela correspond à une tradition qui doit
être maintenue etc.
Nous avons exprès choisi ici de caricaturer les arguments
des deux camps, mais en vue de montrer que, tel que le débat est engagé, il est
impossible d’arriver à une conciliation. Nous n’allons pas non plus entrer dans
l’énumération des différentes sortes d’excisions qui feraient que si on voulait
établir la répartition sur la carte (particulièrement de l’Afrique), on aurait
tout une palette qui irait de la corne de l’Afrique vers l’Afrique de l’Ouest
avec une excroissance vers le Proche-Orient.
Et si l’on essayait d’aborder le problème de l’excision
plutôt sous son aspect de phénomène social, avec toute la fonction d'intégration qu’elle
joue ? Peut-être pourrait-on ainsi arriver à une solution qui
réconcilierait tout le monde.
Prenons l’exemple du groupe Sara du Sud du Tchad. En
parlant d’excision, on croirait à tort qu’elle ne se réduit qu’à l’opération
d’amputation. En réalité, elle comporte plus que cela.
L’excision consiste en toute une initiation qui marque un
rite de passage de l’enfance à l’âge adulte, de l’anonymat culturel au stade de
femme dans la société. C’est la période où les néophytes apprennent leurs
droits et leurs devoirs de femmes dans la société avec un temps de réclusion.
Ce passage est marqué officiellement par les danses dans
des tenues où la coquerie n’est pas laissée à côté du sérieux de l’événement.
La difficulté de ceux qui sont contre l’excision est venue du fait qu’ils n’ont pas
pris en compte cet aspect. Ils ont cherché à supprimer l’excision dans sa
totalité, sans donner la possibilité de marquer le passage par un rite.
Il est possible de supprimer l’excision comme opération
mais en gardant l’aspect de rite de passage. Cela est possible parce qu’un
exemple existe déjà, chez les mouroums qui vivent dans la région de Laï, au Sud
du Tchad.
Les jeunes filles mouroums, sans connaître l’excision
comme telle, ont une période d’initiation traditionnelle qui marque le passage
de l’enfance à l’âge adulte. C’est la période où elles sont initiées à leurs
rôle de futures mères, épouses, de femmes
Il est donc possible de voir comment, partout où
l’excision se pratique dans le Sud du Tchad, on pourrait arriver à ce type
d’excision symbolique dont la richesse pourrait encore être plus grande. On
aurait ainsi la fonction sociale sans avoir à pratiquer l’amputation génitale.
Il faut sortir des sentiers battus et cesser de croire
qu’il suffit de reproduire à l’infini les mêmes gestes pour être fidèle à la
tradition. La tradition aurait intérêt à se développer dans l’inventivité. Cela
éviterait de figer la pensée dans le face à face stérile où se trouvent les
groupes qui refusent tout dialogue.
Malheureusement c'est un gain pain de certaines personnes, les autorités coutumières et politiques. C'est plutôt un réseau maffieux !
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